Société

Alexandre Jardin : "Devenons acteurs d'un nouveau roman national"

Romancier, cofondateur de l’association Lire et faire lire, Alexandre Jardin rassemble, aujourd’hui, les hommes et les femmes qui améliorent la vie de leurs concitoyens. Pour redonner, à chacun, le goût d’agir et de vivre ensemble.

En mars 2014, vous lanciez Bleu Blanc Zèbre, un mouvement citoyen. Quel était votre objectif ?

Repérer et rassembler les acteurs de la société civile (entrepreneurs, associations, maires, acteurs des services publics…) qui, en France, mènent des actions concrètes pour l’éducation, la santé, l’emploi, le logement, trouvent des solutions aux maux qui rongent notre société. Ce sont des hommes et des femmes qui travaillent à un présent et à un avenir meilleurs, et qui conquièrent ainsi une légitimité et un crédit moral. Il s’agit de faire autrement pour la nation en trouvant une idée simple, en s’appuyant sur des hommes et des femmes pragmatiques, créatifs, enthousiastes, et sur les réseaux sociaux.
Cette année, nous avons ouvert un site Internet pour communiquer et mieux impliquer la population.

Vous avez également publié, au mois d'avril, Laissez-nous faire ! On a déjà commencé. Pourquoi ?

En publiant ce livre, j’ai imprimé ma stratégie de changement pour le pays, avec des règles très précises. Je fixe également la fin du mouvement Bleu Blanc Zèbre à Noël 2017, avec une immense fête. Je veux embarquer la nation ! Je veux que la France redevienne une société de gens responsables qui se prennent en main et cessent de penser que tous les maux de la terre viennent des politiques. Le problème, c’est nous, les citoyens ! Que savons-nous faire ? Que pouvons-nous faire ? Activons toutes nos ressources, additionnons tous nos talents, tous nos savoir-faire pour en faire bénéficier le plus grand nombre. Et d’ici l'élection présidentielle de 2017, proposons aux partis républicains une alliance sous forme de contrats de mission dans le domaine social, économique ou artistique, sur lesquels ils s’engageraient à nous laisser agir une fois élus. Je retrouverai alors ma vocation profonde : écrire des romans.

En 1999, vous cofondiez Lire et faire lire (1) pour développer le plaisir de la lecture et la solidarité intergénérationnelle. Comment expliquer cette soif d'agir ?

J’ai toujours ressenti en moi une pulsion civique : vivre parmi un peuple d’acteurs et non de spectateurs de leur vie.
Avec Lire et faire lire, je me suis inspiré des membres de l’Office des retraités et des personnes âgées de Brest qui, en 1985, à la demande d’un instituteur, ont participé au bon fonctionnement de la bibliothèque de l’école Nattier, avant d’élargir leur intervention à la lecture.   
L’association compte, aujourd’hui, 16 000 bénévoles retraités qui transmettent le plaisir de lire à des centaines de milliers d’enfants dans des écoles maternelles et primaires. Ils aident ainsi l’école à réussir, à créer un immense programme d’intégration de tous les enfants, fondé sur l'affectivité et la tendresse. 

Comment les adultes peuvent-ils redonner aux jeunes, outre le goût de lire, le goût d’apprendre ?

En faisant confiance aux enseignants, à leurs expérimentations, à leurs projets… sans les tancer dès qu’ils sortent des cases. Je ne crois pas aux réponses générales. Je préfère celui qui, avec une certaine culture, une certaine vision du monde, sait quoi faire, où, quand et comment.

140 000 jeunes quittent, tous les ans, le système scolaire sans diplôme ni qualification. Une urgence pour vous ?

C’est peut-être l'urgence de toutes les urgences, car elle peut entraîner des problèmes de délinquance, de drogue, de chômage… Cette urgence passe aussi par l’art de nommer le réel avec sincérité. Il faut dire les choses sans crainte. Nous avons un devoir de vérité

Vous citez saint Bernard de Clairvaux : "Ce que nous vivons crie bien plus fort que ce que nous disons". Vous inspire-t-il ?

Les "Faizeux" de Bleu Blanc Zèbre ne disent – ne promettent – rien. Contrairement aux "Dizeux", ils agissent pour le redressement et le retour de la joie dans notre pays. Nous ne pouvons pas modifier le réel sans joie. La joie du partage. Elle est le moteur du monde.
J’aime également les mots de Benjamin Disraeli, Premier ministre de la reine Victoria : "La vie est trop courte pour être petite". Le passage sur Terre doit être magnifique.

Quel est votre plus grand bonheur ?

Le bonheur d'être soi et d'être ensemble. Quelle que soit notre histoire, retrouvons joie et confiance. Ayons la passion folle de contredire la fatalité. Lançons une véritable révolution solidaire. Devenons les héros d’une nation qui se recommence. Un grand peuple est riche de ses vieux rêves et des folies complètes qu’il s’est parfois autorisé. (1) Lire et faire lire est un programme de développement du plaisir de la lecture et de la solidarité intergénérationnelle en direction des enfants fréquentant les écoles primaires et autres structures éducatives (centres de loisirs, crèches, bibliothèques..).

À lire
Laissez-nous faire ! On a déjà commencé
Alexandre Jardin
Éd. Robert Laffont

À consulter
www.bleublanczebre.fr
www.lireetfairelire.org