Formation et insertion
15 novembre 2019

Un arboretum fédère les énergies au lycée Sainte-Jeanne d'Arc de Loches

Le lycée professionnel Sainte-Jeanne d’Arc, en s’implantant à Loches il y a quelques années, a transformé le site en y créant un arboretum. Véritable lieu d’apprentissage pour les jeunes et de mise en pratique pédagogique pour les adultes, il fédère bien au-delà de l’établissement en favorisant partage et convivialité.

 « Un boulot de fou ! » C’est en quelques mots le résumé que livre Sébastien Renault, directeur du lycée professionnel Sainte-Jeanne d’Arc jusqu’à cette rentrée 2019, en pensant à l’énergie déployée pour faire sortir de terre l’arboretum, fierté de l’établissement.
En 2015, le lycée quitte Verneuil-sur-Indre pour Loches, afin d’optimiser l’insertion socio-professionnelle des jeunes. Si le nouveau site présente de beaux espaces et de réelles opportunités, le terrain est en friche. Tout est à faire. Le directeur et son équipe pensent qu’un grand projet permettra de créer une dynamique, alors qu’une nouvelle tranche de vie débute. Pourquoi pas un arboretum (un jardin botanique présentant de nombreuses espèces d’arbres), atout pour des élèves en CAPA ou en bac pro aménagements paysagers ?

Un défi technique et financier

Le plan de l'arboretum a été conçu en concertation avec Camille Brémond, enseignant technique en espaces verts (c) Besnard / Apprentis d'Auteuil
Le plan de l'arboretum a été conçu en concertation avec Camille Brémond, enseignant technique en espaces verts (c) Besnard / Apprentis d'Auteuil

Tous, jeunes comme adultes, s’attellent d’abord au défrichage et au terrassement. Et parallèlement, réfléchissent au plan proposé par Camille Brémond enseignant technique en espaces verts. Il s’agit de modeler le futur arboretum de 1,3 hectare, de créer des allées, de concevoir des massifs, de penser à son évolution dans le temps. « Un vrai défi technique et financier, pour lequel le soutien de mécènes, de partenaires et de bénévoles a été décisif », souligne l’enseignant. « Il a fallu travailler la terre une multitude de fois pour l’engazonnement », souligne Julien Lardeau, 21 ans, en terminale bac pro. « En gros, deux bons mois pour que le terrain soit propre et nickel, se souvient Quentin Grimault, 18 ans, lui aussi en terminale bac pro. Mon père, qui était conducteur d’engins à la retraite, nous a rendu un fier service en creusant les trous pour planter environ 150 arbres. » C’est bien là la force du projet qui a réussi à fédérer des énergies en interne et en externe, suscitant du bénévolat et du mécénat (voir encadré).

De nombreuses possibilités

Différentes zones (un espace désert avec une rivière asséchée) ont été créées (c) Besnard / Apprentis d'Auteuil
Différentes zones (ici un plan d'eau et son local technique) ont été créées (c) Besnard / Apprentis d'Auteuil

Aujourd’hui, l’arboretum a fière allure avec son potager et son verger, son kiosque, son aire de pique-nique dédiée à l’observation des insectes, sa zone désertique avec sa rivière sèche. Sans oublier son crop circle (une étonnante sculpture végétale en hélice qui se voit du ciel), son bassin ornemental… Éloïse Mendy, enseignante technique, explique : « L’arboretum nous offre encore beaucoup de possibilités, car nous n’en sommes qu’à 10 % de végétalisation. Ce projet permet de rendre les jeunes acteurs de leur formation. Ils apprennent à choisir, à oser, et à attendre ! Cette approche génère de la confiance et de l’estime de soi. »

Un outil pour tous les enseignants

Prendre une pause lecture au calme de l'arboretum (c) Besnard / Apprentis d'Auteuil
Prendre une pause lecture au calme de l'arboretum (c) Besnard / Apprentis d'Auteuil

C’est aussi une ressource précieuse pour d’autres enseignements : sport, français, maths… Dominique Huez, professeure de maths et français, s’en sert pour faire calculer aux élèves des volumes de décaissement, des longueurs de clôtures… Elle travaille aussi autour du vocabulaire technique, de l’expression orale, en prévision de leur insertion dans le monde professionnel : « La fracture sociale, elle est là aussi, dans cette difficulté à s’exprimer, constate-t-elle. J’accorde beaucoup d’importance à ce côté pragmatique. Je les incite à décrire à haute voix ce qu’ils font. Il faut aux élèves du concret, sinon on les perd. »
La professeure de sciences éco et vente en espace rural, Corinne Bourgeois, y voit un support pédagogique pour favoriser la lecture. Elle y réunit régulièrement les élèves pour des lectures à haute voix, les incite à lire à leur tour pour leurs camarades, et à surmonter leur timidité. Et cela marche, au-delà des espérances ! Lors de la traditionnelle fête des plantes de mai, les visiteurs pouvaient prendre place dans un fauteuil disposé dans une zone tranquille de l’arboretum pour une lecture à haute voix, dispensée par les jeunes…

L'aventure se poursuit

Le site idéal pour la reconnaissance des végétaux (c) Besnard / Apprentis d'Auteuil
Le site idéal pour la reconnaissance des végétaux (c) Besnard / Apprentis d'Auteuil

Les jeunes sont fiers de ce jardin qu’ils contribuent à rendre beau, et qui leur fournit un terrain d’observation pour tester leurs connaissances, en apprendre encore plus. Antoine Proux, élève en terminale bac pro, apprécie particulièrement le bassin : « Ça fait penser à une oasis. C’est bien d’avoir un plan d’eau. Et cela attirera des insectes, des libellules et des lézards. »
« On a tout sur place ici quand on veut faire un herbier, où travailler la reconnaissance des végétaux, une de nos épreuves de CAP, poursuit Quentin. Et puis, nous y avons participé : nous avions carte blanche pour créer certains massifs, choisir les plantes et les disposer. » « C’était une belle aventure. Nous avons beaucoup de chance, conclut Julien. Nous sommes ravis d’avoir ouvert une page ici. »

LE MÉCÉNAT EN ACTION Le projet a été soutenu par de nombreux mécènes : l’Union nationale des entreprises du paysage (UNEP), Un pas avec toi, la Fondation Georges Truffaut, Le Rotary Club, la Ville de Loches et par des bénévoles. Le parc est ouvert tous les ans aux visiteurs lors de la fête des plantes. Avec l’objectif, d’ici trois à quatre ans, de le rendre accessible au public.