Education et scolarité

Le collège Vitagliano de Marseille au secours des élèves les plus fragiles

À Marseille, le collège Vitagliano, situé dans le quartier de la Blancarde, s’est organisé pour assurer à distance la continuité pédagogique durant la période du confinement. À titre dérogatoire, les élèves les plus fragiles sont également accueillis par groupe de cinq maximum au sein du collège par des professeurs volontaires. Explications.

Florence Tchobdrenovitch, professeure de français et d'histoire géographie au collège Vitagliano de Marseille (c) DR
Florence Tchobdrenovitch, professeure de français et d'histoire géographie au collège Vitagliano de Marseille (c) DR

Les professeurs, sur le pont depuis le début du confinement, s'organisent, entre préparation des cours et des exercices, envois par mail, appels réguliers aux familles et aux jeunes, suivi attentif de chaque élève. Un surcroît de travail et de stress avec lequel chacun apprend à composer. À Marseille, l’équipe du collège Vitagliano assure la continuité pédagogique et maintient des liens avec chaque élève.
Florence Tchobdrenovitch, professeur de français et d’histoire géographie, explique : « Chaque professeur principal appelle les enfants et les familles deux fois par semaine. Nous transmettons les cours via le site ecoledirecte, également des exercices avec des dates de rendu. Depuis 15 jours, nous organisons aussi des visios, en particulier pour les classes de 3e qui ont des examens. Nous reprenons les cours, les points plus délicats. » 

Des enfants au rythme décalé

Pour aider les élèves à garder au maximum un rythme et une certaine régularité, l’emploi du temps habituel est maintenu. Les outils numériques permettent également d’assurer le suivi des exercices rendus ou non. La professeure et ses collègues se sont cependant rendu compte des effets négatifs du confinement sur les élèves :
« Ils sont souvent très décalés, certains dormant le jour et vivant la nuit (nous avons eu des devoirs rendus à 3 h du matin… ) Des parents nous confient la difficulté à cadrer les enfants et à maintenir un rythme normal. Une maman aide-soignante, en particulier, très mobilisée dans la lutte contre le Covid-19, et qui, quand elle rentre parfois à 1 h du matin, trouve ses enfants encore debout, dont le plus jeune est en 6e au collège. C’est assez compliqué. »

Le collège Vitagliano à Marseille (c) DR
Le collège Vitagliano à Marseille ouvre ses portes à titre dérogatoire aux élèves les plus fragiles par petit groupe de cinq (c) DR

Parmi les élèves scolarisés à Vitagliano, un certain nombre  vivent dans des conditions particulièrement difficiles, parfois très nombreux, dans des logements exigus, voire insalubres. Pour eux, continuer à travailler est quasiment mission impossible. Le risque de décrochage scolaire étant maximal, un groupe d’enseignants volontaires s’est organisé pour assurer le suivi scolaire au sein même de l’établissement, ouvert à titre dérogatoire.  
« Ces enfants viennent dans l’établissement scolaire deux après-midis par semaine, par groupe de cinq ou six. Nous essayons d’en faire bénéficier le maximum d’élèves (seuls quelques parents ont peur de laisser sortir leurs enfants). Cela leur permet de rattraper le retard, et de souffler hors de la maison. Bien sûr, nous appliquons les gestes barrière : les enfants sont placés dans la plus grande salle de classe du collège, très espacés les uns des autres, avec gants et masques. Ils sont dotés de tablettes numériques. »

Le maintien du lien est vital

Dans ces temps de confinement, dont la prolongation suscite de l’anxiété et des tensions, garder le moral est très compliqué pour les familles et pour les enfants, comme le souligne la professeure. Le lien, déjà très fort entre professeur et élèves, s’en trouve renforcé.
«  Ce maintien du lien va bien au-delà du simple objectif de la continuité pédagogique. Il est vital. Se sentir écouté, accompagné, soutenu, c’est très important pour les enfants. Et surtout pour les plus jeunes, car les grands ont leurs groupes de copains sur WhatsApp ou d’autres réseaux sociaux. Les points que nous établissons sont des moments récréatifs pour les petits. Ils peuvent nous dire s’ils ont des difficultés dans leurs devoirs ou pour nous transmettre leur travail. Je précise que beaucoup d’enfants scolarisés chez nous sont habituellement suivis par une psychologue. Nous avons maintenu les rendez-vous, qui se font dorénavant par téléphone. » L’équipe pédagogique communique quotidiennement en visio, et a créé des groupes WhatsApp pour le suivi des élèves. « Nous formons une équipe soudée autour de notre directrice, nous sommes bien coachés ! Quant à moi, je garde le moral. C’est une autre façon de travailler. Pourvu que cela ne s’éternise pas trop… L’enjeu sera de tenir sur la longueur, de maintenir une régularité quotidienne. »