Association Graines de Bitume à Madagascar - 2 enfants en situation de rues, Priscilla et Tania
International

Graines de Bitume : un espoir pour les enfants de Madagascar

Ce 12 avril, Journée internationale des enfants en situation de rue, coup de projecteur sur l’association franco-malgache Graines de bitume. Partenaire d’Apprentis d’Auteuil Océan Indien, elle offre à des jeunes âgés de 4 à 25 ans un abri, un accompagnement, la possibilité d’aller à l’école et d’accéder à un emploi. Et permet aux familles de renouer des liens, pour un présent et un avenir meilleur. 

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À Madagascar, l’association Graines de bitume permet à des jeunes âgés de 4 à 25 ans de vivre en sécurité, d’aller à l’école ou de trouver un emploi. Pour un présent et un avenir meilleur.

Depuis l’an 2000, année de sa création, l’association Graines de bitume implantée à Antananarivo, capitale de Madagascar, poursuit inlassablement ses missions auprès des enfants vivant dans la rue, toujours plus nombreux. Sans faillir, les éducateurs arpentent les rues pour repérer les enfants errants et leur proposer un accompagnement, un autre quotidien. 

Association Graines de Bitume à Madagascar - Des enfants en situation de rue
Tania (de face) et Priscilla (t-shirt orange), deux fillettes en situation de rue bientôt accueillies par l'association Graines de Bitume. © Viviane Rakotoarinony/Apprentis d'Auteuil

C’est un jour comme un autre qu’Hery Randrianarisoa, responsable du programme pédagogique et de l’animation de Graines de bitume, a rencontré Priscilla et Tania, toutes deux âgées de 6 ans. 

Priscilla vivait dans la rue avec sa maman, Fidéline, 28 ans et son grand frère âgé de 13 ans. La famille s’était construit un semblant de refuge le long d’une voie ferrée, fait de sachets plastiques, à Anosibe, un des quartiers les plus pauvres d’Antananarivo. Au petit matin, tous les trois se hâtaient de démonter leur abri avant que les commerçants n’investissent les lieux et installent leurs étals. Priscilla, livrée à elle-même dès son plus jeune âge, a passé ses premières années à mendier dans les rues de la capitale, exposée à tous les dangers : violences physiques, viol, trafic et consommation de drogues...

Mère célibataire sans emploi, Fidéline ne pouvait subvenir aux besoins de ses enfants, encore moins les envoyer à l'école. « Je veux vraiment que, grâce à vous, ma fille soit scolarisée et qu’un jour elle devienne juge » a-t-elle glissé, pleine d’espoir, à Hery Randrianarisoa.

 

Association Graines de Bitume à Madagascar - Hery Randrianarisoa, responsable du programme pédagogique et de l'animation, avec les enfants
Hery Randrianarisoa, responsable du programme pédagogique et de l'animation de Graines de bitume, accompagne Priscilla et Tania vers l'association © Viviane Rakotoarinony/Apprentis d'Auteuil

Sortir les enfants de la rue

Tania, son amie, vivait dans les mêmes conditions d’insalubrité et de promiscuité avec ses parents et ses cinq frères et sœurs. Sa maman est sans travail, son père gagne quelques sous en transportant en charrette du riz et d’autres denrées alimentaires. « J’ai toujours aimé m’occuper des enfants, confie Hery Randrianarisoa en aparté, pour expliquer son engagement auprès des plus vulnérables. Tout mettre en œuvre pour voir Priscilla, Tania et les autres réussir est ma plus grande fierté, ma plus grande satisfaction. » 

Association Graines de Bitume à Madagascar - 2 enfants des rues, Priscilla et Tania et leurs mamans
Priscilla, Tania et leurs mamans heureuses d'être accueillies et soutenues par Graines de bitume © Viviane Rakotoarinony/Apprentis d'Auteuil

Construire son projet de vie

Sur l’île de Madagascar, la situation des enfants est dramatique et ne cesse de s’aggraver. Les parents, souvent des mères seules, sont nombreux à souffrir de problèmes de santé ou d’addiction, survivent avec des petits boulots informels ou la mendicité. Ils vivent dans la rue, dans des lieux insalubres ou des abris de fortune.  

Graines de Bitume offre à ces familles un environnement où chacun peut se sentir en sécurité et protégé. L’association répond également à leurs besoins fondamentaux (alimentation, hygiène, etc.), aide les enfants à retrouver le chemin de l’école ou de la formation professionnelle. Elle accompagne également les familles dans leurs démarches administratives et juridiques. Et les éveille aux soins et à l’attention à prodiguer aux enfants. « Notre objectif est de donner à chaque jeune le goût d’apprendre, les outils pour construire son projet de vie, devenir autonome et trouver sa place dans la société », résume Christine Magny, coordinatrice de Graines de bitume.

Concrètement, le centre d’accueil de l’association offre aux enfants et aux adolescents une prise en charge médicale, sanitaire et psycho-sociale. Elle leur permet de bénéficier d’un repas et d’une collation par jour. Elle prépare également leur avenir via des ateliers d’orientation et de développement personnel, des cours d’éducation civique et morale, des activités artistiques, culturelles et sportives (lecture, marionnettes, théâtre, slam, cirque, foot...) « Nous leur offrons la possibilité d’aller ou de retourner à l’école en prenant en charge les frais de scolarité, souligne la coordinatrice. Les demi-journées où les enfants n’ont pas classe, des animateurs-éducateurs sont là pour une remise à niveau ou un soutien scolaire. Ils acquièrent ainsi la confiance en soi, développent leurs capacités et s’épanouissent. » 
« Comme les autres enfants, je veux étudier ! » s’exclame Harena, en apprenant qu’elle est accueillie à Graines de bitume. Pour un présent et un avenir meilleur. 

La pauvreté et les enfants en situation de rue à Madagascar

En 2023, selon les chiffres de La Banque mondiale, Madagascar comptait 30,3 millions d'habitants avec un taux de pauvreté élevé et persistant estimé à 80,7 % de la population, soit l’une des plus pauvres au monde. « En 2024, nous ne disposons d’aucune statistique officielle sur le nombre d’enfants sans abri, explique Christine Magny. La dernière de 2015 faisait état de près de 12 000. Avec une inflation galopante, ce chiffre a dû considérablement augmenter. »
 

Deux enfants en situation de rue devant le Conseil des droits de l’homme à Genève

Centre NRJ de Madagascar - Le jeune Ronaldo intervient à l'ONU aux côtés du Père Ephrem
Ronaldo, 13 ans, du Centre NRJ de Madagascar prend la parole devant le Conseil des droits de l'homme à Genève © Leman Bleu TV

Le 14 mars, Marie-Elia et Ronaldo, deux jeunes Malgaches âgés de 13 ans, accueillis et accompagnés par le centre NRJ, un autre partenaire d’Apprentis d’Auteuil Océan Indien, portaient la voix des enfants en situation de rue, devant le Conseil des droits de l’homme à Genève. Face à des représentants des États membres de l’ONU qui ont ratifié la Convention internationale des droits de l’enfant et des représentants de l’Unicef, ils ont rappelé l’urgence de pouvoir bénéficier, comme tous les autres enfants, d’une protection sociale. « Aidez-nous à avoir une identité, des vêtements, une maison, la possibilité d’aller à l’école gratuitement, de vivre dignement et en bonne santé » a supplié Ronaldo. Heureux et fier de se faire entendre au nom de tous les enfants de Madagascar et d’ailleurs.