Ecole Notre-Dame-de-Lourdes - récréation des élémentaires- Lou, Charlotte, Gabrielle, Nina, Valentina
Education et scolarité
08 décembre 2024

Droit à un environnement sain et sûr : les jeunes s'expriment

Quel regard portent les jeunes sur leur droit à grandir et évoluer dans un environnement sain ? En cette journée mondiale du climat, retour sur la consultation menée par le Défenseur des droits, à laquelle ont participé des jeunes accompagnés par Apprentis d’Auteuil. Consultés sur ce thème, considéré comme une condition préalable à la réalisation d’autres droits humains, leur avis a nourri le rapport du Défenseur des droits rendu public le 20 novembre. Les explications de Virginie Hoarau, chargée de plaidoyer. Photo ouverture ©Lucile Barbery/Apprentis d'Auteuil

Qu’ont dit les jeunes sur le droit à un environnement sain ? 

V. H. : Tout d’abord, nous avons remarqué leur manque d’information sur le sujet, manque dont ils ont conscience. Ils s’informent sur les réseaux sociaux, en particulier Tik Tok ou la chaîne Hugo décrypte. Spontanément, ils évoquent leur environnement proche, leur lieu de vie, leur établissement scolaire, leur chambre. Puis, ils rattachent le thème de l’environnement sain à celui de la propreté, de la gestion des déchets. Ils appréhendent beaucoup moins d’autres éléments constitutifs du droit à un environnement sain : la protection de l’environnement et de la biodiversité, la pollution, l’alimentation, l’accès à l’eau, etc. La notion de changement climatique semble être peu comprise, même s’ils l’identifient comme la menace principale pour l’environnement. 

Ecole Notre-Dame-de-Lourdes -   L'école du dehors avec des parents et grands-parents
A l'école Notre-Dame-de-Lourdes : "l'école du dehors" 'réunit les élèves, des parents et grands-parents autour de Marie-Aude Pegeot enseignante et Nathalie Colmant, référente pédagogique. (c) Lucile Barbery/Apprentis d'Auteuil

Quels sont les autres enseignements de cette consultation ? 

V. H. Nous avons remarqué beaucoup de défaitisme et de résignation concernant l’environnement. Pour beaucoup, il est déjà trop tard. Il semble donc essentiel de poursuivre la sensibilisation sur ces enjeux tout en valorisant les réussites et les pistes d’action pour éveiller l’espoir chez les jeunes. Le point positif, c’est qu’ils sont très contents de participer à la consultation, ils sont très présents dans les discussions. 

Cette année, les jeunes se sont montrés beaucoup plus préoccupés par les notions de justice sociale. Les thématiques environnementales peuvent paraître lointaines à des jeunes issus de milieux précaires. Ils nous ont aussi fait part d’autres préoccupations, le sentiment de violence grandissant, le droit à un environnement sûr dans lequel ils ne craignent pas pour leur sécurité ou celle de leurs proches, que ce soit à proximité de chez eux ou à une échelle plus large. La situation géopolitique les inquiète beaucoup également, et les menaces de conflit. 

Atelier de consultation du Défenseur des droits avec des jeunes du lycée Saint-Philippe
Lors d'un atelier organisé avec des jeunes du lycée Saint-Philippe (Meudon, 92) dans la cadre de la consultation du Défenseur des droits (c) Ilan Deutsch/Apprentis d'Auteuil

Comment s'organise la consultation des jeunes ? 

Virginie Hoarau : Depuis 2021, le Défenseur des droits organise chaque année la consultation des enfants. Leurs avis et leurs témoignages sont recueillis sur un droit précis et sur son application, ce qui lui sert à élaborer son rapport annuel consacré aux droits des enfants, publié le 20 novembre, à l’occasion de la journée internationale des droits de l’enfant. Le Défenseur des droits prend ainsi la température sur un thème donné et en mesure le réel poids dans la société. Un certain nombre de droits sont peu connus en France, comme celui à un environnement sain. En cela, c’est une véritable opportunité pour les jeunes accompagnés par la fondation de donner leur avis et qu’il soit pris en compte dans ce rapport, présenté au Président de la République, au président de l’Assemblée nationale et au président du Sénat.

Comment avez-vous procédé ? 

V. H. : Apprentis d’Auteuil participe à la consultation pour la quatrième année consécutive. Cette année, ce sont 149 jeunes venus de treize établissements et âgés de 12 à 18 ans qui ont été interrogés. Nous avons travaillé sur la base de deux sessions au minimum, la première pour les sensibiliser aux droits des enfants, les autres pour travailler sur le thème de l’année. Nous avons organisé des petits groupes d’échange, avec l’appui des directeurs d’établissements et des éducateurs. La parole pouvait s’exprimer sous forme de témoignages, de dessins, de vidéos, de poèmes... 

Quels sont les bénéfices de la consultation pour les jeunes ? 

V. H. : La consultation permet d’aider les jeunes à construire des recommandations et à les porter. En cela, elle rejoint une des orientations stratégiques d’Apprentis d’Auteuil : agir avec les jeunes et les familles. La fondation porte le souhait d’avancer avec eux dans la dynamique du « Penser et agir ensemble ». Nous portons un regard d’adulte sur ces thèmes, d’où l’intérêt de recueillir la parole des jeunes. Ils n’ont pas fini de nous surprendre.  

Thèmes abordés lors de la consultation du Défenseur des droits

  1. La santé mentale des enfants et des adolescents (2021)
  2. Le droit à la vie privée (2022) 
  3. Le droit aux loisirs, à la culture et au sport (2023)
  4. Le droit à un environnement sain (2024)