Education et scolarité

Après des années difficiles, Lætitia s'épanouit enfin à l'école

Arrivée en maternelle dans une école d’Apprentis d’Auteuil, Lætitia, petite fille effacée et silencieuse, doit redoubler... Au fil des années, grâce au soutien de ses enseignants et de ses éducateurs, elle reprend confiance et se met au travail. A la rentrée prochaine, elle passera en 6ème !

Accueillie à trois ans en petite section de maternelle d'une école d'Apprentis d'Auteuil, Lætitia (1) ne s’exprime pratiquement pas. Avec son frère et sa sœur aînés, elle est également placée à la Maison d’enfants voisine, dépendant de la fondation. Leurs parents, séparés et tous deux très malades, ne peuvent s’occuper d’eux. Les premières années, son père vient la voir à la Maison d’enfants en visite médiatisée (en présence d’un tiers) sur les temps scolaires. Quand il ne peut pas venir, c’est très difficile pour la petite fille… Sur le plan scolaire, les lacunes de Lætitia sont importantes, son langage et son expression sont très limités pour son âge. Elle possède peu de vocabulaire, inverse les lettres...

Un redoublement qui porte du fruit

Très vite, l’école et la Maison d’enfants décident de lui faire passer un bilan orthophonique. Des séances s’ensuivent et l’aident à mieux s’exprimer et à se faire comprendre. Mais des difficultés de langage et en mathématiques demeurent : « On ne savait pas trop si elle n’avait pas envie de parler ou si elle avait du mal, » témoigne l’enseignante qui l’a accueillie durant trois années, en petite section de maternelle, en grande section et en CM1. Avant de poursuivre : « Nous avons choisi de lui faire redoubler la grande section afin qu’elle retrouve un niveau scolaire correct, mais aussi confiance en elle. Cela a été un succès : Lætitia était tout à fait à sa place avec des enfants plus jeunes, et s’est montrée plus mature dans la suite de sa scolarité. Nous l’avons vu grandir et acquérir plus d’autonomie. »

De l'épreuve du travail du soir... au déclic

Mais les apprentissages restent compliqués et le travail du soir, une épreuve. C’est en CE2 que le déclic se produit chez Laetitia. Lorsque l’équipe pédagogique évoque une orientation possible en classe SEGPA (section d’enseignement général et professionnel adapté), elle se met au travail pour l’éviter car cela avait été une expérience difficile pour sa grande sœur. « J’ai vu le changement à son arrivée en CM1, reprend l’enseignante. Ce n’était pas la même enfant, je la trouvais plus forte mentalement. Elle avait envie de nous montrer ses capacités et avançait beaucoup mieux. Des difficultés demeuraient dans ses productions d’écrit, dans la construction de phrases avec du sens par exemple, mais elle faisait de son mieux. En plus, elle aimait lire ! »

Fière de ses réussites

Il a fallu ensuite l’aider à surmonter ses doutes sur elle-même. « Nous nous sommes souvent rencontrées, Lætitia, son éducatrice référente de la Maison d’enfants et moi, poursuit l’enseignante, afin de lui démontrer ses capacités, sa possibilité de progresser. Sa timidité et sa réserve l’empêchaient sans doute au début de manifester son contentement. Mais petit à petit, elle s’est montrée fière de son travail et partageait ses réussites avec les autres. » Tout au long de sa scolarité, le sport, domaine dans lequel elle excelle, est un véritable point d’appui. Si l’orientation en SEGPA s’éloigne, Lætitia ne se relâche pas pour autant.

Une enfant très sensible

« Avec cet énorme bond en avant, son année de CM2 se passe relativement bien.  Elle entrera en sixième en septembre 2018 », se réjouit son enseignante. Et s’il lui fallait une preuve de ses progrès en assurance, elle a même été élue déléguée de sa classe ! Lætitia se trouve bien à la Maison d’enfants où elle habite depuis 9 ans. Elle voit moins son père depuis deux ans, mais revoit sa mère qui a retrouvé une stabilité dans sa santé et sa vie et peut l’accueillir le week-end. « J’ai l’impression que cela lui fait beaucoup de bien de retrouver un milieu familial. C’est une enfant très sensible », conclut son enseignante. (1) Pour préserver son anonymat, le prénom de l'enfant a été changé.