Loïc Melendo, ancien d'Apprentis d'Auteuil : "Le trail et le vélo comme métiers-passions"

« Mes six années passées à Jean-Marie Vianney, de 1990 à 1996, m’ont permis d’être qui je suis aujourd’hui : un "redoutable" ! lance Loïc Melendo, les présentations à peine faites. Dès qu’une idée me parle, je ne lâche rien. » Dans ses mots, aucun orgueil démesuré, mais une infinie reconnaissance envers ses anciens professeurs et éducateurs des différents établissements d’Apprentis d’Auteuil qui l’ont accompagné à la Côte-Saint-André, commune située à mi-chemin entre Lyon et Grenoble. « Ils comprenaient les besoins de chaque jeune, leur manque d’amour. Tous se montraient bienveillants et souhaitaient la réussite de chacun », ajoute-t-il.

Pourtant, la vie ne s’annonçait pas sous les meilleurs auspices pour l’enfant de Bourgoin-Jallieu. « À 12 ans, je trouvais mes parents durs. Ils me donnaient le sentiment de se désintéresser de moi », avoue-t-il. Le jeune adolescent souhaite envoyer des signaux à ses parents, entre en contradiction permanente avec eux. Il cesse de travailler et finit par être renvoyé de son collège. « Une amie de ma mère, dont l’enfant avait été confié à Jean-Marie Vianney, a suggéré à mes parents de prendre rendez-vous avec le directeur. En septembre 1990, je me suis ainsi retrouvé en Maison d’enfants et en classe CPPN (classe préprofessionnelle de niveau, un dispositif proposé à l’époque pour les jeunes fragiles scolairement, ndlr), "cours préparatoire pour les nuls" comme disaient les jeunes à l’époque. » 

De rencontres en réussites

De ses sept années à Apprentis d’Auteuil (il est accueilli en Maison d’enfants, scolarisé au collège, puis au lycée professionnel, et enfin hébergé au foyer de jeunes travailleurs), Loïc Melendo se souvient de copains sans famille, sans repères, d’adultes bienveillants qui tiennent la barre face à des adolescents écorchés vifs, et d’aventures extraordinaires. En particulier, un voyage en bateau à Séville organisé par la fondation en 1992 en marge de l’Exposition universelle, un pèlerinage à Lisieux, entièrement à vélo, où il découvre le cyclisme et sa vocation de sportif. 

Scolairement, il s’épanouit et obtient son CAP maintenance en bâtiment et collectivités territoriales. Un soulagement. « C’était une première réussite pour moi. Je n’étais plus le nul de la famille ». Il poursuit ses études et réussit le BEP peinture-vitrerie-revêtement. La suite ? Loïc enchaîne les emplois dans le bâtiment en endossant différents postes à responsabilité, tout en s’adonnant durant son temps libre, à sa passion pour la course et le vélo. « En vingt-trois ans d’expérience, je n’ai jamais voulu entrer dans une routine. J’ai toujours respecté les règles et les gens, j’ai partagé savoir-être et savoir-vivre comme on me l’avait appris à Jean-Marie Vianney. » 

Une page se tourne

En janvier 2023, Loïc Melendo saute le pas et fait de ses passions sportives son métier. Il crée avec sa compagne Aurélie Lasalle une agence d’événementiel sportif, LAML Sport organisation, qui conçoit de A à Z des trails et des courses cyclistes. Ils assurent aussi la communication, la logistique et le chronométrage d’événements sportifs. « Aurélie et moi souhaitions travailler pour nous, relève Loïc. Nous sommes complémentaires : elle sait parfaitement mettre en forme et valoriser mes idées. » Pour preuve, tous deux ont déjà organisé avec succès des courses réputées : la Backyard Ultra-Barjots à Chatonnay en Isère, et le trail de Bagnères-de-Luchon en Haute-Garonne. 

En début d’année 2024, Loïc reprend contact avec son ancien établissement et propose de préparer quatre garçons à l’ascension du mont Blanc. « C’était pour moi un juste retour des choses, après tout ce que j’ai reçu là-bas. J’ai été très heureux de partager mon parcours avec les jeunes et de remarquer leur émerveillement. » 

En mai, l’entrepreneur réalise un rêve : racheter la maison de ses grands-parents paternels à Marignac, en Haute-Garonne. Tout un symbole pour Loïc. C’est dans cette maison que, durant son enfance, alors que sa maman était gravement malade, il passe de belles années auprès de ses grands-parents. « Mon petit frère Benjamin, lui, était resté vivre avec mon père... », glisse-t-il. Évoquant ce souvenir doux-amer, il poursuit : « Aujourd’hui tout se passe très bien avec ma famille. C’est à Marignac que je me sens le mieux pour vivre et travailler, avec mes proches dans les environs et le pic d’Aneto, le plus haut sommet des Pyrénées (3 404 mètres), à l’horizon. C’est ici que je veux faire ce que j’aime et surtout, ne jamais abandonner mes rêves. »