Plaidoyer

1975 : accueil des premiers mineurs non accompagnés à la fondation

Aujourd’hui, Apprentis d’Auteuil accueille près de 1000 jeunes étrangers, des mineurs non accompagnés fuyant les conflits, la misère et l’exploitation. À l’occasion de son 150e anniversaire, retour sur une des grandes étapes de l’évolution de la fondation : l’arrivée des premiers jeunes venus d’Asie, dans les années 1970.

Des jeunes "boat people" en classe dans les années 70
Des jeunes "boat people" en classe dans les années 70

Mars 1975. Le régime du Sud Viêt Nam s’effondre. Des milliers de personnes quittent leur pays sur des embarcations de fortune, phénomène médiatisé sous le nom « boat people ». Devant le drame qui se joue en mer, des associations se créent et organisent des missions humanitaires. Sans mandat explicite des services de protection de l’enfance, uniquement mû par sa tradition d’accueil aux plus démunis, Apprentis d’Auteuil ouvre ses portes à des enfants et à des adolescents venus du Viêt-Nam, du Laos, du Cambodge. Un engagement qui rappelle celui de l’abbé Roussel en 1884 (1) : « Notre établissement d’Auteuil a toujours été un asile essentiellement cosmopolite. Nous y avons déjà vu passer à peu près toutes les nations de l’univers et nous n’éprouvons pas plus d’étonnement en recevant un Chinois ou un Canaque qu’en accueillant un Breton ou un Berrichon. » Cet accueil de jeunes du sud-est asiatique se poursuit jusqu’à la fin des années 1980.

Des Mineurs non accompagnés de Lorient. JP Pouteau/AA
Des Mineurs non accompagnés de Lorient. JP Pouteau/AA

Un nouveau tournant est pris en août 2001, quand les services de l’Aide sociale à l’enfance de Paris demandent à la fondation d’accueillir en urgence douze jeunes Roumains. « La représentation que nous avions alors de ces jeunes, c’est l’enfant dans la rue qui se nourrit des poubelles, explique François Content, alors directeur général d’Apprentis d’Auteuil (2). Cela rejoignait d’une manière extrêmement forte les origines de la fondation. La réponse était oui, évidemment. » Les établissements Notre-Dame, dans l’Eure, les accueillent, réalisent des bilans de santé, leur apprennent le français, réfléchissent à leur avenir. D’autres jeunes, roumains puis chinois, dont certains étaient victimes de prostitution, suivent. 

En 2006, avec de nouvelles lois en matière d’immigration, une reconduite à la frontière pour les plus de 18 ans devient possible. Fidèle à sa parole et à son projet, la fondation réaffirme devant les autorités sa volonté d’aller au terme de leur formation. Aujourd’hui, un millier de Mineurs non accompagnés (3) sont accueillis et accompagnés dans différents dispositifs d’Apprentis d’Auteuil, au titre de la protection de l’enfance et de la Convention internationale des droits de l’enfant. « La fondation travaille étroitement avec les pouvoirs publics, comme avec ses partenaires nationaux et internationaux sur ces problématiques complexes, conclut Nicolas Truelle. Et continue à s’engager auprès de ces jeunes, pour qu’ils puissent envisager leur avenir avec confiance. »

(1) La France illustrée
(2) A l’écoute n°165 (décembre 2008-janvier 2009)
(3) Anciennement appelés Mineurs isolés étrangers