Vie de la fondation

Consommation : les Français en pleine mutation

En optant de plus en plus pour des produits d’occasion, en privilégiant le local ou en réduisant leurs déchets, les Français font évoluer leurs modes de consommation et entrent petit à petit dans l’économie circulaire, plus durable, plus responsable. Explications à l'occasion de la Semaine Européenne de la réduction des déchets du 21 au 29 novembre 2020.

Acheter un vêtement d’occasion. Privilégier l’achat de fruits et légumes locaux et de saison. Opter pour des produits d’épicerie en vrac. Faire réparer son lave-linge en panne plutôt que d’en acheter un neuf. Fabriquer soi-même ses produits cosmétiques. Depuis plusieurs années, les Français font évoluer leurs modes de consommation. Près de 60% d’entre eux ont acheté un produit d’occasion au cours des douze derniers mois. Plus d’un sur deux a opté pour des produits en vrac. Et huit sur dix trient leurs déchets (1). Les périodes de confinement ont encore accentué cette appétence pour les réseaux de producteurs locaux et le «faire soi-même», que ce soit le bricolage, le jardinage ou les produits d’entretien.

Un modèle économique plus vertueux


Petit à petit, les Français s’ouvrent à d’autres modèles économiques, questionnent l’hyper-consumérisme
 de nos sociétés et sont de plus en plus nombreux à intégrer l’économie circulaire. Plus durable, elle vise à allonger la durée de vie des produits tout en limitant leurs impacts sur les ressources et l’environnement. Pour passer d’une société du tout-jetable à un modèle plus vertueux pour l’homme et l’environnement. En 2015, ce concept a fait officiellement son entrée dans la loi de transition énergétique. Début 2020, la loi anti-gaspillage a entériné toute une série de mesures. L’objectif est de lutter contre le gaspillage alimentaire, de favoriser le réemploi solidaire et d’interdire les emballages plastiques des fruits et légumes, à compter du 1er janvier 2022. Pour mettre fin au plastique jetable d’ici 2040.


Réduire les déchets et limiter le gaspillage des ressources, Zéro Waste France en a fait son cheval de bataille de- puis 1997. Pour aider les familles à changer leur mode de consommation, l’association a lancé depuis 2014 les défis «Famille zéro déchet». L’idée étant de relever un défi en famille, dans une ambiance conviviale, pour réduire ses déchets à l’échelle d’un quartier ou d’un territoire. « À Roubaix, première ville engagée dans l’aventure, une centaine de familles se sont portées volontaires, explique Ariane Spinosa, en charge de l’animation des groupes locaux au sein de l’association. Au final, l’opération a été un véritable succès. Un quart des foyers ont réussi à réduire leur poubelle de 80%!»
En matière de réduction des déchets, Bénédicte Moret, Jérémie Pichon et leurs deux enfants font aujourd’hui figures de pionniers. Engagée dans des associations de protection de l’environnement, la «famille (presque) zéro déchet» a décidé il y a six ans de mettre ses paroles en actes. « Plutôt que de simplement parler d’écologie, nous avons voulu le faire au quotidien, explique Bénédicte Moret. Nous avons vidé nos poubelles et regardé comment nous pouvions réduire nos déchets au maximum. » En une année, la famille est parvenue à les réduire de 90% en revisitant tout son mode de vie et de consommation. Pour partager leur expérience et inciter d’autres familles à se lancer dans l’aventure, elle a publié plusieurs livres au ton humoristique, dont un pour les enfants, devenus des succès de librairie. Elle anime aussi un blog suivi par 160000 personnes.

Comment se lancer ?

La tâche peut paraître immense quand on souhaite se lancer. Par où commencer? Trois gestes se détachent en matière d’impact sur la réduction des déchets. Tout d’abord, le compostage de ses déchets alimentaires (épluchures, marc de café, sachets de thé, etc.), qui permet de diminuer sa poubelle d’un tiers et d’obtenir un engrais naturel et riche. Ensuite, l’achat de ses produits alimentaires et d’entretien en vrac, une possibilité offerte par un nombre croissant d’enseignes, pour réduire les emballages de façon significative. De la même façon, les courses effectuées au marché, pour peu que l’on se munisse de sacs et de cabas. Enfin, l’achat d’articles de seconde main pour les vêtements, les meubles et l’électroménager, les livres, etc. Un moyen d’allier écologie et économie.

Deux questions à Flore Berlingen, auteure de "Recyclage, le grand enfumage", et spécialiste des questions de réemploi.

Quelle est la place de l’économie circulaire en France aujourd’hui ?

Le réemploi est une vraie tendance de fond. De plus en plus d’entreprises se lancent sur le marché de l’occasion et de la seconde main, y compris des acteurs traditionnels de la grande distribution. L’économie circulaire se développera si les entreprises conçoivent dès le départ des produits réemployables ou recyclables. L’autre condition, c’est la participation citoyenne, via le réemploi, qui offre une seconde vie aux objets et, in fine, le recyclage.

Vous attirez l’attention sur les limites du recyclage...

Effectivement, s’il est indispensable pour les objets en fin de vie, il ne doit pas se substituer au réemploi. Le recyclage avait un sens à l’époque où l’on essayait de réduire les déchets en décharge ou en incinérateur. Mais en recyclant, nous détruisons le produit ou l’emballage pour n’utiliser qu’une petite partie de sa matière. Mieux vaut les réparer ou les réemployer. D’un point de vue environnemental, il est plus intéressant d’allonger la durée de vie d’un produit ou de son emballage que de les jeter. Il est également temps de sortir de notre société du jetable et de l’omniprésence des emballages, des objets à usage unique ou à durée de vie limitée (mode, meubles). Propos recueillis par F.L

Qu'en est-il à Apprentis d'Auteuil ?

Apprentis d’Auteuil fait de l’écologie intégrale une de ses priorités en s’inspirant de Laudato si’, l’encyclique du pape François de 2015. Le pape prône une écologie intégrale qui prend en compte la crise environnementale mais aussi sociale, et requiert une approche globale des problèmes. Exemple, la boutique solidaire du 40 rue de La Fontaine à Paris, site historique de la fondation, qui met en vente des objets d’occasion (vêtements, livres, jouets, petits meubles) issus de dons de particuliers. Cette activité contribue à financer les actions de la fondation en faveur des jeunes et des familles. Les invendus de textile et de livres sont dirigés vers des entreprises partenaires en vue de leur recyclage.