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Protection de l'enfance

Rapport de la CNAPE : en protection de l'enfance, mieux associer les parents à l'accompagnement de leurs enfants

 La Convention nationale des associations de protection de l'enfant (CNAPE) pointe dans son dernier rapport  l'insuffisance association des parents à l'accompagnement de leur enfant placé, pourtant essentielle à son évolution. Explications de Bérangère Dejean, conseillère technique et auteure du rapport.

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Les parents ne sont pas assez associés à l'éducation de leurs enfants placés. C'est le constat d'un rapport publié par la CNAPE (Conseil National de la Protection de l'Enfance). Explications de son auteure, Bérengère Dejean.

Pourquoi ce rapport sur le travail avec les familles en protection de l'enfance  ?

Avec plusieurs partenaires du secteur, la CNAPE fait le constat que la manière dont les professionnels de la protection de l’enfance travaillent avec les familles pose encore question.

Il faut faire avancer la réflexion sur ce sujet récurrent, compliqué à vivre pour les parents qui aspirent à être davantage reconnus et demandent que leur parole soit entendue. Nous sommes convaincus qu’il est possible d’accompagner autrement les familles. Il faut s’en donner les moyens. 

En quoi cette thématique est-elle complexe ?

En protection de l’enfance, la place des parents est marquée par des relations compliquées avec les professionnels. Les éducateurs ont certes pour mission de soutenir les parents rencontrant des difficultés éducatives, mais leur objectif central est bien la prévention des risques encourus par les enfants. Ce qui peut les conduire, dans certains cas, et pour leur protection, à retirer les jeunes de leur milieu familial.

Les professionnels doivent davantage réfléchir à leurs manières de faire, parfois à leurs postures de surplomb dont ils ne sont pas toujours conscients, même si elles partent souvent d’une vraie volonté de soutien et d’accompagnement. Là est tout l'enjeu, délicat, de leur mission.

MECS - un chef de service en entretien avec une maman et son fils
Un chef de service d'une Maison d'enfants d'Apprentis d'Auteuil en entretien avec une maman et son fils : parents et professionnels partenaires au service de l'enfant (c)JP Pouteau/Apprentis d'Auteuil

Quels constats essentiels avez-vous fait ? 

Un trop grand nombre de professionnels perçoivent encore les familles comme "dysfonctionnantes" et ne recherchent pas leurs compétences ou leurs ressources. 

De leur côté, les parents éprouvent souvent de la méfiance, se sentent disqualifiés et n’osent pas prendre la parole. Ils n'expriment, du coup, pas toujours leurs besoins et certains d'entre eux vivent les mesures dont ils font l'objet comme un jugement négatif posé sur leurs pratiques éducatives.

Malgré certaines évolutions conceptuelles et législatives mises en place ces dernières années par les pouvoirs publics en protection de l'enfance, dans les faits, les parents sont loin d’être systématiquement associés à l’éducation de leurs enfants placés. Quant aux actions de soutien ou de renforcement de la fonction parentale existantes, elles sont très inégales selon les territoires, jusqu’à être inexistantes dans certains.

Nous déplorons que le soutien à la parentalité reste encore beaucoup trop le "parent pauvre" du placement de l'enfant, souvent faute d'un financement de la part des Départements aux associations de protection de l’enfance.

Quelles sont vos recommandations ?

Pour faire évoluer les pratiques, la question de la formation initiale des professionnels est essentielle. Elle doit s'appuyer sur les ressources des parents et fournir aux travailleurs sociaux les bases nécessaires pour les rechercher et les soutenir.

Elle doit développer leur savoir-être vis-à-vis des familles, les aider à appréhender les enjeux et les freins éventuels à l’implication des parents, mais aussi l’impact de l’environnement et du contexte de vie sur les situations. 

Il s’agit également de sensibiliser les étudiants à certaines approches, telles que le renforcement du pouvoir d’agir des familles.

Nous préconisons enfin le recours à des tiers (bénévoles, parrains, médiateurs, etc.) et la mise en place ou le développement d’outils comme les groupes de parole de parents. Sans oublier la participation des familles aux projets d’établissement et/ou de services, ce qui est loin d’être encore fait de manière systématique.


À  LIRE : LE TRAVAIL AVEC LES FAMILLES dans le cadre d’une mesure d’accueil en protection de l’enfance

APPRENTIS D'AUTEUIL AGIT AVEC LES FAMILLES

Une des missions d’Apprentis d’Auteuil concerne la prévention et la protection de l’enfance. À ce titre, la fondation accueille près de 6000 enfants et adolescents en danger ou en risque de l’être, confiés par les Départements via l’Aide sociale à l’enfance en Maisons d’enfants à caractère social.

À côté des Maisons d'enfants, Apprentis d’Auteuil développe également d’autres solutions, telles que le placement de l’enfant et son suivi au domicile de la famille.

Cet accompagnement est irrigué par le projet éducatif de la fondation, qui a fait du « Penser et agir ensemble » un de ses axes majeurs où la famille a toute sa place.

Directeur du pôle Protection de l’enfance d'Apprentis d’Auteuil, Baptiste Cohen souligne : « Dans nos établissements, nous appliquons une logique d’accompagnement non stigmatisante, dans laquelle une alliance éducative parents-professionnels est mise en œuvre. Les parents ont besoin de reprendre confiance dans leur capacité à être de bons parents. En imaginant et en inventant sans cesse de nouvelles modalités relationnelles avec eux, nous les encourageons et portons sur eux un regard bienveillant de manière inconditionnelle, dans le respect de leurs histoires personnelles et quand bien même la restauration de leurs capacités parentales n’est pas toujours possible. Pour mieux faire humanité tous ensemble. »