Formation et insertion

A Dijon, des jeunes en chemin vers l'autonomie

À Dijon, l’équipe éducative du Service d’accueil, d’accompagnement et d’insertion à visée professionnelle, ouvert en novembre 2012, insiste sur la valeur de l’effort, auprès des jeunes qu’elle amène vers la vie adulte.

À une vingtaine de 20 minutes en voiture de Dijon, Apprentis d’Auteuil a ouvert en novembre 2012 le Service d’accueil, d’accompagnement et d’insertion à visée professionnelle (SAAIVP). "Ici, nous avons un objectif, l’insertion des jeunes dans le monde du travail", explique Annie Delvaux, la directrice. Ce dispositif offre un parcours vers l’autonomie pour une vingtaine de jeunes de 16 ans à 21 ans.
L'équipe éducative suit ces jeunes en rupture familiale et, pour beaucoup, en difficulté d’apprentissage, dans leur projet professionnel ou de formation. Elle leur propose également des paliers progressifs d’indépendance (prendre son repas dans son propre studio, garder son portable le soir, jusqu'à habiter dans un studio en ville), selon leur investissement personnel et leur capacité à se prendre en main. "Nous devons les mettre à l’école de la réalité, car ils seront très vite lâchés dans le monde adulte où il faut faire des choix et en assumer les conséquences", souligne Rémi Barbas, chef de service éducatif.

L’enjeu de l’emploi

Les plus de 16 ans suivent pour la plupart des formations comprenant des stages obligatoires. Ceux qui sont en attente de formation ou d’emploi sont nécessairement inscrits dans des actions de bénévolat. Travailler dans une épicerie solidaire ou auprès de personnes âgées, est un excellent moyen de se remobiliser, de découvrir qu'on peut être utile aux autres et de développer des compétences qui enrichissent un CV. Conseiller en insertion professionnelle, Hubert Denis les accompagne dans ces différents cursus. Il résume volontiers sa mission en deux phrases : "Que les jeunes trouvent un emploi rémunéré. Et qu’ils le gardent !" Un aspect essentiel de son travail consiste en la médiation à mener entre l’entreprise et le jeune, afin d’éviter les ruptures de contrats. Eddy, en 1ère année de CAP vente alimentaire en alternance, apprenti au magasin Dia de Fontaine-les-Dijon, se souvient : "Il m’a fallu du temps pour comprendre l’organisation du magasin, pour arriver à parler plus fort et surtout, pour ne pas oublier des choses importantes…" Pascal Paris, le maître d’apprentissage et directeur du magasin Dia, très investi dans l'enjeu de cette formation, fait écho aux paroles d'Eddy : "Un jour, j’étais à deux doigts d’arrêter son stage. Mais j’avais envie de croire en lui. Avec Monsieur Denis, nous nous sommes vus à plusieurs reprises pour voir comment le faire grandir. Maintenant, c’est "carré"."

Des appuis concrets

L’apprentissage de la vie quotidienne et de l’insertion dans la vie sociale est assumé par les trois éducateurs et la maitresse de maison : courses, repas, hygiène et ménage, vêtements... Sans oublier le suivi de la santé, des démarches administratives, des activités sportives, culturelles ou engagements associatifs à l’extérieur.
La conseillère en économie familiale insiste particulièrement sur la tenue du budget et l’épargne, un autre volet essentiel de l'insertion d'un jeune dans une vie responsable. Elle accompagne aussi les plus âgés dans leurs démarches quand ils s’installent dans un appartement en ville, accédant ainsi au dernier palier d’autonomie. Parmi tous les partenaires (familles, établissements de formation, maitres d’apprentissage, services sociaux ou de santé, associations, bailleurs sociaux ou privés), une équipe du Rotary Club de Dijon apporte depuis le début un concours précieux en parrainant tous les jeunes dans les premiers pas de leur vie professionnelle.
Bernard Broye, dirigeant d’entreprise à la retraite et initiateur du groupe, explique : "Le Rotary a une devise, "Servir d’abord". Parmi ses responsabilités, il y a celle d’aider les jeunes en difficulté à s’intégrer dans la vie professionnelle." En lien avec le conseiller en insertion professionnelle, le parrain conseille et encourage son filleul lors de rencontres mensuelles. Il lui apporte également ses compétences et son réseau dans la recherche d’un stage ou d’un emploi. "Ni prof, ni éducateur, ni famille, le parrain est une personne de cœur qui ouvre les portes du monde du travail en engageant son nom. C’est extraordinaire", apprécie Annie Delvaux.Elle conclut : "Les jeunes qui passent chez nous sont conscients du suivi respectueux que nous leur offrons, mais aussi des exigences fortes que nous avons à leur égard. Ils savent que nous disons ce que nous faisons, et que nous faisons ce que nous disons."

L'autonomie vue par Anabelle

L'autonomie vue par Anabelle, 16 ans, en 1ère Sciences et technologies du management et de la gestion : "Pour moi, l’autonomie, ce n’est pas seulement se faire à manger et laver son linge. C’est plus une question de responsabilité et de maturité. On n’a que 16 ans, on devrait pouvoir se concentrer sur nos études et ne pas avoir à grandir avant l’âge. Mais on ne choisit pas, on a de la chance ou pas… Maintenant, il faut lever la tête et prouver que, malgré les embûches, on y arrivera."