Crise de l’eau à Mayotte : Apprentis d’Auteuil se mobilise et lance un appel aux dons

Depuis plusieurs mois, Mayotte doit faire face à la plus importante sécheresse de son histoire récente. Or, l’alimentation en eau des 300 000 habitants (sans compter les sans-papiers venus principalement des Comores voisines) de l’île de l’océan Indien dépend essentiellement des eaux de pluie. Les deux retenues collinaires, qui alimentent habituellement l’ensemble de la population mahoraise en eau potable (avec l’usine de dessalement d’eau de mer de Petite-Terre), sont à leur niveau le plus bas. L’eau au robinet se fait donc rare. Depuis le 4 septembre, elle n’est plus accessible qu’un jour sur trois sur l’ensemble du département. Dans certaines zones à fortes densités de population (Mamoudzou, Koungou et Petite-Terre), l’eau est coupée tous les jours de 16 h à 8 h du matin et pendant 36 heures le week-end.

Des conditions d’accueil dégradées

« Des gestes aussi simples que boire, se laver les mains ou aller aux toilettes sont devenus compliqués pour l’ensemble de la population de l’île, explique Guillaume Jeu, directeur d’Apprentis d’Auteuil Mayotte. Pour les 3000 jeunes et familles que nous accueillons sur 22 sites répartis sur toute l’île, les conditions sanitaires et d’accueil se sont dégradées. Par exemple, dans notre collège-lycée L’Espérance, la cuve de 2000 litres installée par le Rectorat à la rentrée n’est pas suffisante. Les 240 élèves et les 25 professeurs ne peuvent plus utiliser les toilettes. Pour faire face à cette situation, nous organisons des rotations d’équipe ou des fermetures partielles de certains sites l’après-midi. »

Des jeunes fatigués et inquiets

Cette crise de l’eau a aussi des répercussions très concrètes sur la vie des jeunes et fait craindre une hausse de l’absentéisme des élèves. « Les jeunes sont fatigués et inquiets, souligne Guillaume Jeu. Certains doivent faire la queue toute la nuit aux bornes-fontaines monétiques (des fontaines sur l’espace public où il est possible d’avoir accès à l’eau potable grâce à une carte magnétique, ndlr) ou aux rampes d’eau. Ce qui entraîne des tensions et de l’absentéisme pour les jeunes qui sont plus préoccupés par l’accès à l’eau que par leur scolarité. »

Enfin, compte tenu des conditions sanitaires dégradées, cette crise de l’eau fait peser sur la population de l’île, qui vit à 77 % sous le seuil de pauvreté selon l’Insee, un risque épidémique (typhoïde, choléra, hépatite A) réel, ainsi qu’un possible retour de la Dengue avec la prolifération des moustiques dans les réservoirs d’eau.

Apprentis d’Auteuil s’organise

En attendant la saison des pluies prévue à la fin de l’année, Apprentis d’Auteuil s’organise. « On s’assure que l’eau potable est accessible sur chaque site où nous sommes présents, précise Guillaume Jeu. Nous avons acheté des palettes de bouteilles d’eau à un prix prohibitif malgré le blocage du prix l’eau par la Préfecture. Nous prévoyons également d’acheter des fontaines atmosphériques, plus écologiques, qui transforment l’humidité de l’air en eau. »

Limiter l'impact écologique

« Car nous voulons répondre aux besoins de nos bénéficiaires en limitant, autant que possible, l’impact sur l’environnement, ajoute le directeur d'Apprentis d'Auteuil Mayotte. Avec la crise de l’eau, l’île se transforme en une poubelle géante de plastique ! Nous voudrions aussi nous équiper de cuves qui récupèrent l’eau de pluie pour des usages sanitaires et l’eau du réseau pour se laver les mains et faire la cuisine. »

Apprentis d’Auteuil lance un appel aux dons

Pour faire face à cette crise de l’eau dans le 101^e département français, Apprentis d’Auteuil lance en septembre 2023 un appel aux dons*. « Nous avons besoin à la fois de répondre à l’urgence en achetant des bouteilles d’eau et, sur le plus long terme, de nous équiper de cuves de stockage, de fontaines atmosphériques et de faire des travaux dans nos bâtiments, détaille Guillaume Jeu. Nous devons profiter de cette crise pour investir dans des systèmes de récupération d’eau de pluie et améliorer notre gestion de l’eau en prévision des périodes de sécheresse qui vont devenir plus fréquentes avec le réchauffement climatique. Pour gagner le pari du développement à Mayotte, nous ne pouvons pas faire sans le soutien des donateurs et de nos partenaires publics et privés en métropole. » 

* Cet appel à dons est désormais clôturé.