Education et scolarité

Un lien fort entre une élève et une professeure

En trois ans, Lina Talisman, une jeune exclue, a appris à vivre en collectivité, obtenu deux diplômes et un emploi. Grâce en particulier à Virginie Cazajus, sa professeure principale au Lycée Saint-Antoine à Marcoussis (91). Interview croisée.

Lina Talisman : « J’étais une enfant très sauvage. »

« Quand je suis arrivée à Saint-Antoine, en septembre 2015, j’étais une enfant hyperactive et dure. À 15 ans, j’avais connu l’exclusion familiale, scolaire, sociale. J’étais une enfant très sauvage qui ne se laissait pas approcher. Ici, dans ce lycée familial, on m’a acceptée pour le meilleur et souvent le pire. Il y avait des enfants différents, comme moi. J’ai appris à vivre en collectivité.
Virginie, ma professeure principale, m’a très vite tendu la main, sans jamais me juger. Toujours très patiente. Ses mots, ses regards étaient bienveillants. Je n’avais jamais connu cela. Je me suis accrochée à elle. J’ai appris à communiquer avec les adultes sans partir au quart de tour. J’ai obtenu mon CAP services aux personnes et vente en espace rural (SAPVER), car depuis toute petite j’avais envie de m’occuper des autres. Puis, j’ai décroché le diplôme d’État d’accompagnant éducatif et social (DEAES).
Depuis novembre 2018, je travaille comme aide-soignante auprès de personnes en situation de handicap dans un foyer d’accueil médicalisé. Je suis épanouie comme jamais. Virginie a changé ma vie. Elle m’a donné espoir. Malgré nos onze ans de différence d’âge, nous sommes devenues de vraies amies.» 

Virginie Cazajus : « Nous avons trouvé les solutions ensemble. »

« En septembre 2015, j’arrivais, tout comme Lina, à Saint-Antoine pour lancer la formation services aux personnes et vente en espace rural, avec à la clé, le CAP. Avant de pouvoir s’orienter vers ces métiers d’attention, d’écoute et de bienveillance, pour intervenir par exemple auprès d’enfants ou de personnes âgées, Lina devait être accompagnée. Elle était sans cesse à cran et n’avait aucun frein. Elle avait surtout besoin de prendre confiance en elle et en l’autre, en ses capacités, et de créer du lien.
L’équipe pédagogique et éducative a dû s’armer de patience pour évoquer ses problèmes avec elle, apprendre à les connaître, à les reconnaître, mais aussi trouver les solutions ensemble.
En tant que professeure principale, j’avais des entretiens réguliers avec elle et son éducateur référent, faisant intervenir la direction quand cela n’allait pas du tout. En particulier, quand Lina nous manquait de respect. Chaque fois, nous en recherchions la cause.
L’an dernier, lors de la Soirée de la réussite, Lina est venue témoigner de son parcours et nous remercier. Elle sait qu’elle nous en a fait baver ! Un lien très fort s’est noué entre nous. Aujourd’hui, Lina est une jeune femme responsable, autonome et heureuse. »