Ecole Notre-Dame des Anges - apprentissage de la lecture et des lettres - classe de maternelle
Education et scolarité

Apprendre à lire, quelle histoire !

 

Apprendre à lire est un des apprentissages essentiels de l’école, un préalable pour la poursuite des études, l’autonomie dans la vie quotidienne, sans oublier l’ouverture à la culture et à la complexité du monde et le développement de la pensée critique. Mais de nombreuses études montrent les difficultés d’un grand nombre d’élèves et leurs causes multiples, qu’elles soient sociales, cognitives, structurelles. Pour réduire ces inégalités, Apprentis d’Auteuil a mis en place différents dispositifs dès l’école primaire. Pour que la lecture soit à la portée de tous les enfants.

Tous les cinq ans, les enfants de CM1 sont testés sur leur compréhension de l’écrit au niveau mondial. Parus au cours du premier semestre 2023, les résultats du PIRLS1 montrent une stabilisation des performances des écoliers français après des années d’érosion. Ombre persistante au tableau : La France est toujours située en dessous de la moyenne, loin derrière le peloton de tête (Singapour, Hong Kong, Russie, Angleterre et Finlande). Des objectifs ont été fixés par le ministère de l’Éducation nationale pour continuer à progresser d’ici la prochaine évaluation qui paraîtra en 2028.

Savoir lire et comprendre ce qu’on lit est en effet un véritable enjeu de société, un des socles à bâtir pour la suite de la scolarité et la vie future, comme le rappelle Nathalie Heu, directrice de l’école Immaculée Conception à Gaudechart, dans l’Oise : « La lecture, c’est la base de tout. Si l’enfant ne la maîtrise pas, cela a des répercussions sur tous les autres apprentissages scolaires ».

Ecole Saint-Etienne - classe de Patricia De Amezaga (enseignante), apprentissage de la lecture et des lettres avec Camille
A l'école Saint-Étienne, à Saint-Estèphe (33), la petite Camille apprend à reconnaître les lettres sous la houlette de son enseignante, Patricia de Amezaga (c) Alban Dejong/Apprentis d'Auteuil

Un travail continu de la maternelle au CM2

Apprentis d’Auteuil, qui accueille de nombreux enfants en difficulté dans l’acquisition des savoirs de base, porte ainsi une attention particulière à l’apprentissage de la lecture dans ses écoles primaires. Et au-delà, à une véritable culture du livre et de l’écrit. « Apprendre à lire, ce n’est pas du tout évident pour le cerveau, rappelle le chercheur Michel Desmurget (voir encadré). Il lui faut énormément d’informations pour faire correctement son boulot premier de décodage. Contrairement au langage, la lecture est apparue très tard dans l’histoire de l’humanité. Cela prend donc beaucoup d’énergie à l’enfant qui apprend. » Un accompagnement soutenu est nécessaire, qui plus est quand des difficultés familiales ou sociales viennent entraver l’acquisition des savoirs, l’enfant n’ayant pas l’environnement idéal pour se concentrer sur cet apprentissage.

Ecole Saint-Etienne - classe de Patricia De Amezaga (enseignante), apprentissage de la lecture et des lettres avec Camille
L'apprentissage de la lecture passe par la reconnaissance des lettres dans une phrase. Ici, à l'école Saint-Étienne (c) Alban Dejong/Apprentis d'Auteuil

Développer l'imaginaire et le vocabulaire

Dès la maternelle, l’accent est mis sur le développement du vocabulaire, de l’imaginaire, et la reconnaissance des sons. Le travail se poursuit en cours préparatoire, puis dans les classes suivantes, dans l’objectif d’amener les enfants à une bonne maîtrise de la lecture à leur entrée au collège. « L’apprentissage de la lecture, c’est un travail continu de la petite section au CM2, souligne Emmanuelle Barsot, directrice et enseignante à l’école Saint-Étienne, à Saint-Estèphe, près de Bordeaux. En maternelle, nous travaillons beaucoup sur le langage pour développer le vocabulaire des élèves et leur donner le goût de la lecture. En primaire, nous mettons le "paquet" sur l’apprentissage de la lecture en CP. »
Aujourd’hui justement, douze élèves de CP (la classe est dédoublée, l’école étant classée REP2) travaillent sur la lettre « m ». Pour Camille et Élouane, le but de l’exercice est de repérer les « m » dans la phrase « Le mammouth mauve mange des chamallows. » et de les entourer avec le feutre mauve. Mission accomplie. « La difficulté que rencontrent les élèves qui apprennent à lire, c’est de bien identifier les lettres dans les mots et de les associer correctement à leur son, explique l’enseignante, Patricia de Amezaga. Pour les aider, nous travaillons à la fois sur la lecture et l’écriture. L’autre difficulté, c’est le manque de vocabulaire. Ils ne baignent pas dans un "bain de lecture" à la maison, ce qui rend l’apprentissage plus difficile lorsqu’ils découvrent un mot qu’ils n’ont jamais entendu. »

Ecole Notre-Dame des Anges - apprentissage de la lecture et des lettres dans la classe de maternelle de Floriane Tarquini
L'apprentissage de la lecture commence dès la classe de maternelle. Ici la classe "citron" de Floriane Tarquini, à l'école Notre-Dame des Anges de Toulouse. (c) Sophie Stacino/Apprentis d'Auteuil

De bonnes bases pour bien démarrer

Préparer activement les enfants à cet apprentissage de la lecture, c’est aussi ce que pratique l’école Notre-Dame des Anges, à Toulouse, dès la maternelle. Les enfants de petite, moyenne et grande section sont répartis ensemble dans trois classes de maternelle, pour qu’ils progressent entre pairs et s’entraident, les plus petits cherchant à imiter les plus grands. Quinze minutes quotidiennes « Silence, on lit », pour donner à tous l’envie de lire, coin bibliothèque dans les classes et bientôt, une salle dédiée, festival du livre en janvier, ventes régulières de livres neufs ou d’occasion ou encore, une fois par semaine, lecture aux maternelles par les grands de CM2... L’école a fait de la lecture une de ses priorités.
 

Ecole Notre-Dame des Anges - apprentissage de l'écriture sur des ardoises en classe de maternelle
Après la séquence de reconnaissance du son des lettres, les élèves de maternelle de l'école Notre-Dame des Anges de Toulouse s'exercent à les écrire sur leur ardoise. (c) Sophie Stacino/Apprentis d'Auteuil

Avancer au rythme de l'enfant

En ce tout début d’après-midi, dans la classe maternelle Citron, Floriane Tarquini travaille l’association entre la lettre et le son qu’elle produit, le phonème, à l’aide de plaquettes de bois sur lesquelles est dessinée chaque lettre en cursive. Les voyelles tout d’abord, qu’elle associe ensuite à une consonne « l », « m » ou « s », pour bien faire comprendre la logique aux enfants. L’enseignante dissocie le son de la lettre de son nom. « Que fait « m » ? » « Mmmmmmm ! » répondent immédiatement Ruben et Maël. « Et comment s’appelle cette lettre ? », poursuit-elle. Un peu plus tard, avec les plus petits, l’enseignante prononcera des mots et les interrogera sur la présence ou non de certains sons. « Nous entrons dans la lettre par le son qu’elle produit, explique Floriane Tarquini. Certains entendent bien le son, d’autres non : ce n’est pas encore l’heure pour eux, question d’intérêt, de maturité. Certains retiennent les sons, d’autres plus les images. Nous progressons à leur rythme en nous inspirant beaucoup des méthodes de Maria Montessori et des recherches de Céline Alvarez3, et en nous appuyant sur le collectif. Cette étape de la maternelle est très importante. »

Ecole Notre-Dame des Anges - apprentissage de la lecture et des lettres en classe de maternelle
Pour les petites sections de maternelle, les enfants de 3 à 4 ans, l'enseignante nomme à voix haute ce qui est illustré. Les élèves doivent discerner à l'oreille la présence ou non du son "o" ou "a". (c) Sophie Stacino/Apprentis d'Auteuil

Aider les élèves en difficulté

Pour les élèves qui peinent dans cet apprentissage dès les classes de CP, CE1, les écoles déploient d’autres moyens, comme la mise en place d’ateliers en petits groupes et l’intervention d’une enseignante spécialisée. Exemple à l’école Saint-Étienne : « Sur les 20 élèves en CE2, 19 ont des résultats en dessous de la moyenne en vitesse de lecture », déplore Sonia Dupuy, l’enseignante spécialisée. Elle réalise tout d’abord des tests de fluence, c’est-à-dire, évalue le nombre de mots lus en une minute. précise-t-elle. « J’aime bien lire, mais certains mots sont difficiles », confirme Elyna, en CE2. Pour leur redonner confiance dans leurs capacités, l’enseignante utilise des textes de 70, 100 ou 160 mots, en fonction de l’évaluation de chaque élève. « Le but est de leur donner le plaisir de lire, de les déculpabiliser et in fine, leur redonner envie de revenir aux ateliers », explique-t-elle.

Ecole Saint-Etienne - Sonia Dupuy, avec Océane en CM1-Ulis. Sonia sort un enfant de la classe située derrière pour l'aider individuellement
Sonia Dupuy, enseignante spécialisée, accompagne individuellement Océane, scolarisée en CM1-Ulis, dans son perfectionnement en lecture. (c) Alban Dejong/Apprentis d'Auteuil

Du côté de l’école Immaculée Conception, dans l’Oise, la semaine a été réorganisée : le vendredi est libéré pour des ateliers ludiques ou sportifs et des séquences lecture pour les « petits lecteurs ». À l’école Notre-Dame de Lourdes de Civrieux d’Azergues, près de Lyon, la réponse est individualisée, comme l’explique la directrice, Axelle Cécile : « Les enfants sont répartis par groupes de compétences et non par classe. Les plus en difficulté de lecture se retrouvent ainsi moins nombreux dans la classe et avancent à leur rythme. » Présence d’une enseignante spécialisée, évaluations régulières pour noter les progrès, ateliers « Coup de pouce CLE » pour les plus fragiles, temps méridien de lecture pour éveiller au plaisir de lire, les initiatives ne maquent pas. Le but est d’ouvrir les portes de la lecture et de ses plaisirs à un maximum d’enfants, pour qu’ils puissent en ouvrir d’autres par la suite.

 

1 Progress in International Reading Literacy Study (étude mondiale regroupant 66 pays, dernière en date : 2021)

2 Réseau d’éducation prioritaire

3 Autrice de Les lois naturelles de l’enfant, elle est à l’initiative d’une approche pédagogique expérimentale menée sur trois ans dans une classe classée REP de Gennevilliers, avec des dotations supplémentaires, sur les principes actualisés de Maria Montessori.

4 Programme ÉCHO développé par Apprentis d’Auteuil

Hibouthèque de l'école de Notre Dame de Lourdes avec l'association Coup de pouce
Hibouthèque de l'école de Notre Dame de Lourdes avec l'association Coup de pouce Clé, pour aider les enfants en difficulté d'apprentissage de la lecture (c) Lucile Barbery/Apprentis d'Auteuil

ZOOM

L’école maternelle et élémentaire à Apprentis d’Auteuil
De 3 à 11 ans

  • 1 800 élèves scolarisés
  • 14 écoles maternelles et élémentaires