Accompagner les tout-petits dans leur développement
Plus de 1 300 enfants sont accompagnés dans les crèches d’Auteuil Petite Enfance (APE). Au cœur de ses missions d’accueil, d’accompagnement et de prévention, le développement et le bien-être du tout-petit. Plongée dans le quotidien de trois crèches d’APE : Balthazar à Strasbourg, Des Premiers Pas à Nantes et Les Petits Anges à Perpignan.
Un matin, à la crèche Balthazar de Strasbourg. Le jardin aménagé pour les petits est encore plongé dans la brume. Passé le sas d’entrée ou l’on ôte son manteau et où les parents revêtent des sur-chaussures en tissu, voici un vaste hall où sont accueillis les petits. Loris, 2 ans et demi, déborde d’énergie. « Viens dire bonjour à tout le monde », lui demande sa maman. « Non ! ». « Tu viens Loris ? » lancent les professionnelles de la crèche. « Non ! » répète l’enfant, tout en s’engouffrant dans la pièce des Z’aventuriers, visiblement pressé de retrouver les jeux et les copains. Cet espace de vie est réservé à l’accueil des enfants accueillis sur une tranche horaire élargie, de 5h30 à 22 h, pour les parents qui embauchent tôt ou terminent tard, travaillant par exemple dans la grande distribution ou à l’hôpital. L’équipe s’adapte : les petits du matin arrivent en pyjama et poursuivent leur nuit dans les espaces dédiés au sommeil. Ils prendront plus tard leur petit-déjeuner, à leur réveil. Léonce, la maman de Loris, confie : « Je travaille de nuit auprès de personnes en situation de handicap. Cette crèche et ses horaires d’ouverture me conviennent tout à fait ! Je suis contente de cette crèche. J’ai eu un accueil magnifique. »
Les professionnelles - psychomotricienne, éducatrices de jeunes enfants, etc. - accueillent parents et enfants, échangent quelques mots sur la nuit écoulée, l’humeur du matin, donnent les dernières nouvelles qui seront consignées dans un cahier de liaison. Puis les parents quittent l’établissement et chaque enfant se retrouve au calme pour le rituel d’accueil du matin. Rassemblés sur un grand tapis, les petits entonnent avec une professionnelle la chanson du bonjour, soulignée en langue des signes et ponctuée par le prénom de chacun.
Un accueil et un cadre chaleureux
Auteuil Petite Enfance (APE) compte seize crèches réparties sur le territoire. Ses missions : accueillir chaque enfant dans le respect de ses besoins spécifiques, favoriser son éveil et son développement affectif, moteur, sensoriel et langagier. Engagées dans la lutte contre les inégalités et le déterminisme social, les crèches APE sont implantées dans des quartiers où prévaut une mixité sociale, un grand nombre sont situées dans les quartiers prioritaires de la ville (QPV) : Balthazar dans le quartier de Hautepierre à Strasbourg ; Des Premiers Pas à Nantes, près des quartiers QPV de Bellevue et des Dervallières.
70 % des familles sont confrontées à des situations de précarité : logement exigu, parfois en hôtel social, voire à la rue, problèmes de santé, d’emploi, de formation... Les équipes sont particulièrement sensibles aux situations familiales et aux besoins accrus de soutien et d’accompagnement dans le développement des enfants. Dans les crèches à vocation d’insertion professionnelle, elles accompagnent les parents dans leur recherche de formation et d’emploi. Elles veillent également à prévenir des difficultés, peuvent alerter les parents en cas de retards de développement et les accompagner, en lien avec la Protection maternelle et infantile et le médecin de secteur. « Plus on accompagne les enfants et leurs familles précocement, plus on prévient les difficultés auxquelles ils et elles pourront être confrontés plus tard, avance Rodina Noël-Sar, directrice de la crèche Des Premiers Pas à Nantes. Nous souhaitons offrir un accueil ajusté et de qualité à ces familles, mais aussi à ces enfants, issus de différentes cultures. Nous souhaitons que les familles se sentent ici suffisamment en confiance. »
L’enfant et ses besoins au cœur du projet d’APE
Dans les crèches d’APE, tout est mis en œuvre pour le bien-être de l’enfant, son éveil, son épanouissement, sa découverte de lui-même, des autres et du monde qui l’entoure. En respectant le rythme de chacun.
Exemple à la crèche Des Premiers Pas. Cet après-midi, dans la section des bébés, le calme règne. Youcef, 3 mois, est allongé sur le tapis. Charles fait du quatre pattes. Fatoumata est tranquillement installée dans une petite coquille en plastique orange, prête à s’endormir. Les autres enfants sont déjà partis à la sieste dans les chambres attenantes. « Avec les tout-petits, notre rôle est de nous adapter et de répondre à leurs besoins, explique Bérangère, éducatrice de jeunes enfants. Compte tenu de leur âge, nous faisons beaucoup de maternage. Nous les aidons simplement à grandir à leur rythme. »
Chez Les Petits Anges, à Perpignan, le bien-être du petit est aussi central. « L’enjeu est que les enfants passent les meilleures journées possibles dans un cadre non familial », explique Adrien Bonet, le directeur, dont la crèche accueille une trentaine d’enfants dans le centre-ville de Perpignan. Les parents font partie intégrante du projet, avec au cœur, la confiance. Outre les rencontres proposées sur l’alimentation, le sommeil, la prévention bucco-dentaire..., les parents sont conviés à participer aux ateliers conçus pour les enfants. Ils entrent ainsi dans l’univers de leur enfant, changent de posture, se laissent guider. « Ils sont plus à l’écoute et observateurs de leur enfant, poursuit le directeur. Cela modifie la relation et la renforce. »
L’enfant, son développement harmonieux, sont au centre de l’attention dans toutes les crèches d’APE. Les équipes sont formées dans les domaines de la petite enfance : éveil, psychomotricité, accompagnement des émotions, neurosciences, sensibilisation aux violences éducatives ordinaires, comme les « douces violences » qui désigne le fait d’imposer de façon répétée un geste à l’enfant, sans le prévenir. Les professionnelles de la crèche de Nantes, formées à ce concept, veillent à respecter l’enfant, dès tout-petit, et à instaurer le climat bienveillant dans lequel il pourra s’épanouir. « Nous sommes particulièrement vigilants vis-à-vis des violences éducatives ordinaires comme moucher un enfant sans son accord ou prononcer des paroles stigmatisantes. Nous sommes dans la bienveillance, ce qui n’empêche pas de fixer un cadre, enchaîne la directrice de la crèche de Nantes. En termes de pédagogie, nous veillons à respecter l’intimité, la personnalité et la sensibilité de chaque enfant, qu’il parle ou pas encore. »
Favoriser l’éveil de l’enfant
Pour éveiller les enfants et communiquer plus facilement avec eux, la parole s’accompagne de gestes et parfois de la langue des signes. C’est le cas à la crèche Des Premiers Pas qui en fait un des éléments de son approche pour permettre aux petits de s’exprimer, en particulier ceux qui ne parlent pas encore, et propose d’y initier les parents. L’image est également un vecteur de communication privilégié. À la crèche Balthazar, les professionnelles présentent aux enfants les ateliers qu’ils pourront choisir, pictogrammes à la main : patouille avec la peinture, perles, salle zen où ils pourront se détendre dans une lumière bleutée. Une fois réunis dans la salle commune, chaque enfant se dirige de lui-même vers la table qui porte le picto de son choix. De même, pour faire comprendre aux enfants ce qui est permis et ce qui ne l’est pas, plutôt que des panneaux barrés d’une croix, l’équipe a opté pour des images sur fond de couleur : quand c’est vert, c’est permis, quand c’est rouge, ça ne l’est pas. « Tu ne peux pas mordre le copain, mais tu peux lui parler. Par contre, tu peux mordre dans ce jouet ! » explique une auxiliaire de puériculture.
Les langues et les cultures à l'honneur
Le langage et l’expression sont mis à l’honneur : histoires, chansons, contes mimés... À Balthazar, une boîte à histoires offre aux enfants un bain de langues. Les parents enregistrent un conte dans leur langue maternelle, qui est ensuite présenté plusieurs fois aux enfants à l’aide de marionnettes. Les différentes langues et cultures présentes à la crèche sont ainsi valorisées, créant pour l’enfant un socle solide sur lequel s’appuyer. « Nous sommes dans la recherche d’innovation, explique Aude Le Mentec, la directrice, et de ce qui faire grandir les enfants tout en leur faisant plaisir. »
Dans ces lieux de vie que sont les crèches d’APE, débordant d’énergie et de bienveillance, le monde est vu et appréhendé à hauteur d’enfant. Le lien de confiance qui se noue entre les professionnels, les familles, les enfants, n’est pas pour rien dans leur succès. « La qualité d’accueil est dirigée vers tous les enfants, et c’est ce qui permet l’égalité des chances, conclut Adrien Bonet. J’espère qu’on aura planté des petites graines qui vont leur permettre d’avoir la stabilité et la confiance pour vivre leurs expériences le mieux possible. Que les enfants puissent exister par eux-mêmes, se construire des ressources pour surmonter leurs difficultés et découvrir de la manière la plus sereine possible le monde qui les attend. »
ZOOM
-Création 2010
-Plus de 1300 enfants accueillis
-4 % en situation de handicap)
-1 100 familles accompagnées
-82 % de financements publics
-16 établissements d’accueil du jeune enfant
-1/3 situés en Quartier prioritaire de la ville (QPV)
-5 espaces et dispositifs de soutien à la parentalité
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