
Education et scolarité
14 juin 2021
L'apprentissage bat des records
Avec près de 500 000 contrats signés en 2020, l’apprentissage a connu l’année dernière un boom historique. Un succès dû à la réforme de 2018 et aux primes exceptionnelles accordées durant la crise sanitaire, mais qui laisse néanmoins entrevoir un avenir incertain. Explications.
« Je n’aimais pas l’école. J’ai voulu apprendre un métier tout de suite. Après un CAP cuisine et pâtisserie en apprentissage, j’en prépare un autre en boulangerie en un an. Mon objectif ? Monter mon affaire pour devenir mon propre employeur », explique Sabine sur lapprenti.com, le site Internet d’information spécialisé sur l’alternance. Comme Sabine, près de 500 000 jeunes ont signé un contrat d’apprentissage en 2020, contre 353 000 en 2019. Soit une envolée spectaculaire de 40% ! Comment expliquer cet engouement soudain pour l’apprentissage qui connaît, depuis une dizaine d’années, une hausse régulière du nombre de ses contrats ?
Si ces chiffres traduisent un réel emballement pour l’apprentissage, l’avenir de cette voie de formation reste néanmoins incertain. Les entreprises auront-elles toujours envie d’y recourir lorsque les primes exceptionnelles, prolongées jusqu’à la fin de l’année, prendront fin ? Les entreprises du BTP ou de la restauration, durement touchées par la crise sanitaire, seront-elles toujours en capacité de prendre des apprentis en 2022 ? Enfin, pour maintenir son développement, l’apprentissage devra également s’attaquer un problème récurrent: la rupture prématurée des contrats (voir encadré ci-dessous). En moyenne, un contrat sur trois n’est pas mené à son terme, et même un sur deux dans le secteur de la restauration. Il est donc urgent de comprendre le phénomène et d’y apporter des solutions.
Des primes exceptionnelles
« C’est sans doute un effet direct de la réforme de septembre 2018, précise Marie-Hélène Toutin, chargée d’études au Céreq et spécialiste du sujet. Elle a fortement modifié le contexte de l’apprentissage en l’ouvrant jusqu’à 30 ans et en simplifiant les démarches administratives pour les entreprises. » Le mode de financement de l’apprentissage a également été complètement revu, passant des Régions aux branches professionnelles qui fixent elles-mêmes le coût des contrats. Autre élément déterminant : les primes exceptionnelles accordées par l’État pour soutenir la formation des jeunes en pleine crise sanitaire via le plan «1 jeune, 1 solution». Depuis le 1er juillet 2020, l’État verse ainsi aux entreprises une prime de 5 000 euros pour l’embauche d’un mineur en apprentissage et de 8000 euros pour un majeur, sans conditions pour les entreprises de moins de 250 salariés, sous conditions au-delà. De quoi faciliter leur embauche la première année ! Au-delà du nombre de contrats signés, le profil des jeunes qui ont recours à ce type de formation exigeante, alternant enseignement en centre de formation et formation en entreprise, a évolué. Aujourd’hui, l’apprentissage concerne d’abord ceux qui préparent un diplôme de l’enseignement supérieur : en 2020, ils représentaient 57 % des contrats signés (dont 22% de bac+2), contre 26% pour les CAP/BEP. Un différentiel dont les causes sont identifiées, en particulier, le besoin d’accompagnement des jeunes pour intégrer les codes de l’entreprise (voir interview ci-dessous).Un avenir incertain
Les secteurs du commerce, du bâtiment, de l’hôtellerie-restauration et de la réparation automobile restent traditionnellement ceux qui recourent le plus à l’apprentissage. Suivis de plus en plus par l’informatique, la finance et les services à la personne.Si ces chiffres traduisent un réel emballement pour l’apprentissage, l’avenir de cette voie de formation reste néanmoins incertain. Les entreprises auront-elles toujours envie d’y recourir lorsque les primes exceptionnelles, prolongées jusqu’à la fin de l’année, prendront fin ? Les entreprises du BTP ou de la restauration, durement touchées par la crise sanitaire, seront-elles toujours en capacité de prendre des apprentis en 2022 ? Enfin, pour maintenir son développement, l’apprentissage devra également s’attaquer un problème récurrent: la rupture prématurée des contrats (voir encadré ci-dessous). En moyenne, un contrat sur trois n’est pas mené à son terme, et même un sur deux dans le secteur de la restauration. Il est donc urgent de comprendre le phénomène et d’y apporter des solutions.
Deux questions à Aurélien Cadiou
Président de l’ANAF (Association nationale des apprentis de France)- Comment lutter contre la rupture prématurée des contrats d’apprentissage ?
- Comment relancer l’apprentissage pour les jeunes en CAP/BEP ?
L'apprentissage à Apprentis d'Auteuil
À la rentrée 2020, Apprentis d’Auteuil comptait 880 jeunes en formation par apprentissage, principalement dans les secteurs de l’hôtellerie-restauration, du bâtiment, des espaces verts, de la mécanique et de l’alimentation. Avec, pour chacun, un accompagnement social sur mesure, spécificité de la fondation, qui permet de sécuriser les parcours des apprentis.Dans le cadre de la réforme de la formation professionnelle, la fondation a choisi de créer son propre organisme de formation. Celui-ci accompagne ses établissements ayant une activité de formation en apprentissage et/ou continue, notamment dans la mise en place de la démarche qualité Qualiopi. L’objectif est d’obtenir, d’ici la fin de l’année, la certification qui atteste du niveau de qualité des organismes de formation. Cette démarche de certification met, elle aussi, en avant l’accompagnement social et individualisé des jeunes afin de lever tous les obstacles à leur réussite (problèmes de logement, de transport ou de santé).
À lire dans la même thématique
Les plus populaires