
Les bonnes nouvelles de la transition écologique
Si le changement climatique est le plus souvent synonyme de canicule, comme ce fut encore le cas en début d’été, mais aussi de tempêtes, d’inondations et d’autres événements extrêmes, la transition écologique engagée depuis l’accord de Paris en 2015 ainsi que la prise de conscience des citoyens vis-à-vis de l’urgence de la situation commencent à donner quelques résultats encourageants. Par Félix Lavaux
Réunis dans cette petite salle, les salariés sont penchés sur des fiches cartonnées étalées sur la table. Celles-ci proposent de « limiter ses déplacements en voiture », de « baisser son chauffage à 19 degrés » ou de « réduire sa consommation de viande ». Charge à chacun de faire un choix pour faire baisser sa propre empreinte carbone. Le but ? Parvenir, d’ici 2050, à 2 tonnes de C02 par an et par habitant, afin de limiter les impacts du réchauffement climatique et de respecter l’engagement de l’accord de Paris adopté par 175 pays en 2015.
Après les actions individuelles, c’est au tour des choix collectifs dans ce jeu prospectif grandeur nature. Le temps à l’assemblée de désigner un Président, un Premier ministre et des ministres, et ce gouvernement d’un jour doit décider comment il envisage d’atteindre la neutralité carbone en 2050 : faut-il investir dans l’isolation des bâtiments, dans les énergies renouvelables ou inciter les Français à acheter des voitures électriques ? Chaque décision est ensuite entrée dans un simulateur qui permet de voir « en direct » l’impact de ces choix, individuels et collectifs, sur le réchauffement climatique.
L’engouement pour les ateliers
Comme eux, 280 000 personnes ont participé depuis 2019 à ces ateliers 2tonnes organisés en entreprise, à l’université ou dans des associations. « Le créateur des ateliers 2tonnes, faisait le constat que, face à l’ampleur de l’enjeu climatique, on pouvait se sentir un peu démoralisé, explique Louis de Jabrun, son directeur de la communication. Il a donc créé cette activité qui permet de s’emparer des leviers d’action contre le changement climatique, de jouer avec, afin de mesurer ce qu’il faudrait faire dans sa vie pour limiter le réchauffement climatique. » Le précurseur de ces ateliers de sensibilisation, la Fresque du Climat créé en 2018, permet de comprendre les causes et les conséquences du changement climatique en trois heures. L’association totalise aujourd’hui plus de 2 millions de participants dans 168 pays. Et les Fresques se sont depuis démultipliées en Fresque de la biodiversité, du numérique, de l’eau ou de la précarité pour permettre au grand public de comprendre et d’agir face aux défis environnementaux.
Depuis la signature des accords de Paris il y a 10 ans, les Français semblent avoir pris conscience de l’urgence de la situation. Dans un sondage réalisé par l’IFOP en 2023, 85% des personnes interrogées estimaient que l’adaptation de notre société, de notre économie et de nos modes de vie au changement climatique devait être une priorité. Et presque autant (82%) prévoyaient d’êtres impactés directement par ses conséquences dans les dix prochaines années.
Une baisse des gaz à effet de serre en France
Si les indicateurs mondiaux du réchauffement climatique ne vont pas dans le bon sens (Cf. l’interview de Céline Guivarch, coautrice du dernier rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), ci-dessous), certaines bonnes nouvelles sont tout de même à souligner. En France, par exemple, nos émissions de gaz à effet de serre ont diminué de 5,6 % en 2023, après avoir déjà diminué de 2,9 % en 2022. (Source Insee et Ministères territoires, écologie et logement) Des résultats qui s’expliquent par une baisse de la consommation d’énergies fossiles des Français, par des comportements plus sobres, des bâtiments mieux isolés et une météo hivernale plus clémente.
Au registre des bonnes nouvelles, citons également les éco-activités (qui regroupent les entreprises, les administrations et les associations ayant pour finalité la protection de l’environnement ou la gestion durable des ressources naturelles) qui ont progressé plus vite que le reste de l’économie. Cette forte progression des activités éco-compatibles depuis 2004 a notamment été possible par le développement de l’agriculture biologique, des énergies renouvelables et la maîtrise de l’énergie.
Comment limiter son empreinte carbone ?
Alors comment faire au quotidien pour limiter son empreinte carbone ? Le secteur du transport étant le plus gros émetteur de gaz à effet de serre, les transports collectifs ou les mobilités douces (vélo, marche) sont à privilégier plutôt que la voiture individuelle… quand l’alternative est possible. Pour ne pas plomber son bilan carbone, il faut également limiter ses déplacements en avion : un aller-retour Paris-New-York émet plus de 2 tonnes de C02 soit la totalité de notre quota annuel. En matière d’alimentation, privilégiez les produits locaux, de saison et diminuez votre consommation de viande, rouge notamment : un repas de viande rouge consomme 15 fois plus de C02 qu’un repas végétarien. Enfin, opter pour des produits de seconde main et limiter le chauffage de son logement ou de son bureau à 19 degrés en hiver permet à la fois de réduire son empreinte carbone et de faire des économies substantielles.
Deux questions à Céline Guivarch, membre du Haut conseil pour le climat et coautrice du dernier rapport du GIEC
Que faut-il retenir du dernier rapport du GIEC ?
Que la situation s’aggrave malheureusement. On mesure les impacts du changement climatique dans toutes les régions du monde avec des effets négatifs sur les écosystèmes, sur la santé humaine, et de plus en plus d’événements météorologiques extrêmes. La cause ? Les émissions de gaz à effets de serre dues aux activités humaines. Des solutions commencent à être déployées pour les réduire : sobriété énergétique dans les bâtiments, véhicules électriques, transports en commun, mobilités actives (marche, vélo...), changements de régime alimentaire (moins de viande). Ces solutions résultent de décisions individuelles, mais aussi de décisions collectives pour transformer nos infrastructures, nos modes de vie.
La baisse des émissions de gaz à effet de serre en France est-elle le signe que nous allons dans bon sens ?
Les gaz à effets de serre sur le territoire sont à la baisse depuis 1973 ! La baisse s’est même accélérée cette dernière décennie. Les émissions de la France sont de 6 tonnes de CO2 par an et par habitant, ce qui correspond à la moyenne mondiale. On peut donc vivre confortablement tout en ayant une baisse de notre consommation de CO2. Mais nous ne sommes pas pour autant sur la trajectoire que la France s’est fixée avec les accords de Paris. Pour cela, il faudrait amplifier la baisse de nos émissions de 30 %. Au niveau mondial, les émissions des gaz à effet de serre continuent à augmenter, mais à un rythme moins rapide. Notre objectif est qu’elles baissent le plus rapidement possible. La bonne nouvelle vient de la Chine, car c’est la première fois que le premier émetteur de gaz à effet de serre au niveau mondial baisse ses émissions alors que la demande énergétique augmente.
Pour en savoir plus
- www.nosgestesclimat.fr : pour calculer son empreinte carbone en 10 minutes avec l’ADEME
- www.ademe.fr : le site de l’agence publique de la transition écologiques
- www.2tonnes.org : le site des ateliers 2tonnes pour organiser un atelier
- www.fresqueduclimat.org : le site de l’association la Fresque du Climat
À Apprentis d’Auteuil
L’écologie intégrale fait partie des orientations prioritaires du projet stratégique de la fondation. Celle-ci a réalisé son premier bilan carbone en 2022, afin de mesurer ses émissions de gaz à effet de serre et de les réduire. Fanny Varago, chargée d’écologie quotidienne à Apprentis d’Auteuil, accompagne les équipes vers une alimentation plus saine et durable, et vers des pratiques plus écologiques grâce, par exemple, à une boîte à outils de ressources éducatives (affiches, jeux, guides...) Elle propose aux jeunes des solutions de déplacement bas carbone (vélos ou scooters électriques) : « Accompagner les jeunes et les collaborateurs dans la transition écologique est essentiel pour qu’ils puissent devenir les acteurs d’un monde meilleur où les humains vivent en harmonie avec leur environnement. »
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