Education et scolarité

Reprise du Covid-19 à Marseille, "nous avons des ressources insoupçonnées"

Face à la reprise du Covid-19 et aux fermetures des bars et des restaurants marseillais, une réelle tension se ressent depuis quelques jours dans la ville. Point sur la situation avec Bruno Galy, directeur régional adjoint Sud-Est d'Apprentis d’Auteuil.

Quelques mots sur la situation à Marseille ?

Bruno Galy. Photo : Besnard/AA

Marseille est une ville où l’on vit dehors, où l’on est tactile et où le brassage interculturel se vit au cœur de la cité et pas seulement dans ses périphéries… Avec cette recrudescence de l’épidémie, et plus encore la décision récemment prise de fermer les bars et  les restaurants, une forme d’incompréhension est née. Et un doute s’est installé. Avec à la clé, un risque réel d’isolement et de repli. Nous sommes un peu perdus en termes d’information. Où est le vrai ? Les Marseillais ont du mal à comprendre et à suivre…

Comment cela se traduit-il dans les établissements d’Apprentis d'Auteuil ?

Temps de jeu en famille, entouré d'une bénévole, sur la terrasse de la "Halte des Parents", la Maison des Familles d'Apprentis d'Auteuil située dans le IVe arrondissement de Marseille.

Nos écoles, collèges, internats et maisons d’enfants ne sont pas trop touchés. Ces établissements s’étaient organisés, depuis le déconfinement, pour faire face et les jeunes étaient contents de reprendre, début septembre, leur vie d’avant. La situation est plus tendue du côté de nos dispositifs d’insertion, avec de  difficultés à trouver des stages et des emplois. Même ressenti dans nos résidences sociales, et surtout nos Maisons des Familles, nous en avons deux à Marseille, ces lieux d'accueil qui proposent aux parents un espace de rencontre et de parole sur les questions d’éducation et de parentalité. Depuis quelques jours, leurs responsables voient arriver des pères et des mères inquiets et en plus grand nombre. Ils ne comprennent pas ce qui se passe et disent à nouveau leur déception, leur colère et leur tristesse. Comme au début du confinement. D’évidence, nous allons traverser une année difficile, avec une fracture sociale sans doute encore plus grande...

Dans quel état d’esprit avancez-vous ?

Nous savons que nous sommes en capacité de réagir et que nous pouvons même aller encore plus loin si besoin. Nous en sommes capables, le Covid nous l’a prouvé. De fait, cette pandémie a été un vrai révélateur de talents. Nous avons des ressources et des qualités d’agilité et d’adaptabilité insoupçonnées. Même si cela nous demande à nouveau des efforts, à nous de les déployer ! En tant qu'éducateurs, nous allons continuer à rester, plus que jamais, attentifs à faire éclore en chacun(e) des jeunes et des familles que nous accompagnons une capacité d’engagement et des talents. 
Témoignage de Fatima, mère de 3 enfants
"Je viens dès que je peux à la Maison des Familles, c'est ma deuxième maison. Depuis quelques jours, je stresse à nouveau pas mal. Une inquiétude mélangée à une impression de déjà vu, avec le ressenti, j’espère faux, d’un reconfinement à prévoir et beaucoup d'incompréhension face à des tas de de contradictions. Pourquoi, par exemple, fermer les bars alors qu’on est tous serrés dans les transports ? Ici, à la Maison des Familles, on s’était aussi réhabitués à vivre ensemble depuis le déconfinement, et depuis la semaine dernière, même pour aller là-bas, on nous demande de nous inscrire par mail pour pouvoir participer à un atelier ou simplement passer. Et les bénévoles doivent sans cesse rappeler les consignes. C’est dur et vraiment pas dans nos habitudes ! On avait aussi une fête de prévue qui a dû être annulée. Bref, notre vie quotidienne est en train d’être à nouveau restreinte et on ne peut plus vraiment faire ce que l'on veut. Par moments, j’en ai assez, même si je reconnais en même temps que cette pandémie a aussi du bon. Grâce à elle, j'apprends à prendre davantage soin de l’autre ! "