jeunes enfants dans un potager
Vie de la fondation

Laudato Si' : quid de l'écologie intégrale à Apprentis d'Auteuil ?

Alors que s'ouvre la Semaine Laudato Si' (16 au 25 mai), qui fête le 5e anniversaire de l'encyclique du Pape François consacrée à l'écologie intégrale, les paroisses, écoles et associations à travers le monde sont invitées à se mobiliser pour construire un avenir plus juste et plus durable pour la Terre et l'humanité. Qu'en est-il de l'écologie intégrale à Apprentis d'Auteuil ? Réponses avec André Altmeyer, directeur général adjoint. Et zoom sur plusieurs initiatives dans nos établissements.

Pourquoi la fondation participe-t-elle à la Semaine Laudato Si' ?

André Altmeyer.

L’intuition même de notre fondateur l’abbé Louis Roussel, à laquelle nous voulons rester fidèles, et notre projet éducatif centré sur la qualité de la relation nous incitent à agir en cohérence avec les principes de l’écologie intégrale. Dans Laudato Si’ le Pape François dénonce une « culture du déchet » qui jette non seulement des objets polluants dans la nature, mais qui rejette aussi aux périphéries de nos sociétés les personnes les plus fragiles. La mission d’Apprentis d’Auteuil depuis 155 ans est d’aller vers ces jeunes et ces familles que la société laisse sur le bord du chemin pour leur redonner confiance en eux, leur permettre de révéler leurs talents et de devenir des hommes et des femmes debout, engagés dans la société pour la rendre plus juste, plus solidaire, plus fraternelle. Nous avons reçu cette encyclique comme une confirmation de la pertinence et de l’urgente actualité de notre mission. Nous nous sommes aussi sentis appelés par le Pape à nous engager plus avant dans l’éducation et la formation des jeunes aux enjeux de l’écologie intégrale, dans la sensibilisation de nos collaborateurs et dans des choix de fonctionnement qui soient de plus en plus cohérents avec ces enjeux. Le cri des laissés pour compte et le cri de la planète, abimée, maltraitée, exploitée jusqu’à épuisement sont indissociables. Tout est lié, il faut y répondre de manière globale.

Quel sens donnez-vous à l’écologie intégrale à Apprentis d’Auteuil ?

Dans cette encyclique le message du Pape embrasse l’humanité toute entière et s’adresse à toute personne de bonne volonté. Chacun et ensemble, à tous les niveaux, nous pouvons agir concrètement. A Apprentis d’Auteuil nous sommes donc tous concernés personnellement, collectivement et institutionnellement. Notre projet stratégique élaboré en 2016, nous oriente à « vivre selon les principes de l’écologie intégrale ». Par les contenus éducatifs proposés aux jeunes, par les formations dispensées, en interrogeant aussi notre mode de fonctionnement et de consommation en matière de transports, d’alimentation, d’achats, de production et de recyclage des déchets, de construction ou de réhabilitation de nos bâtiments etc. Apprentis d’Auteuil est concerné à tous les niveaux ! En tant que fondation d’utilité publique et œuvre de l’Eglise catholique, qui accompagne plus de 30 000 jeunes et familles, travaille avec 6000 salariés et 4000 bénévoles, nous avons une vraie responsabilité à inscrire notre action dans la cohérence de Laudato Si’. Notre action doit permettre aux jeunes et aux familles de grandir dans toutes les dimensions qui font leur humanité, de trouver leur place et de s’engager en responsabilité dans la société, de la transformer pour la rendre durablement vivable sur une planète qui reste viable parce que nous en prenons soin. Quelle planète laisserons-nous à nos enfants ? Quelle jeunesse laisserons-nous à notre planète ? Pour Apprentis d’Auteuil, donner sens à l’écologie intégrale c’est ne négliger aucune de ces deux questions, c’est œuvrer concrètement en considérant jour après jour que « tout est lié, tout est donné, tout est fragile » comme le dit le Pape François.

Comment l’écologie intégrale s’incarne-t-elle concrètement à Apprentis d’Auteuil ?

En premier lieu, elle concerne nos programmes éducatifs. Je pense aux projets d’éducation à la paix, d’ouverture à l’altérité, au dialogue interculturel et interreligieux. Je pense au programme de développement humain et spirituel. Je mentionnerais aussi toutes les actions conduites pour sensibiliser les jeunes à ce qu’ils peuvent faire au quotidien par exemple pour préserver leur environnement ou pour ne pas gaspiller la nourriture. Dans une société de consommation et de culture du déchet, les équipes éducatives ont à mener un travail de fond avec les jeunes. Nous faisons aussi des efforts significatifs en matière de transports, de construction, de réhabilitation, d’entretien de nos bâtiments, de circuits d’achats. Nous pouvons aussi aller plus loin dans l’évolution et le développement de formations professionnelles plus spécifiquement orientées sur ces sujets.

Quels sont les sujets sur lesquels Apprentis d'Auteuil souhaite travailler dans les prochaines années ?

Dans le cadre de notre prochain projet stratégique 2022-2026, nous avons mené sur plusieurs semaines une vaste consultation des jeunes, des familles, des collaborateurs, des partenaires et des donateurs. Il est frappant de voir que si l’enjeu écologique au sens où nous l’évoquons ici est présent, chez les jeunes cette question est au cœur de leurs préoccupations et de leurs aspirations. C’est aussi le cas chez nos plus jeunes collaborateurs. Nous devons donc répondre à cette attente car elle est juste, elle est fondée et cohérente avec notre projet éducatif. Ce ne peut pas être un sujet à part, à traiter parmi d’autres. Il s’agit de nous poser systématiquement la question de la valeur ajoutée de nos projets et de nos actions : promeuvent-ils le dialogue, la rencontre, le bien commun ? Font-ils grandir les jeunes et les familles en humanité et nous avec eux ? Servent-ils la justice, la solidarité ? Favorisent-ils la fraternité ? Permettent-ils de rendre notre « Maison commune » durablement plus habitable ? Je ne sais pas à cette heure ce que sera notre prochain projet stratégique, mais il est sûr que nous devrons piloter de manière transverse cette question de l’écologie intégrale qui concerne l’ensemble de nos champs d’activité et qui est au cœur de notre mission éducative. Nous souhaitons aussi travailler ce sujet avec des partenaires qui ont une plus grande expérience que nous et une expertise dans ce domaine.

L'écologie intégrale dans trois établissements

  • L'école Saint-Pierre labellisée Eco-Ecole
    « Depuis la rentrée, l’école et le collège Saint-Pierre (Villeneuve-le-Comte, 77) bénéficient du label Eco-Ecole, le label international d’éducation au développement durable, explique Sylvie Puech, sa directrice. Cela se traduit par le tri des déchets à la cantine et leurs valorisations avec nos poules, le recyclage du papier ou des tubes de colle en classe ou dans les bureaux. Nous utilisons également des gourdes pour éviter les plastiques jetables. Nous avons également réalisé un mur musical et des trophées avec des matériaux de récupération. Nous sensibilisons les élèves en ramassant les déchets autour de notre établissement qui est situé en pleine campagne. Nous faisons de l’écologie intégrale un vrai vecteur éducatif car respecter l’environnement, c’est se respecter soi-même et les autres. »
  • Le lycée professionnel Saint-François-Xavier (La Réunion) labellisé E3D
    Heureux et fier du label E3D (Établissement en démarche de développement durable) obtenu en 2016, le lycée situé à La Réunion a toujours inscrit le développement durable dans son projet d’établissement. Toutes les actions de sensibilisation (tri des déchets, économie d’énergie, énergies renouvelables…), les journées pédagogiques, les réalisations (potager, arboretum…), les créations artistiques (habillage de deux postes EDF) visent à développer l’esprit critique des jeunes et à favoriser une attitude éco-responsable. Avec, tous les ans, en point d’orgue de cet engagement, leur participation à l’ecochallenge de la journée de la Terre (Earth Day). « Notre leitmotiv ? résume Vanessa Ginésy, enseignante et référente éducation au développement durable. Faire de nos jeunes des citoyens responsables et éclairés pouvant être forces de proposition et des acteurs du changement. »
  • Une classe découverte sur site à Notre-Dame de Lourdes (69)
    Le développement durable est lui aussi au projet d'école de Notre-Dame de Lourdes, depuis la rentrée 2019. "Notre "maison commune", souligne Axelle Cecille, directrice, c'est le château qui nous sert d'école avec ses 38 hectares d'espaces verts qui l'environnent." Plus concrètement, des potagers en permaculture et un rucher pédagogique ont notamment été montés à l'occasion. Et pour rendre la réalité de l'écologie intégrale encore plus palpable, l'école organise, pour la première fois cette année, une classe découverte sur le site à partir de ce lundi 17 mai. Un temps que les enfants vont vivre entièrement à l'extérieur, avec une série d'ateliers autour des oiseaux, de la trace des animaux, des abeilles ou encore des arbres. 
Y VOIR PLUS CLAIR  Le label Eco-école, éco-collège, éco-lycée, qu'est-ce que c'est ?
Mieux comprendre le monde, les enjeux du développement durable, c'est le défi du programme international d'éducation au développement durable, développé par l'office français de la Fondation pour l’éducation à l’environnement en Europe (of-FEEE), avec le soutien du ministère de l'Éducation nationale. Décliné pour les écoles primaires et élémentaires, les collèges et les lycées, il repose sur l'ensemble de la communauté éducative, en lien avec les acteurs locaux. 
Pour être labellisé, l'établissement doit travailler sur un projet autour de l'alimentation, la biodiversité, les déchets, l'eau, l'énergie, la santé, les solidarités ou du climat. Puis soumettre sa démarche à un jury, qui en évalue les sept étapes incontournables, ses points forts et ses pistes d'amélioration. 2 500 établissements ont fait cette démarche, et plus de 50 000 dans le monde. Ce label fédère de plus en plus autour du développement durable ! 

La démarche E3D, qu'est-ce que c'est ?
Sous ce sigle crypté, il faut lire École/Établissement en Démarche de Développement Durable. Il atteste du fait que l'école, le collège ou le lycée s’engage pour le développement durable, apporte des solutions concrètes en matière d'énergie, de gestion de l'eau, des déchets, etc. Et qu'il délivre des enseignements favorables à l'émergence de bonnes pratiques. De quoi former des citoyens avertis et acteurs du changement global. La démarche, placée sous l'égide du ministère de l'Éducation nationale, implique également toute la communauté éducative et les collectivités territoriales.