Portrait de Sarah ambassadrice harcèlement au lycée Saint-Michel
Education et scolarité

Sarah, ambassadrice harcèlement dans son lycée : "Les adultes doivent rester vigilants !"

Sarah, 16 ans, est ambassadrice harcèlement au lycée professionnel Saint-Michel, à Priziac (56). Elle propose aux jeunes témoins ou victimes de venir lui parler en toute confidentialité. Un moyen efficace mis en place par l’établissement pour libérer la parole, prévenir et traiter ce phénomène et qui s'inscrit pleinement dans les actions mises en lumière par le plaidoyer d'Apprentis d'Auteuil, Prendre le parti des jeunes, et par son  3e baromètre de l'éducation, consacré aux violences en milieu scolaire. Son témoignage, en cette journée nationale de lutte contre le harcèlement à l'école.

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Alors que le 3e baromètre de l'éducation d'Apprentis d'Auteuil consacré aux violences en milieu scolaire vient de sortir, Sarah, 16 ans, ambassadrice harcèlement dans son établissement de centre Bretagne, témoigne de son rôle de prévention auprès des élèves.

Je suis ambassadrice harcèlement au lycée Saint-Michel de Priziac pour la troisième année consécutive. C’est Justine Borri, monitrice éducatrice et en charge de la lutte contre le harcèlement dans l'établissement, qui en a parlé à tous les élèves et nous a proposé cette mission.

Nous sommes comme cela une dizaine d’ambassadrices et d’ambassadeurs volontaires sur tout le lycée. Notre rôle est de faire de la prévention, mais aussi de faciliter la parole. En début d’année scolaire, nous passons dans toutes les classes pour nous présenter et dire que s’il y a un problème, si quelqu’un est victime ou témoin d’un harcèlement, de moqueries, d’insultes répétées, il peut venir nous en parler. Tout ce qu’on nous dit est confidentiel.
Avec l’accord de la personne, nous faisons remonter l’info à Justine et à la direction. Sinon, on essaie de trouver d’autres solutions, d’aller voir nous-mêmes le harceleur. Parfois, il n’a même pas conscience que ce qu’il fait, c’est du harcèlement. C’est aussi l’effet de groupe, à plusieurs on se sent plus fort, on se sent supérieur…

Libérer la parole des jeunes

Notre action a un impact. Les jeunes ont du mal à se confier aux adultes. Le fait que nous soyons des jeunes comme les autres, cela permet aux élèves d’en parler. En ce moment, nous repensons le projet : nous allons faire de nouvelles affiches pour la prévention et travailler avec les élèves en formation industries graphiques du lycée pour la conception et l’impression.

Le climat scolaire à Saint-Michel, je le trouve bien. Il y a une bonne entente entre nous. Chacun peut trouver sa place, moi, en tous cas, je l’ai trouvée. Je commence ma troisième année à Saint-Michel. Au début, j’étais inscrite en bac pro boulangerie pâtisserie mais ça ne m’a pas plu. Je me suis réorientée. Maintenant, je suis en 2e année de CAP peinture et ça me va. Les adultes sont très à l’écoute. On a un bon suivi. Mais les adultes doivent rester très vigilants sur la question du harcèlement. C’est très important. Ça peut arriver à tout le monde. »

Lutter contre les violences à l'école

Apprentis d’Auteuil vient de présenter son 3e baromètre de l’éducation réalisé par l’institut de sondage OpinionWay et consacré aux violences en milieu scolaire. Un thème remonté en force lors de sa grande consultation réalisée en interne auprès des jeunes et des adultes, et qui fait l’ouverture de Prendre le parti des jeunes, 24 solutions pour transformer l’avenir, son plaidoyer 2022.
De nombreux établissements d’Apprentis d’Auteuil développent des solutions pour prévenir et mettre un terme aux violences à l’école, à l’instar du lycée Saint-Michel, à Priziac, en centre Bretagne. L’établissement a fait de la lutte contre les discriminations, la prévention de la violence et du harcèlement, l’égalité hommes-femmes et la santé, un de ses axes éducatifs. Cela se traduit par la sensibilisation des jeunes et leur implication dans des initiatives citoyennes, le développement de la comédiation en binômes jeune-adulte formés pour régler les conflits. Suite à différents cas en 2017 et 2018, la lutte contre le harcèlement s’est étoffée avec la proposition faite aux jeunes de devenir ambassadeur contre le harcèlement pour libérer la parole.

Justine Borri, monitrice éducatrice : "Il faut lutter sans cesse  contre le harcèlement scolaire !"

Portrait de Justine Borri, monitrice éducatrice en charge de la lutte contre le harcèlement et la violence au lycée Saint-Michel
(c) Igor Lubinetsky/Apprentis d'Auteuil

Monitrice éducatrice, en charge de la lutte contre le harcèlement scolaire au lycée professionnel Saint-MIchel de Priziac, en centre Bretagne, Justine Borri explique : « Depuis la rentrée, nos ambassadeurs harcèlement jeunes sont maintenant au nombre de 10 (9 filles et un garçon). Ils font de la sensibilisation : trois ambassadeurs jeunes et un adulte (ma collègue Nolwenn Jamet ou moi) passent systématiquement dans les 12 classes (soit 250 jeunes) pour parler du harcèlement, de son caractère insidieux, répétitif, et pour présenter leur rôle d’ambassadeur.

En ce moment, à la demande des jeunes ambassadeurs, nous revoyons ensemble nos interventions dans les classes pour les rendre plus dynamiques, pour qu’elles soient plus adaptées à un public de lycéens et qu’elles marquent les esprits.

Le harcèlement, nous n’en sommes pas à l’abri, même si le fait d’avoir des ambassadeurs a contribué à faire baisser le nombre des cas et à les freiner dès le démarrage. Les ambassadeurs sont bien identifiés par leurs camarades qui peuvent les approcher pour en parler. Nous avons eu deux cas au début de l’année : un garçon qui envoyait systématiquement son ballon sur les pieds d’une jeune fille et qui se moquait d’elle. Et un groupe de filles qui harcelaient un garçon en classe en se moquant de son acné par des caricatures. Dans ce cas, la professeure principale s’en est rendue compte et nous a alertés.

Il faut lutter sans cesse contre le harcèlement scolaire. Les ambassadeurs le savent bien, et ils ont un rôle particulier à jouer avec les nouveaux et les entrants qui n’ont pas encore été sensibilisés. Nous devons tous être vigilants. »