Vie de la fondation

Journée mondiale du refus de la misère : Apprentis d’Auteuil agit avec les familles

Ce 17 octobre, Journée mondiale du refus de la misère, Apprentis d’Auteuil renouvelle son engagement auprès des familles les plus fragiles. Objectif : donner aux parents et aux enfants le pouvoir d’agir. Pour que chacun retrouve confiance et estime de soi, reprenne espoir dans le présent et l’avenir, occupe sa place dans la société.

Avec le thème "Construire l'avenir ensemble : mettons fin à la pauvreté persistante en respectant toutes les personnes et notre planète"retenu pour la Journée mondiale du refus de la misère 2021, tout est dit ou presque. Pour que les personnes en situation de pauvreté accèdent aux droits humains fondamentaux, participent à la vie publique et soient entendues, le chemin est encore long.
À Apprentis d’Auteuil, les Maisons des familles ont été conçues pour offrir aux parents et aux enfants, en situation de fragilité ou d'isolement, des espaces de parole, de partage et d'action. Face aux imprévus de la vie, chacun y trouve des ressources pour repartir du bon pied, se construire un présent et un avenir plus humain, solidaire et durable.

Surmonter les difficultés

Ouverte dans le quartier populaire de Bellevue, la Maison des familles de Nantes Saint-Herblain est un havre de paix pour les familles. Quelles que soient leurs origines sociales et culturelles, leur situation, leurs difficultés, les parents, seuls ou avec enfants, s'y retrouvent pour échanger sur la famille et l’éducation des enfants. Mais aussi trouver une aide très concrète.
« Ici, nous accueillons sans condition préalable, ni inscription, des familles, en particulier celles qui traversent une période de fragilité (absence de logement, précarité, isolement social, situation personnelle compliquée…), explique Violaine Boyance, responsable par intérim. Elles savent que nous sommes à leurs côtés pour effectuer des démarches administratives, trouver un hébergement d’urgence, via le 115, le numéro du Samu social. Nous tenons à leur disposition un ordinateur et un téléphone. À leur demande, nous les accompagnons vers les lieux de distribution alimentaire pour chasser le sentiment de culpabilité ou de honte. Elles peuvent également préparer des repas dans notre cuisine. »
Du mardi au vendredi, la Maison des familles propose des temps d’accueil collectif et d'accompagnement personnalisé, en lien avec des partenaires, pour créer un réseau d'entraide et de soutien, aider les familles à reprendre confiance en elles.« C'est comme à la maison, confie la maman d’un garçon de deux ans et demi et d’une fillette de six mois. On se sent écouté, aidé, on sympathise avec d’autres parents et on voit grandir nos enfants. »

Un lieu pour soi et les autres

Chacun s’accorde une pause, peut participer à des ateliers (alimentation, santé, éducation...), partager ses expériences de vie, ses savoirs professionnels, ses passions (jardinage, bricolage, cuisine, sport…). Mais aussi proposer des temps ludiques et festifs (jeux de société, repas partagés, séjour organisé...).
« Dans ce lieu d’accueil chaleureux et bienveillant, je reprends confiance en moi, confie une maman. Je retrouve une vie sociale. Ma fille de 14 ans se fait des copains, des copines, bricole et s’amuse. » « C’est la maison du bonheur, poursuit une autre maman. Quand j’ai une question, les professionnelles et les bénévoles me conseillent. Ce n’est pas du blabla, mais du sérieux ! Pour faire plaisir, chacun peut proposer une activité. Mon soin du visage avec des produits naturels a bien plu. »
Autant de plaisirs simples ou exceptionnels qui génèrent de la fierté, du bonheur, une nouvelle dynamique.
« Il n’y a ici ni “sachant” ni recette, commente Monique, une bénévole. Juste des vécus singuliers qui créent du lien et nous nourrissent les uns les autres. » « Notre seule et vraie richesse ? Voir évoluer parents et enfants et les revoir nous rendre visite avec plaisir », conclut Brigitte Héridel, la présidente.
Parents, enfants, professionnels et bénévoles à la Maison des familles d'Ermont-Eaubonne © Michel Le Moine/Apprentis d'Auteuil

Créer du lien, redonner confiance

À la Maison des familles d’Ermont-Eaubonne située à Eaubonne dans le Val-d’Oise (95), la philosophie de vie est la même. « L’animatrice, les bénévoles et moi-même accueillons les personnes telles qu'elles sont, dans leur coller une étiquette de familles précaires, logées dans des hébergements d'urgence, sans revenus, précise Gilles Lesueur, le responsable. Elles viennent ici pour s’accorder une pause, oublier un moment les 10m2 de leur chambre d’hôtel, se sentir bien. L'idée est d'avancer ensemble, de sentir que chacun a sa place dans la société. »
Du mardi au vendredi, environ 80 adultes et enfants, soit plus d’une vingtaine de familles, se retrouvent ainsi. Des temps variés rythment la semaine. Le café-papotage du mardi, un moment d'échanges, avec parfois un partenaire extérieur pour approfondir un sujet. Un repas préparé et partagé tous ensemble le mercredi.
« Nous nous assurons que parents et enfants mangent varié et équilibré. Et que les plus démunis ne sautent pas un repas, révèle Gilles Lesueur. En lien avec la banque alimentaire, nous proposerons bientôt le petit déjeuner à la Maison des familles. »
Autres axes de travail de l'établissement : le renforcement du lien enfant-parent, grâce aux activités du mercredi, l'ouverture à toutes les cultures, autour d'un repas de leurs pays d’origine (Afrique du Nord, Afrique subsaharienne, Europe de l’Est, France…). Le vendredi après-midi, les familles disposent de la cuisine pour prévoir les repas du week-end. Pour toutes ces familles qui connaissent la précarité des logements exigus, un lave-linge et un sèche-linge sont tous les jours en accès libre.
La Maison des familles de Nantes Saint-Herblain où l'on se sent accueilli, écouté, aidé © Apprentis d'Auteuil

Construire le présent, inventer l’avenir

Pour le reste, tout est question d’organisation et d’envie ! Bénédicte Utshinga, l’animatrice, a créé un atelier Beauté des femmes, à la demande des mamans qui n’avaient pas le temps ni les moyens de prendre soin d’elles… avec des cosmétiques naturels qu’elles pouvaient fabriquer chez elles. L’été dernier, les familles et les bénévoles ont souhaité aller deux jours à la mer, à Berck et à Fécamp. Malgré le temps médiocre, elles en gardent un souvenir extraordinaire.
« Cet accueil souriant nous donne envie de tout partager, confie une maman de deux garçons et d’une petite fille. Nos connaissances, nos savoir-faire, nos cuisines, pour ne plus être isolés et voyager. Nos enfants, eux, sont très heureux de jouer ensemble ! » D’origine algérienne, elle a ainsi présenté son pays à travers une petite vidéo et un thé gourmand. Mais aussi, partagé son savoir de botaniste, ses connaissances des arbres et de leur rôle dans la forêt. Puis emmené tout le monde pour un jeu-découverte au parc du Val Joli à Eaubonne. « Durant le festival "Un été à Eaubonne", cette maman a animé quatre ateliers sur la découverte et la protection de la nature et la respecter, conclut Gilles Lesueur Le public, enthousiaste, n’a cessé de croître au fil des rendez-vous. Elle a trouvé une vraie, belle et grande place dans la société. »

Les Maisons des familles créées en partenariat

La Maison des familles de Nantes Saint-Herblain a été cofondée par Apprentis d’Auteuil, L'École des parents et des éducateurs (EPE) de Loire-Atlantique et ATD Quart-Monde.
La Maison des familles d'Ermont-Eaubonne par Apprentis d’Auteuil et le Secours catholique.
Ensemble contre la misère Née de l’initiative de Joseph Wresinski, fondateur d’ATD Quart Monde, et de plusieurs milliers de personnes rassemblées sur le parvis des Droits de l’Homme à Paris en 1987, la Journée mondiale du refus de la misère est organisée, chaque 17 octobre, par le collectif Refuser la Misère dont Apprentis d’Auteuil fait partie. Elle donne la parole aux personnes directement concernées par la pauvreté sur leurs conditions de vie indignes, leurs résistances quotidiennes et leurs aspirations. Cette Journée est également l’occasion de rappeler que la misère est une violation des droits humains et non une fatalité.