Atelier chorale avec Isabelle Amans, intervenante en chant
Education et scolarité

Des vendredis extraordinaires pour apprendre autrement

Depuis la rentrée scolaire 2020, les enfants de l’école primaire Immaculée Conception à Gaudechart dans l’Oise, vivent, chaque vendredi, une journée particulière. Lors d'ateliers ludiques, ils découvrent le chant, la sculpture, l’escalade, le vitrail, etc. En petits groupes, ils revoient les notions de la semaine en mathématiques et en français. De quoi reprendre goût aux apprentissages et s’ouvrir au monde.

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Le vendredi, à l’école primaire Immaculée Conception à Gaudechart dans l’Oise, les enfants revoient leurs leçons de français et de mathématiques... et découvrent le chant, la sculpture, l’escalade, le vitrail, etc. Pour retrouver le goût d'apprendre et s’ouvrir au monde.

C’est à peine croyable ! À 8h30 précises, Léo, Shaynna, Raphaël et les 72 autres élèves de l’école primaire Immaculée Conception sont déjà en file indienne. Certains, prêts à rejoindre leur enseignant pour des exercices de mathématiques ou de français. D’autres, piaffant d’impatience devant le professeur d’éducation physique et les intervenants en chant, théâtre, sculpture sur pierre, peinture ou vitrail, qui vont animer les ateliers. « Le vendredi est chez nous une journée extraordinaire (1) pour les enfants, les enseignants, les intervenants et aussi les parents, relève Nathalie Heu, la directrice. Nous avons bouleversé l’emploi du temps de cette journée depuis septembre 2020, les trois autres jours de la semaine restant sur un format classique, afin d’ouvrir les enfants à de nouveaux univers et de combler leurs lacunes dans telle ou telle discipline. »

Les effectifs sont ainsi divisés en six groupes. Toute la journée, les enfants alternent entre des séquences de 45 minutes en français et en mathématiques en petits groupes classe (du CP au CM2) et des ateliers sportifs ou artistiques, en groupes d’âges mixtes. « Pour éviter des temps de changement trop longs, les enfants sont en jogging le vendredi, précise la directrice. Ils adorent cela, car ils n’ont vraiment pas l’impression d’aller en classe ! »

Shaynna en soutien scolaire
Shaynna très appliquée dans une classe de 45 minutes de rattrapage en mathématiques © Geoffroy Lasne/Apprentis d’Auteuil

Une pédagogie sur mesure

En sport, les enfants s’initient à l’escalade, à l’escrime, au tir à l’arc. Autant de disciplines qui leur apprennent à vaincre leur peur, à penser sécurité et à aider un camarade mis en difficulté. « Au début, je n’arrivais pas à monter en haut du mur d’escalade, confie Alice, 11 ans. Aujourd’hui, j’ai trouvé mon équilibre, je sais m’accrocher aux prises et je m’amuse bien ! »

Dans sa classe de CE1, Marlène Tueux, professeure des écoles, apprécie particulièrement le vendredi. « Durant cette journée, grâce aux petits groupes, je m’adapte à chaque élève et je peux mieux répondre à ses besoins. » Ainsi, l’enseignante peut prendre chaque enfant pour de la lecture individuelle, ce qui améliore notablement la compréhension des textes. En mathématiques, elle peut davantage leur faire manipuler des objets pour faire comprendre à chacun les notions d’addition et de soustraction et le faire progresser de façon significative.
 

Avec le vitrail, les enfants apprennent énormément de choses
Ils s'initient à un métier d'art, travaillent en individuel et ensemble, font preuve de patience et de minutie, s'intéressent à l'histoire... et se rendent compte qu'ils peuvent réaliser de très belles choses !
Céline Grandsert, vitrailliste

Dans l’atelier vitrail, tous les enfants s’activent pour le plus grand bonheur de Céline Grandsert, vitrailliste. La jeune femme les fait travailler aussi bien individuellement (chacun a réalisé un petit ange) que collectivement : un vitrail réalisé en commun orne désormais l’oratoire de l’établissement. « Les élèves s’initient aux métiers d’art, ils apprennent aussi la patience et la minutie », résume-t-elle. À ses côtés, Angel, 9 ans, est intarissable : « C’est dur de manipuler et de meuler le verre. Il faut être très délicat. Mais une fois tous les morceaux assemblés avec des lanières de cuivre, c’est trop beau ! J’ai vraiment de la chance de faire ça. »

Atelier vitrail avec Céline Grandsert, vitrailliste, Coline et Juliette
Céline Grandsert, vitrailliste, explique à Coline et à Juliette comment assembler le verre avec des lanières de cuivre © Geoffroy Lasne/Apprentis d’Auteuil
Séance d'escalade avec Christophe Coge, professeur de sport
Les apprentis escaladeurs attentifs aux dernières consignes de Christophe Coge, professeur d'éducation physique © Geoffroy Lasne/Apprentis d’Auteuil
 Atelier sculpture, Louise-Marie montre sa réalisation
Louise-Marie heureuse et fière de présenter sa fleur sculptée dans la pierre © Geoffroy Lasne/Apprentis d’Auteuil

Sur le chemin de la réussite

Point d’orgue, le jour de la kermesse, en juin. Les élèves exposent leurs peintures, leurs sculptures, leurs vitraux, fruits d’une année de travail, à leur famille, leurs amis et à toute l’école. En juin dernier, la chorale de l’école - quatorze garçons et filles - a également donné un concert public dans l’église de Gaudechart. Une réussite pour ce projet pédagogique qui a embarqué les parents, comme le souligne la directrice. « Tous nous ont fait entière confiance. Au fil des mois, grâce au travail en petit groupe et en individuel, nous remarquons les progrès des enfants, certains étant en retard scolaire ou en décrochage. » 

Le vendredi, j'aime tout
J'aime bien le chant, la danse, le vitrail aussi. Pour parler, apprendre, être sur scène. Le petit ange que j'ai fait en vitrail est dans un petit coin prières chez moi. Plus tard, je voudrais être chanteur, danseur ou inventer des choses !
Léo, 8 ans

Le projet a aussi un impact positif sur la confiance en soi, l’estime de soi, le goût d’apprendre, de vivre et de travailler ensemble. « Les élèves ont également découvert de nouveaux centres d’intérêt, des passions, se réjouit la directrice. Ils sont visiblement heureux et fiers d’être à l’école ! » « Le vendredi, on travaille, on apprend plein de choses, mais c’est comme si on ne travaillait pas », conclut Louise-Marie, 8 ans.

(1) Grâce au soutien de la Fondation Casino et de la Fondation Foujita