Formation et insertion
23 octobre 2015

Les rêves d'André, 23 ans, décrocheur

Suite aux États généraux du christianisme des 2, 3 et 4 octobre, les jeunes d'Apprentis d'Auteuil ont la parole. Quatrième et dernier témoignage, celui d'André, 23 ans, accueilli par Savoirs pour réussir, une association en lien avec la Fondation qui permet aux jeunes de renouer avec la lecture et l'écriture.

Ce que je voudrais pour moi

Depuis deux ans, je suis suivi par Savoirs pour réussir, une association en lien avec Apprentis d'Auteuil qui permet de renouer avec la lecture, l'écriture, et aussi la culture. J’ai été mis en lien avec eux fin 2013 par la Mission locale d’Annecy qui m’a conseillé d'aller les voir, car ils pourraient m’aider, du fait que j’avais quitté l’école très tôt et que j’avais des difficultés en lecture, écriture et calcul. Mon souhait était aussi de préparer avec eux mon permis de conduire. J’ai été en collège Section d'enseignement général et professionnel adapté jusqu’en troisième avant d'arrêter l’école à 17 ans. J’ai ensuite suivi une formation de découverte des métiers et fait quelques stages, puis j’ai trouvé un travail comme plongeur dans un restaurant d'Annecy pendant quatre ans. J’ai monté les échelons jusqu’à devenir commis en salle avant de donner ma démission. D’autres contrats se sont ensuite enchaînés... Pour en revenir à Savoirs pour réussir, j’y viens chaque semaine. Je suis suivi par un bénévole. On se voit pendant deux heures pour préparer le code de la route, un examen réputé difficile, d’autant plus pour quelqu’un qui a quitté l’école très tôt comme moi, avec plein de connaissances à acquérir et des questions parfois gratinées ! On travaille sur des logiciels qui simulent les conditions d’examen en passant les questions les unes après les autres. C’est l’occasion de revoir des notions de calcul, de multiplications ou de divisions, de logique ou de français. Mon tuteur en profite aussi pour me faire repréciser ma pensée à l’oral car il trouve que je ne m’exprime pas assez clairement et que j’ai des difficultés de mémorisation. C’est un exercice très utile. Virginie et sa collègue, les deux salariées de Savoirs pour réussir, me proposent par ailleurs, avec d'autres jeunes suivis comme moi par l'association, des sorties culturelles ou des pique-niques, histoire de mieux nous connaître. Elle m’aident également à avancer sur des démarches de la vie quotidienne, comme des papiers à remplir, des rendez-vous à planifier ou des horaires à tenir, etc.  Sans oublier les textes de mes chansons, pour que j’arrive à mieux les peaufiner, en choisissant les mots qui conviennent, les expressions ou le style. On réinvente parfois même complètement certaines phrases.  je n’ai pas l’impression d’être à l’école, et en même temps, je progresse sur la manière dont j’écris la langue française. C’est très stimulant. Pour résumer, tous ces adultes m’aident à gagner en confiance. Un peu comme des coachs. Petit à petit, j'arrive à poser des choix. Je leur suis très reconnaissant !  Mon rêve, c’est d’ouvrir mon restaurant. J’aime bien la cuisine. J’ai appris sur le tas, sans aucune formation. J’arrive toujours à trouver du travail, je suis un bosseur et cela ne me fait pas peur. 
Sinon, dans la vie, ma grande passion, c’est le chant. J’écris moi-même les textes de mes chansons et j'ai un groupe, très modeste, baptisé Phoenix. On se réunit dès qu’on peut pour répéter. Depuis un an, je prends aussi des cours de chant et de guitare. Sur scène, je suis un autre, plein d’énergie, confiant et heureux.

Pour ma famille... 

J’aimerais que ma petite sœur de 8 ans réussisse ses études, qu’elle fasse ce qu’elle aime et surtout, qu’elle ait moins de difficultés que moi dans sa scolarité et poursuive l’école le plus loin possible. Elle le mérite ! Je souhaite que ma mère et son copain gardent leur boulot et qu’on n’ait pas à déménager une nouvelle fois…

Pour la société

J’aimerais que tous les jeunes puissent réaliser leurs rêves. C’est à nous de nous donner à fond et de croire en notre chance. J’aurais abandonné depuis longtemps si je n’avais pas eu des amis derrière moi pour me pousser. Cela m’a donné du courage. J’aimerais aussi qu’il y ait moins de guerres, plus de fidélité entre les gens, d’entraide, de solidarité… C’est un rêve, mais on peut y arriver si on y croit.
Je crois aussi beaucoup à l’amitié. Grâce aux amis, on partage et on avance. Ils te donnent la force et tu t’ouvres.