Kaua, 16 ans : « Grâce à la médiation, j’apprends à mieux me connaître »
Kaua, 16 ans, est lycéen médiateur. Formé pour aider à résoudre les petits conflits entre ses camarades au sein de son établissement, dans le cadre de la médiation par les pairs, son rôle n’est pas de juger ou de sanctionner, mais de faciliter le dialogue, d’écouter les différentes parties et de les accompagner vers une solution commune et satisfaisante pour tous.
« J’ai découvert la médiation scolaire, ou médiation entre pairs, à mon arrivée au lycée Saint-Antoine l’an dernier, en classe de troisième, grâce à une séance de sensibilisation proposée à tous les jeunes de ma classe.
Deux médiateurs adultes nous ont présenté les grands principes de la méthode et ont proposé des exercices d’entraînement. Ils observaient les élèves durant les exercices. Ils nous ont aussi expliqué que la médiation est un outil qui a fait ses preuves dans de nombreux établissements scolaires et qu'elle permet d’améliorer le climat scolaire, de prévenir et lutter contre toutes formes de violence.
La médiation « par les pairs » signifie que les médiateurs sont des jeunes du même âge ou à peine plus âgés, formés à la médiation, mais avec le statut d'élèves.
Accepter que l’autre puisse avoir un point de vue différent
Juste après la séance, j’ai pu parler aux formateurs de ma motivation. Ils m’ont confirmé que j’avais les qualités requises et qu’il ne faut pas forcément être le plus extraverti de la classe pour faire le job. Je suis donc devenu médiateur et je viens de suivre, avec plusieurs camarades, trois demi-journées de formation dispensées par des adultes médiateurs du lycée, mais aussi deux intervenants de l’association « l’envers de l’art », spécialisées à la formation par la voie théâtrale. Histoire de mieux savoir comment agir concrètement auprès de mes camarades en cas de conflit à régler.
En dehors des médiations, les médiateurs et médiatrices se retrouvent avec les adultes médiateurs du collège. Ils échangent sur les médiations qui ont eu lieu et ils participent à des projets pour faire connaître le dispositif dans l'établissement.
L'intérêt d'une telle formation, je trouve, c'est de savoir notamment accepter que l’autre puisse avoir un point de vue différent, d'apprendre à prendre du recul et d’écouter l’autre en essayant de se mettre à sa place. Sur un plan plus collectif, être médiateur, c'est aussi appartenir à un groupe convivial et apprendre à travailler en équipe en s'engageant pour un collège non violent.
Trouver les moyens de mieux s'entendre
Cette idée de pouvoir aider des garçons et des filles de mon âge à dénouer des conflits m’a tout de suite beaucoup plu. Le but de la médiation n’est pas de prendre parti ou que des élèves en conflit deviennent amis, mais qu’ils trouvent les moyens de mieux s’entendre. Je précise que je ne suis pas responsable de ce qui se passe dans la cour, que je ne juge pas et que ne je ne fais pas la morale.
J’ai grandi avec mes parents et mes deux sœurs au Brésil jusqu’à l’âge de 10 ans, puis, je suis venu en France. Depuis, j’habite chez ma grand-mère maternelle dans une commune pas trop loin du lycée. Je suis d’un tempérament plutôt discret, d’un naturel curieux et j’aime mettre les gens à l’aise et rendre service.
Une mission reconnue
Notre mission est reconnue à Saint-Antoine et comprise par les élèves. On intervient toujours accompagné d’un adulte. L’équipe de médiateurs adultes est composée de six éducateurs et de deux professeurs. Nous avons un local et, avant toute médiation, on reprécise notre rôle aux participants.
Aujourd’hui, même si j’en suis encore à mes débuts, je suis ravi de faire partie des médiateurs formés de mon lycée. Ma mère, qui m’a encouragé dès le départ, est très fière de moi. Le reste de ma famille aussi, notamment un de mes oncles, infirmier, avec lequel je m’entends bien.
Depuis que je fais de la médiation, j’ai l’impression d’avoir changé. Je grandis en maturité et en confiance et je me comprends de plus en plus. Résultat ? Face aux situations difficiles, je gère nettement mieux ! »
Portrait d'ouverture : Geoffroy Lasne/Apprentis d’Auteuil
Le regard de Sandrine Coffinet, éducatrice scolaire, référente médiation au campus Saint-Antoine
« Kaua a rencontré quelques difficultés à son arrivée à Saint-Antoine, le temps de s’adapter, mais nous avons vite perçu son potentiel en matière de médiation. Il est à la fois bienveillant, empathique et a le sens de la confidentialité. Nous sentons qu’il grandit en compétences, jusqu’à peut-être nous dépasser un jour, nous les adultes. Il devient un modèle pour ses pairs, leur montrant que les différends peuvent se régler par le dialogue. Une excellente manière de grandir en humanité et de se doter d’outils précieux pour sa vie future. »
La médiation à Apprentis d'Auteuil
La médiation à Apprentis d'Auteuil s’inscrit dans un projet éducatif et pédagogique contribuant à tisser des liens, au sein de la communauté éducative et à apaiser des tensions relationnelles. Elle concerne uniquement les différends entre jeunes ou entre adultes et jeunes dans un espace de dialogue et d’écoute. Faisant partie intégrante du projet d’établissement, la médiation est un outil de prévention de l’exclusion et une plus-value dans les pratiques professionnelles.
La majorité des conflits entre jeunes et entre jeunes et adultes naissent souvent d’un malentendu et d’une incompréhension mutuelle qu’il est nécessaire de clarifier pour assainir la relation. L’objectif de la médiation est de permettre aux jeunes et aux adultes de l’établissement de renouer un dialogue, avec l’aide de médiateurs adultes et de co-médiateurs jeunes.
Les médiations se déroule dans un lieu convivial garantissant la confidentialité des échanges et le respect des personnes. Elle ne peuvent intervenir que lorsque le recours aux moyens habituels de règlement des tensions et litiges n’a pas produit les effets attendus et ne peuvent se substituer à une procédure disciplinaire
Le dispositif est régi par la Charte de la médiation éducative.
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