Pélé de Lourdes 2024 : en avant, aux sources de la confiance !
26e pèlerinage d’Apprentis d’Auteuil. Une aventure hors norme ! 4 500 participants venus de toute la métropole et des départements d’Outre-mer. Une préparation de deux ans. Une logistique au cordeau pour loger tout ce monde, le nourrir, le guider, l’accompagner tout au long de ces trois jours. Et surtout, une énergie et une inventivité folles pour embarquer catholiques, croyants d’autres religions, non croyants, agnostiques. Et susciter des échanges fraternels autour du thème « Aux sources de la confiance ».
Samedi 6 heures, gare Montparnasse. Les quais sont bondés. Jeunes, familles, collaborateurs ont convergé au petit matin vers le hall 3 Vaugirard. Près de 1 000 personnes s’apprêtent à monter dans un des trois trains affrétés par Apprentis d’Auteuil, direction Lourdes. Ailleurs, dans la métropole, ce sont des bus qui sont partis d’un peu partout. Certains de Priziac, en centre Bretagne, d’autres de Dieupentale près de Toulouse, de Bordeaux, de Fournes-en-Weppes dans le Nord, de Marseille... La Maison des familles d’Amiens a prévu onze heures de trajet. Les groupes venus de Martinique, de Guadeloupe, de Mayotte et de la Réunion sont arrivés en amont dans la métropole avant d’embarquer dans les bus. Un voyage au long cours.
Une foule joyeuse aux couleurs d'Apprentis d'Auteuil
Les voyageurs débarquent à la gare de Lourdes dans une joyeuse ambiance, accueillis par l’équipe logistique et les bénévoles. Après des jours de pluie et de crue du Gave, le soleil est de la partie, au grand soulagement des organisateurs. Tous les pèlerins sont répartis dans une quarantaine d’hôtels. Chacun se voit remettre un foulard de couleur pour pouvoir se repérer et participer aux animations : orange pour le nord-ouest, rouge pour le nord-est, bleu roi pour le sud-est, jaune pour le sud-ouest, bleu ciel pour l’Ile-de-France, vert et bleu marine pour les DROM. Partout en ville, on ne voit que des foulards Apprentis d’Auteuil, on entend un joyeux brouhaha aux abords du sanctuaire, de la grotte, dans les rues, dans les boutiques.
Le ton est donné lors du premier grand rassemblement dans l’église Sainte-Bernadette, un édifice moderne construit dans l’enceinte du sanctuaire. Aurore de Montalivet, coordinatrice du réseau de la pastorale du Nord-Est, accueille les groupes qui s’installent au fur et à mesure dans l’immense nef : « On se fait parfois des idées sur un pèlerinage. Vous vous êtes levés très tôt ce matin, vous avez quitté votre quotidien. Vous vous êtes mis en marche. Cette aventure, nous allons la vivre ensemble. Faites confiance ! » Une chorale inter-régions entonne des chants joyeux, dont les paroles s’affichent sur des écrans, rapidement retenus et repris par un auditoire conquis.
Pour préparer ce 26e pèlerinage, le grand rassemblement d’Apprentis d’Auteuil qui se tient tous les trois ans à Lourdes, l’équipe travaille depuis deux ans à l’élaboration des temps forts fédérateurs, des veillées, des célébrations et des différents ateliers. Pas moins de cinquante propositions pour tous les âges, tous les goûts, toutes les attentes et dans tous les domaines : découverte des lieux emblématiques de Lourdes (la grotte, lieu des apparitions de la Vierge Marie à Bernadette Soubirous en 1858, les fontaines, les différents logements où Bernadette a vécu), mais aussi atelier pour en apprendre plus sur la vie du père Brottier, rencontres interreligieuses, démarche spirituelle, écologie intégrale, partages et témoignages, visites, jeux... L’objectif est que ce pèlerinage parle à tous les publics, tous les parcours. Répartis par établissements en petits groupes nommés fraternités, les participants découvrent, enthousiastes, les lieux, l’étendue de la fondation dont ils ont un concentré sous les yeux, la joie et la ferveur qui diffuse ses bonnes ondes un peu partout.
Des ateliers pour tous les goûts
L'atelier "Choisir d'aimer", du nom de l'orientation pastorale de la fondation, propose aux groupes un jeu de plateau aussi ludique qu'instructif sur soi et les autres. D'autres ateliers proposent d'aller aux piscines, de visiter le cachot, là où Bernadette vécut la période la plus difficile de sa vie avec sa famille, de faire une randonnée sur les hauteurs de Lourdes. Dans la droite ligne de Laudato Si', un atelier propose d'apprendre à réparer son vélo, avec Les Rayonnants, un dispositif d'Apprentis d'Auteuil. Un peu plus loin, l'atelier "La confiance dans ma vie", animé par Julie Perrochaud, animatrice pastorale du collège Sainte-Claire, à Dieupentale, près de Toulouse, propose aux participants d'élaborer leur propre définition de la confiance. Par petits groupes, chacun planche, aboutit à une phrase synthétique d'où Julie tire un mot clé. Résultat, à la fin de la séance, une "recette" de la confiance, faite des mots "réciprocité", "sentiment de sécurité", "croire en soi et en l'autre". "Ce pèlerinage, souligne l'animatrice, c'est vraiment un cadeau que l'on nous fait. Ce que j'aime, c'est l'ouverture aux autres, le "Venez comme vous êtes". C'est pour moi le reflet de l'amour de Dieu."
Après les ateliers, les pèlerins ont le choix entre la procession aux flambeaux et une veillée interreligieuse conçue par des jeunes et adultes du Sud-Est : un conte joué sur la rencontre de villageois aux fois et aux croyances différentes. Sur scène, les représentants des trois grandes religions monothéistes, un prêtre, un rabbin, un imam, mais aussi un bouddhiste, témoignent de la puissance du dialogue et de la paix qui transcendent les différences. "La fraternité vécue, c'est comme une lumière qui déchire les ténèbres qui essaient de nous séparer", remarque le rabbin. Deux mères de famille montent également sur scène : Cathy, maman de quatre enfants, et Courage, nigérienne, mère de trois enfants, ont noué une solide amitié. Elles partagent un même amour pour leur famille et un respect réciproque.
La confiance qui rassemble
Le lendemain, une messe présidée par Mgr Philippe Guiougou, évêque de Guadeloupe, rassemble tous les pèlerins à l'église Sainte-Bernadette : "Je suis heureux de vivre avec vous ce pèlerinage qui nous donne à vivre cette dimension de l'Espérance : la confiance. Certains parmi vous ne sont pas chrétiens : c'est la confiance qui nous rassemble ici. Cette confiance a pour source l'amitié, la fraternité, l'amour."
Pour rassembler et parler à tous les participants, la messe dominicale a privilégié la participation des jeunes. Un petit groupe avait préparé avec l'évêque la lecture du jour, l’Évangile de la tempête apaisée (Luc 8-22, 25). Chacun des jeunes en a donné sa propre lecture dans un dialogue dynamique avec Mgr Guiougou. Un célébration pleine de joie et d'énergie. Au sortir de l'église, Louis, jeune apprenti boulanger au lycée professionnel Saint-Michel de Priziac, dans le Morbihan, est enthousiaste : "C'était ma première messe ! C'était un beau moment de partage. Franchement, ce pèlerinage, c'est trop bien. " La soirée se termine par un spectacle musical créé par Roberto Ciurleo et Eléonore de Galard sur Bernadette, spécialement adapté pour Apprentis d'Auteuil : on y parle également de sainte Thérèse de Lisieux, du père Brottier, des épreuves que chacun a traversées, de la place de la confiance dans leur vie. Manon, 18 ans, de la Maison d'enfants Ker Anna de Rostrenen, souligne : "J'ai adoré ce spectacle, les chansons et la musique. Et ce que j'aime beaucoup aussi dans ce pèlerinage, c'est d'être avec les autres jeunes, d'autres établissements. Il y a eu beaucoup d'émotion, notamment pendant la messe."
Un temps de sérénité et de partage
Le lendemain, lors du dernier rassemblement dans l'église Sainte-Bernadette, Jean-Baptiste de Chatillon, nouveau directeur général d'Apprentis d'Auteuil, recevait sa lettre de mission des mains de Jean-Pascal Lombard, provincial des Spiritains. Un moment fort, où toute l'assistance - jeunes, familles, anciens, collaborateurs, bénévoles - s'est dite prête à l'aider dans sa tâche. "Ce pèlerinage est pour moi l'incarnation du "Penser et agir ensemble" d'Apprentis d'Auteuil, souligne Jean-Baptiste de Chatillon. Je l'ai vu en action dans toute sa beauté, en particulier pendant l'atelier "Recharger les batteries de la confiance" créé et animé par les mamans de la Maison des familles de Rouen, sous les yeux remplis de fierté de leurs enfants. Une fois de plus, je suis émerveillé de ce que je vois, par la sincérité et l'authenticité de ce que nous avons vécu tous ensemble, croyants, non croyants, agnostiques, catholiques, musulmans... Lourdes, c'est une expérience, plus qu'une intention."
Un beau visage de l'humanité
A l'heure de se quitter le lendemain, après la dernière plénière, joie et peine sont mêlés : Hamiati Copin, référente parentalité d'Apprentis d'Auteuil à Mayotte, résume : "Le fait de partager cette aventure avec Apprentis d'Auteuil, c'est très émouvant pour moi qui suis musulmane. Il y avait à Lourdes une sérénité, une paix, un partage. C'est le plus beau visage de l'humanité que l'on puisse voir, dans le respect de tous." Kevin, 28 ans, ancien des établissements Saint-Antoine à Marcoussis, en région parisienne, repart le cœur apaisé, reboosté pour la suite. Catéchumène, il se prépare à recevoir bientôt les sacrements du baptême, de la profession de foi et de la confirmation : "J’ai été élevé dans la religion catholique mais ma mère ne m’avait pas baptisé. Il y a des moments où j’ai mis ma foi de côté, cela devenait trop dur. J'ai été placé à l'âge de 8 ans. A Saint-Antoine, j’ai repris confiance en moi et une part de ma foi que j’avais mise de côté. J'ai été très heureux d’être à Lourdes avec une fondation dans laquelle j’ai été scolarisé et accompagné. C’est un chemin (et un cadre fraternel) qui m’a aidé à grandir. L’ambiance et les rassemblements, cela me fait chaud au cœur. Cela me donne des frissons. En fait, c’est tellement puissant que je n’arrive pas à trouver les mots."
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