Education et scolarité

Arthur, 13 ans, déscolarisé depuis six mois

En 2011, Arthur (1), 13 ans, est accueilli en 5ème dans un collège d’Apprentis d’Auteuil et placé dans la Maison d’enfants sur le même site. Déscolarisé, il ne supporte plus le regard des autres et se montre agressif. Comment l'aider à surmonter ses problèmes et à renouer avec son avenir ?

Lorsqu’Arthur, troisième enfant d’une famille recomposée, arrive au collège et à la Maison d’enfants d’Apprentis d’Auteuil en septembre 2011, il ne va plus à l’école depuis six mois. Il a une très mauvaise image de lui, à cause de son surpoids important et de son allure de fille. Ne supportant plus les moqueries, il peut se montrer agressif. La mission de l’équipe concerne sa scolarisation, son problème de surpoids et sa relation avec sa mère qui attend un quatrième enfant.

Du refus au déclic

Les premières semaines, Arthur veut clairement mettre à mal le placement : il quitte les cours ou ne se rend pas en classe, refuse qu’on l’approche et va jusqu’à injurier les adultes.
La directrice de son collège se souvient : "Il passe même en conseil de discipline, pour des coups à un élève qui s’est moqué de lui… Mais nous sommes convaincus qu’il peut sortir de cet engrenage. Nous lui fixons des objectifs et prenons le temps d’échanger avec lui et en équipe pour trouver comment le faire rebondir." Son emploi du temps est aménagé entre sa classe et la classe de remédiation qui accueille un petit groupe d’élèves, son lieu de vie - quand la pression du groupe est trop forte - et des entretiens réguliers avec la psychologue, auprès de qui il parvient peu à peu à s’exprimer. La concertation est régulière, voire quotidienne si nécessaire, entre la directrice, le conseiller principal d’éducation, les enseignants, l’équipe de la Maison d’enfants et la psychologue.
Tous soutiennent Arthur dans les périodes difficiles, marquées par des scarifications et des idées noires. À partir d’avril, il parvient à demander l’autorisation avant de sortir de la classe. En juin, l’équipe accepte qu’il fasse un stage d’une semaine dans une école maternelle, comme il le désire. C’est pour lui un déclic.

Délégué de classe

Septembre 2012 : Arthur a un projet, le bac pro aide à la personne. Il intègre une 4ème alternance, avec six semaines de cours et deux semaines de stages de découverte en école maternelle, en résidence de personnes âgées mais aussi en cuisine, afin de connaître d’autres secteurs d’activités.
Sa confiance en lui
progresse, il commence à se coiffer et à perdre du poids. En fin d’année, il est intégré en classe, et accepte d’aller en cours de sport ! Mais cela ne va plus à la Maison d’enfants car il veut rentrer chez lui, ce qu’il fera par étapes progressives l’année suivante. Septembre 2013 : Arthur passe en 3ème prépa pro, une classe de 14 élèves dans un autre collège d’Apprentis d’Auteuil, tout proche. Il grandit, participe au sport et se met à travailler.
La directrice s'émerveille :"Il s’est révélé à tel point qu’il a été élu délégué de classe par ses camarades ! Il a surmonté ses problèmes de violence et a agi comme médiateur dans les conflits des autres élèves. Est-ce le résultat de la confiance, de l’écoute et de la bienveillance que les adultes lui ont porté tout au long des deux années précédentes ?" Après avoir réussi son brevet haut la main en juin 2014, Arthur est cette année en 2de bac pro service à la personne.

(1) Dans un souci de confidentialité, les prénoms ont été changés. Les lieux ne sont pas identifiés et le témoignage des professionnels reste anonyme.