Education et scolarité

Harcèlement scolaire, des conseils pour les parents

Le harcèlement scolaire détruit bien souvent les jeunes qui en sont victimes. Hélène Romano, docteur en psychopathologie, donne des pistes d’action aux parents et enseignants, dans son livre "Harcèlement en milieu scolaire, victimes, auteurs, que faire ?" Interview à l'occasion de la 1ère journée nationale de lutte contre ce fléau, le 5 novembre 2015. Interview par Amicie Rabourdin

Comment en êtes-vous venue à vous intéresser au harcèlement scolaire ?

Hélène Romano
Hélène Romano

Hélène Romano : Dans mon activité de praticienne, j’ai pris en charge de plus en plus d’enfants, victimes ou auteurs de harcèlements. Par ailleurs, appelée comme experte dans les établissements scolaires, j’ai constaté le manque de repères des enseignants et des parents pour aborder cette question avec les jeunes. Comme dans mes ouvrages précédents, j’ai voulu articuler ma pratique clinique avec l’état des recherches et connaissances, et des pistes concrètes pour les adultes.

Un élève sur dix serait victime de harcèlement scolaire…

Ce chiffre, issu des études d’Éric Debarbieux (délégué ministériel chargé de la prévention des violences en milieu scolaire, jusqu'en septembre 2015, ndlr) réalisées à partir de déclarations des intéressés, est sans doute en-deçà de la réalité car beaucoup d’enfants ne se plaignent pas. Ils ont trop peur des représailles.

Comment aborder la réalité du harcèlement ?

Le harcèlement est une violence intentionnelle et répétée. Une claque due à un moment de colère n’est pas un harcèlement. À la différence du racket, cette violence est aussi gratuite. Parmi les harceleurs, certains profils d’ados ont un vrai plaisir à blesser l’autre, d’autres suivent le groupe, d’autres encore ont été harcelés et sont dans une répétition. Il s’agit d’abord de comprendre ce qui fait qu’un enfant ou un adolescent établit ce mode de relation avec un autre. Puis de reconnaître les signes indiquant qu’un enfant subit un harcèlement.

Quels sont ces signes ?

Les signes matériels - dégradations du cartable, des vêtements, des affaires scolaires… - sont les plus spécifiques alors qu’étonnamment, on en parle moins. La souffrance psychologique est moins probante car elle peut se retrouver dans d’autres cas, deuils, rupture sentimentale… C’est en croisant différents éléments manifestés par l’enfant dans son corps ou par rapport à l’école qu’on peut faire une hypothèse. Par exemple, pour un enfant en échec scolaire, le trajet vers l’école peut être un moment de rigolade, pas pour un enfant harcelé.
La gravité matérielle n’est pas proportionnelle à la souffrance qui y est liée : une tache d’encre peut symboliser une heure d’enfer car elle rappelle à l’enfant tout le contexte de menaces, insultes, humiliations et chantages qu’il a subi. Enfin, ces signes ne laissent pas de traces immédiates. L’enfant harcelé prend sur lui et sur sa peur, jusqu’au moment où il craque.

Que peut faire l’adulte ?

D’abord être disponible à l’enfant, lui dire : « Je te crois », et lui montrer qu’on est capable de comprendre des choses mêmes inaudibles. L’enfant a besoin de voir que ses parents font tout pour le protéger. C’est compliqué d’être parent d’un enfant harcelé car on est dans une situation d’impuissance. L’institution dont on sollicite l’aide, vous renvoie souvent à votre responsabilité. C’est pourquoi les parents ne doivent pas rester seuls mais trouver des relais auprès du médecin, d’un ami, de la famille…

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