
Apprentis d'Auteuil vient en aide aux victimes de violences conjugales
Déployé pour lutter contre le coronavirus, le confinement est aussi synonyme de danger pour les femmes victimes de violences conjugales. En France, ces violences seraient en hausse de 30%*. A Chartres, la résidence mère-enfant d’Apprentis d’Auteuil Le Bercail accueille de nouvelles arrivantes, dans un contexte de crise sanitaire inédite.

Depuis 2008, le Bercail accueille des femmes enceintes et / ou accompagnées de jeunes enfants, qui rencontrent des difficultés sociales, économiques, familiales… ou qui sont victimes de violences conjugales. “Nous leur proposons un hébergement ainsi qu’un accompagnement dans leurs projets de vie et de famille”, explique Ingrid Barthe, la directrice de cette résidence mère-enfant d'Apprentis d'Auteuil. Depuis le début du confinement, les demandes de mises à l’abri adressées par le SIAO (Service intégré de l’accueil et de l’orientation) ont significativement augmenté. Le Bercail a déjà accueilli 7 nouvelles résidentes, dont 4 victimes de violences conjugales avec des enfants de moins de trois ans. “De nombreuses femmes se sont retrouvées confinées avec un conjoint violent. Elles ne bénéficient plus d’aucun répit pour souffler, tandis que l’enfermement et la promiscuité forcée exacerbent les violences”, explique Ingrid Barthe. L‘une d’entre elles vient pour la deuxième fois : incarcéré, son conjoint a bénéficié d’une libération anticipée.”.
Appels à la solidarité

L’établissement d’Apprentis d’Auteuil, qui accueillait déjà 29 femmes et 59 enfants, a dû pousser les murs. L’équipe a lancé des appels à la solidarité : des appartements ont été prêtés grâce à la mobilisation de l’association Les Amis du Bercail, des chambres par les Soeurs de Saint-Paul à Chartres. “Nous avons aussi dû équiper certains logements en vaisselle, draps, serviettes de toilettes ou lits bébé…”, ajoute-elle. Le téléphone sonne aussi plus souvent qu’avant sur la ligne du Bercail, disponible 24/24 et 7/7. “Nous recevons une dizaine d’appels par semaine de femmes qui subissent des violences verbales, physiques ou sexuelles et qui cherchent une écoute, des conseils, une structure de proximité vers qui se tourner”, décrit la directrice. Un numéro a été affiché dans les pharmacies et supermarchés du département et renvoie à tour de rôle sur le Bercail et deux autres associations locales**.
Afflux de nouvelles demandes

Entre l’afflux de nouvelles demandes et les mesures mises en place pour protéger les résidentes, les défis (et les dépenses) se sont multipliées. Pour respecter au maximum le confinement, le Bercail a fait le choix de livrer des denrées alimentaires et de première nécessité (couches, lait infantile…) à toutes les familles hébergées.
“La banque alimentaire nous ravitaille en produits secs (farine, pâtes, huile…) mais pas en fruits ni légumes frais. Heureusement, la préfecture nous a autorisé à récupérer les invendus dans un supermarché.”, explique Ingrid Barthe. L’établissement a aussi décidé d’avancer les frais médicaux et dentaires indispensables. Malgré l’ampleur des défis, la directrice reste positive. “Aucune famille n’est malade et l’équipe est très mobilisée, très soudée. Les résidentes sont confinées dans les appartements individuels ou maisons collectives, mais nous nous adaptons pour continuer l’accompagnement éducatif et à la parentalité, dans le respect des gestes barrière. La PMI nous a prêté une balance pour peser un nouveau-né et les maîtresses de maison sont très présentes pour le bain ou les conseils en allaitement. Tout le monde s’adapte pour rendre le quotidien agréable et joyeux malgré le confinement.” *+32 % en zone gendarmerie selon le ministère de l’Intérieur **France victimes 28 ou la CIDFF (Centre d’information sur les droits des femmes et des familles) d’Eure-et-Loir.
La Résidence mère-enfant Le Bercail
Accueil et hébergement d'urgence pour des femmes victimes de violences conjugales ou en situation de précarité, seules, enceintes ou accompagnées de jeunes enfants
13, rue Saint-Maurice
28 000 CHARTRES
Tél. 06 30 82 90 16 / 06 10 27 34 33
À lire dans la même thématique