Plaidoyer
17 janvier 2018

Apprentis d'Auteuil prend la parole à l'ONU

La France a été auditionnée lundi 15 janvier par le Conseil des droits de l’homme des Nations Unies à Genève. Apprentis d’Auteuil a pris la parole le même jour sur place, sur la question des mineurs non accompagnés. Explications de Jonathan Tetas, chargé de Plaidoyer.

En quoi a consisté l’audition de la France lundi à l’ONU ?

Jonathan Tetas, chargé de Plaidoyer

Comme tous les quatre ans, la France a été entendue lundi matin par le Conseil des droits de l’homme à Genève, dans le cadre de l'examen Périodique Universel (EPU), une audition qui consiste à passer en revue les réalisations de l’ensemble des 193 Etats membres de l’ONU dans le domaine des droits de l’homme. Chaque Etat présente à son tour les mesures qu’il prend dans ce domaine pour améliorer la situation sur son territoire, à l’organisme international. La France, faisant partie des 14 Etats examinés ce mois-ci, s’est exprimé lundi dernier...

Comment expliquer la présence d’Apprentis d’Auteuil à Genève ?

En complément du rapport remis par chaque Etat à l’ONU avant l’Examen périodique universel, les ONG accréditées de chaque pays, comme nous le sommes désormais, peuvent produire des observations écrites en amont. Nous avions ainsi déjà formulé des recommandations à la France sur les jeunes les plus vulnérables, en partenariat avec le Secours catholique en juin dernier, en matière de droit à l'éducation, d'insertion professionnelle et de protection de l'enfance, sans oublier la situation particulière des jeunes en outre-mer.  
En lien avec ces recommandations écrites, nous avons, en plus, pu prendre la parole lundi après-midi dernier, dans les locaux de l’ONU, en présentant le témoignage d’un jeune mineur non accompagné (MNA), lors d’une conférence organisée à l’invitation du collectif "Ensemble contre la traite des êtres humains", coordonné par le Secours catholique. Ce collectif regroupe, depuis 2007, vingt cinq associations françaises engagées de façon directe ou indirecte auprès des victimes de la traite, en France ou dans les pays de transit et d’origine.

Pourquoi Apprentis d’Auteuil a choisi de s’exprimer, et en particulier sur la question des mineurs non accompagnés ?

La salle de conférence des Nations Unies à Genève. Photo : Apprentis d'Auteuil

La participation d’Apprentis d’Auteuil à ces débats en tant qu’ONG invitée constitue une opportunité intéressante de porter un plaidoyer national dans un cadre international. En effet, être entendu sur le sujet des droits de l'homme, et en particulier lundi dernier sur la situation des mineurs non accompagnés, peut permettre la reprise d'une ou plusieurs de nos recommandations par la France auditionnée lundi. Pour dire les choses autrement, par notre présence en des lieux emblématiques comme celui de l'ONU, nous nous faisons davantage connaître en démontrant notre engagement et notre expertise via une chambre d’écho internationale.

Comment s’est déroulé le témoignage du jeune M'Bemba ?

Lors de la conférence, nous avons projeté le témoignage vidéo de M’Bemba, ex mineur non accompagné, suivi depuis la rentrée de septembre dernier par le Foyer de Jeunes Travailleurs de notre établissement Jean-Marie Vianney, situé à la Côte Saint-André, en Isère. M'Bemba, actuellement en stage, vient d'achever le parcours d'insertion "Sup de Pro", proposé sur place durant 9 semaines et qui permet à des jeunes déscolarisés, comme lui, de se remettre en route scolairement et professionnellement grâce à des cours, des stages et surtout un suivi personnel individualisé. D'abord passé par une association de Grenoble, l'ADATE, spécialisée dans l'accueil et le suivi des migrants, puis par une famille d'accueil avant de rejoindre Apprentis d'Auteuil, M'Bemba n’a pas pu être présent physiquement à Genève, mais il souhaitait partager son parcours et son expérience. Romain Vicat et Linda Bounaj, animateur et travailleuse sociale de son foyer, ont dit à cette occasion quelques mots à l’assemblée sur sa situation, emblématique des difficultés auxquelles sont confrontées les jeunes MNA suivis par des associations ou fondations comme la nôtre.
À Apprentis d’Auteuil, nous partons du principe que l'accueil que nous devons réserver à ces jeunes doit être équivalent, dans la qualité de sa prise en charge, à celui de tout autre mineur placé sous la protection de l’Etat français. Nous portons un regard et un message d’espérance sur ces jeunes et pensons qu’ils sont avant tout une richesse pour toutes celles et ceux qui les découvrent et les côtoient.

Le parcours de M'Bemba, ex mineur non accompagné

"Originaire de Guinée-Bissau, un pays d'Afrique de l'Ouest situé entre le Sénégal et la Guinée, M’Bemba a 18 ans, expliquent Romain Vicat et Linda Bounaj, animateur et travailleuse sociale de son foyer. Il a connu un parcours très difficile à travers la Libye et l’Italie, avant d’arriver à Grenoble, puis de se retrouver dans notre Foyer de jeunes travailleurs à la Côte Saint-André. Il souhaitait, bien entendu poursuivre sa scolarité. Or, pour accéder à une scolarité, il faut accéder à des papiers. M'Bemba s'est retrouvé confronté à un million de démarches pour les obtenir. En attendant, les jeunes mineurs non accompagnés (MNA) comme lui ne peuvent rien faire. La volonté de M’Bemba d’accéder à une scolarité, à un diplôme et au monde du travail correspond à celle de beaucoup d'autres jeunes MNA dans la même situation que lui."