Séance d'EARS au lycée Notre-Dame avec André Lejeune
Education et scolarité

Éduquer à la vie affective, relationnelle et sexuelle

Pour que chaque jeune accueilli à la fondation puisse devenir un adulte épanoui, respectueux de lui-même et des autres, il bénéficie d’une éducation à la vie affective, relationnelle et sexuelle (EARS) dispensée par des équipes spécialement formées. Reportage au lycée professionnel Notre-Dame au château des Vaux près de Chartres.

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Les jeunes de la fondation participent à des séances où ils peuvent parler des relations entre filles et garçons quelles soient affectives ou amoureuses.

« C’est normal de toujours vouloir être ensemble quand on s’aime. », « Si on n’est pas en couple on ne peut pas être heureux dans la vie. », « La puberté est une période difficile pour les filles et les garçons. ». Cet après-midi-là, ce sont quelques-unes des affirmations à partir desquelles réfléchissent et débattent les élèves de seconde du lycée professionnel Notre-Dame au château des Vaux près de Chartres. Ils sont une vingtaine, en filière boulangerie-pâtisserie et chauffagiste, à participer à une séance mixte d’éducation à la vie affective, relationnelle et sexuelle (EARS) menée par André Lejeune, animateur pastoral et éducateur à la vie. Il leur propose le jeu de la ligne et trace au préalable une ligne au sol. Ludique et dynamique, ce jeu favorise l’échange verbal et l’interactivité entre ces grands adolescents. «Ceux qui sont d’accord avec une affirmation, explique-t-il, se placent d’un côté de la ligne et ceux qui ne sont pas d’accord de l’autre. Ceux qui hésitent vont sur la ligne. Au cours du débat, vous pouvez changer de place si l’argument d’un camarade vous convainc. »

Séance d'EARS au lycée Notre-Dame
Les séances d'EARS réunissent filles et garçons. (c) Besnard/Apprentis d'Auteuil

Démarche globale

Démarche globale d’Apprentis d’Auteuil qui se déploie depuis une vingtaine d’années dans les établissements, l’EARS est portée par des équipes formées à aborder des thèmes très divers adaptés à chaque tranche d’âge : le biologique, l’affectif, les sentiments, l’orientation sexuelle, le consentement, l’exposition à la pornographie, les réseaux sociaux, les violences sexuelles, la prostitution, etc. « J’essaie de transmettre à chaque jeune toutes les dimensions de la personne – les 4 C : corps, cœur, cerveau, conscience - pour qu’il puisse devenir un adulte épanoui dans ses relations, responsable et acteur de sa propre vie, explique André Lejeune. Pour qu’il soit en mesure de choisir ce qu’il veut ou ce qu’il ne veut pas. » L’EARS donne ainsi des repères pour permettre à chacune et à chacun de devenir un adulte capable d’aimer l’autre, de le respecter et de se respecter soi-même. En refusant toute forme de violence et en plaçant la relation entre les personnes au cœur de l’action éducative.

Faire réfléchir et débattre

« Les filles sont plus sentimentales que les garçons ». Les élèves disposent de quelques secondes de réflexion pour choisir leur camp. L’animateur leur demande ensuite d’argumenter leur choix. « Lors d’une rupture, lance Losseny, le garçon, ça ne lui fera rien par rapport aux sentiments, alors que la fille va avoir plus de mal à tourner la page. » « Pas d’accord, rétorque Alice. Les garçons doivent cacher leurs émotions. C’est ce qu’on attend d’eux. C’est un stéréotype. » Après quelques minutes d’un échange animé, André en fait la synthèse et donne un point de vue à même d’éclairer les esprits : « On a tous des émotions. On peut souffrir beaucoup d’une rupture amoureuse, qu’on soit une fille ou un garçon. » La majorité des élèves se range finalement à cette opinion, certains ayant ainsi changé de camp durant le débat. Au fil de la séance, les sensibilités et les aspirations de chacun s’expriment dans une réelle bienveillance, à l’écoute de l’autre. « Ce sont des jeunes qui se connaissent bien, qui me font confiance et avec lesquels un lien authentique s’est créé. Cela favorise une liberté de parole, notamment entre filles et garçons », confie André Lejeune.

Séance d'EARS au lycée Notre-Dame, illustration avec 3 règles de base
Les 3 règles de base des séances d'EARS : écoute, respect, confidentialité (c) Besnard/Apprentis d'Auteuil

La question du consentement

Confiance, écoute et respect d’autrui permettent d’aborder sans chahut des thèmes aussi délicats qu’essentiels comme la sexualité et le consentement. Une phrase s’affiche sur le tableau numérique de la classe : « On a le droit de refuser des contacts sexuels même si on est en couple ou qu’on est marié ». Les jeunes s’élancent d’un bond dans la case « d’accord ». La question du consentement a déjà été abordée par André lors d’une précédente séance et la sensibilisation porte ses fruits : « On ne force pas une personne à boire du thé », lance Gilles, faisant référence à une célèbre vidéo éducative anglaise sur le consentement qui utilise la métaphore de la tasse de thé pour évoquer la question du consentement dans la relation sexuelle.

Autre phrase sur laquelle réfléchir : « Une fille qui s’habille sexy est une fille qui cherche un garçon. » Les avis sont moins tranchés. Pour Ryan : « Elle cherche un peu quand même. Elle veut plaire aux garçons. » Kylian est d’accord. Lucas ne l’est pas : « Une fille peut s’habiller selon ses envies », sans que cela ne prête à conséquence. « C’est le regard que le garçon porte sur la fille qui pose question », souligne l’animateur, sans avoir forcément réussi à convaincre tous les jeunes. Car briser les stéréotypes demande temps et pédagogie. « C’était bien de pouvoir communiquer entre nous sans chahut, fait remarquer Alice. Le fait que la séance soit mixte nous a permis de nous parler entre filles et garçons. » « J’ai pu me remettre en question », conclut Lucas.