Formation et insertion

Marie accompagnée de l'adolescence au monde du travail

Confiée à 12 ans à un établissement pour fratries d’Apprentis d’Auteuil, Marie (1) mène, aujourd’hui, une vie de jeune adulte apaisée. Un emploi en main et un rêve en tête.

Ses parents à peine séparés, Marie, 12 ans, est confiée en 2006 avec l’un de ses deux frères à un accueil de fratries d’Apprentis d’Auteuil, et bientôt rejointe par l’autre frère. L’adolescente supporte mal le placement imposé par des carences éducatives. Sa douleur est d’autant plus vive qu’il a lieu en milieu d’année scolaire. Timide et sauvage, elle doit se faire une place, non seulement à l’internat, mais aussi au collège – un établissement hors Apprentis d’Auteuil – où elle parvient malgré tout à suivre une scolarité normale.
"Très vite, je propose aux parents et aux grands-parents de Marie de venir régulièrement lui rendre visite, se souvient Thomas (2), alors éducateur à l’accueil des fratries. Le papa et la grand-mère acceptent volontiers. Ils se soucient de Marie."
Les premières rencontres sont mouvementées : Marie est en pleine crise d’adolescence. Le père a du mal à s’exprimer avec sa fille. Thomas doit adoucir, à chaque fois, les relations. Il compte aussi beaucoup sur la grand-mère qui répond présent dès que Marie la sollicite.
À 16 ans, la jeune fille quitte l’accueil des fratries pour un autre établissement d’Apprentis d’Auteuil dédié à l’apprentissage de l’autonomie des plus grands. "En trois ans, Marie a de plus en plus agi en jeune fille responsable, souligne Thomas. Elle a préparé et obtenu le BAFA (3) en vue de réaliser son rêve un jour : devenir éducatrice de jeunes enfants."

Maturité et autonomie

Grâce à son évolution positive, elle intègre un autre service, celui qui permet à des jeunes de bénéficier d’un appartement et d’une allocation mensuelle. "Marie y a appris à gérer un budget, s’enthousiasme Thomas. Elle a gagné en maturité, s’est épanouie et a obtenu le baccalauréat littéraire." Seul accroc : son échec au concours d’éducateur. La jeune fille le retente en 2015, mais échoue à l’oral : son jeune âge est invoqué.
Avec l’aide de Thomas, elle monte un dossier pour trouver un logement social et décrocher un emploi dans un accueil périscolaire situé en face de l’accueil des fratries. Cependant, le peu d’heures qu’elle y travaille ne lui permet pas de boucler son budget… Devenu coordinateur d’un nouveau dispositif d’Apprentis d’Auteuil destiné à l’insertion des 17-25 ans (dont ceux qui sont sortis des dispositifs de l’Aide sociale à l’enfance), Thomas ne lâche pas la jeune fille. Lors d’entretiens réguliers, il lui fait préciser ses attentes et ses envies, la remotive, la soutient moralement. Il lui fait comprendre qu’elle doit tenter sa chance auprès de son employeur, à qui elle donne entière satisfaction, et demander un plein temps.
C’est chose faite à l’été 2016. Grâce à ce travail auprès d’enfants, Marie veut acquérir de l’expérience, plus de maturité. Surtout ne pas abandonner son rêve d’éducatrice.
"Ses sourires valent tous les mercis du monde, commente Thomas. J’exerce ce métier pour qu’un jeune sans soutien familial réalise qu’il peut s'en sortir et qu'il peut compter sur moi. À mon niveau, je veux prendre soin de la jeunesse, l’avenir du monde."



(1)–(2) Les prénoms ont été changés, les lieux et les personnes restent anonymes.
(3) Brevet d'aptitude aux fonctions d'animateur.