Vie de la fondation

Grâce à Démos, des enfants de l'école Vitagliano jouent à la Philharmonie !

Lina, Noé, Estephane, Jules et tous leurs camarades de l’école primaire Vitagliano (Marseille, 13) ont joué le 25 juin à la Philharmonie de Paris. Un défi relevé grâce à Démos, dispositif d’éducation musicale à vocation sociale, qui met la musique classique à la portée des enfants des quartiers. Explications.

La grande salle Pierre Boulez de la Philharmonie de Paris, la plus prestigieuse, est pleine à craquer. Familles, amis, professeurs, éducateurs, animateurs, mécènes, tous ont pris place pour écouter les enfants participants au projet Démos, un dispositif dont l’objectif est de démocratiser la pratique de la musique classique. Public visé ? Les enfants des quartiers « politique de la Ville ».
« Lire, écrire, compter ne suffit pas, souligne Gilles Delebarre, responsable du projet Démos à la Philharmonie de Paris. Au-delà, il faut une éducation artistique et musicale, qui forme des citoyens imaginatifs, sensibles et attentifs aux autres. » 
Tout le week-end du 24-25 juin, 11 des 30 orchestres Démos se sont succédé à la Philharmonie, soit plus de 1000 enfants. En ce début d’après-midi du dimanche 25 juin, c’est le tour des orchestres Démos Marne et Gondoire, Marseille (écouter le concert en podcast), Paris et Val-de-Marne de montrer leurs talents.

Des pièces aux arrangements étudiés

Le chef Victorien Vanoosten dirige l'orchestre Démos Marseille (c) DR
Le chef Victorien Vanoosten dirige l'orchestre Démos Marseille (c) DR

Enfin vient le tour de l’orchestre Démos Marseille. Arborant un t-shirt orange, les enfants scolarisés du CE1 au CM2 à l’école primaire Vitagliano d’Apprentis d’Auteuil, font leur entrée, ainsi que des enfants fréquentant les cours Ozanam, l’association Massabielle et le centre social Malpassé, partenaires de la fondation.
Dirigés par le chef d’orchestre Victorien Vanoosten, ils jouent tout d’abord Bydlo, tiré des Tableaux d’une exposition de Moussorgsky, puis chantent le chœur des esclaves, extrait de Nabucco de Verdi. Et enfin, ils jouent et chantent un air tzigane traditionnel, Mamuliga Branzali. Une alternance de pièces classiques et traditionnelles, aux arrangements étudiés, qui permettent aux enfants de varier les plaisirs : jouer de leur instrument, chanter, frapper le rythme en servant de leur corps.

Un projet qui donne des ailes

Les applaudissements sont à la hauteur de l’investissement des enfants. La joie et l’émotion des familles et des adultes sont intenses. « J’en ai pleuré, avoue Marie-Laure Fazi, directrice de l’école primaire. Le défi est relevé. Engagés pour trois ans, cela fait deux ans que nous suivons Démos, il est inclus dans notre projet d’école. Les enfants que nous accueillons connaissent des difficultés scolaires, qui peuvent s’accompagner de difficultés sociales, familiales et de troubles du comportement, qui entravent ou ralentissent leur scolarité. Ce projet musical permet de travailler l’écoute, le vivre ensemble, le goût de l’effort, et surtout, la fierté. Aucun enfant n’avait appréhendé la musique auparavant. Ce projet leur donne des ailes. »
Les enfants travaillent leur instrument 4 heures par semaine sur le temps périscolaire, par pupitre de 15. (c) DR
Les enfants travaillent leur instrument 4 heures par semaine sur le temps périscolaire, par pupitre de 15. (c) DR

Les élèves du CE1 au CM2 travaillent l’instrument quatre heures par semaine, sur le temps périscolaire, par pupitres de 15, encadrés par des professionnels. La méthode, ludique, est inspirée des pédagogies d’Amérique latine et du projet El Sistema. Les CP, encore trop jeunes, suivent une initiation musicale. Lina, 9 ans, explique : « Je joue de l’alto, c’est comme un violon, en plus grand. Au début, je n’avais pas trop envie, mais maintenant, je me débrouille, et j’aime bien ! » « Moi, dit Estephane, je joue de la clarinette. C’est très beau, et je connais toutes mes notes. » Au-delà de ces heures de pratique, la musique irrigue toutes les disciplines, du français aux mathématiques, en passant par les arts plastiques.

Evaluer l'impact sur les apprentissages

« L’orchestre de Marseille est unique en son genre au sein du projet Démos, car il concerne toute une école, précise Bruno Galy, directeur territorial PACA à Apprentis d'Auteuil. Il est en complète adéquation avec le projet de la fondation, qui est de tendre la main à celui qui en a besoin et de lui remettre une caisse à outils pour se réaliser. Pour compléter ce dispositif et l’évaluer, une équipe de spécialistes de l’hôpital de la Timone mène des recherches sur son impact sur les apprentissages. Les résultats seront connus à l'issue des trois années d'expérimentation. »
Les parents, quant à eux, sont impressionnés par le travail fourni. Eux aussi suivent les progrès à la maison. A l’issue du concert, la maman de Jules, violoncelliste, est ravie et soulagée : « Les enfants ont été impeccables, je suis très fière. »
Noé, huit ans, joue de la flûte traversière. Son papa, M. Sikakonu, rayonne : « Je suis très content de leur prestation. Et à la Philharmonie, c’est le top. Je suis aussi heureux de voir le respect qu’ils montrent envers les adultes, leur obéissance. Je ne pensais pas que ce serait comme cela, on dirait des grands ! »

Les orchestres Démos en France

Il existe actuellement 30 orchestres Démos en France. Destiné aux enfants de 7 à 14 ans vivant dans des quartiers politique de la Ville, ou en zone rurale, le dispositif a révélé chez certains le goût de la musique : 50 % des enfants inscrits entre 2010 et 2012 se sont inscrits dans un conservatoire. Soutenu par cinq ministères (Culture, Education nationale, Cohésion des territoires, Outre-Mer et Défense), Démos est financé à 50 % par l’Etat, le reste étant porté par du mécénat.
L’orchestre Démos de Marseille est soutenu financièrement par la CAF des Bouches-du-Rhône, la fondation Foujita, le fonds Maranatha, la fondation d’entreprise AG2R la mondiale, Cap Vert énergie, CMA-CGM, Omnes Capital, Bouygues et Denibam.