Education et scolarité

Émilie : « La vie est fragile. J’essaie d’en profiter. »

Pendant ce deuxième confinement, Émilie et ses trois enfants vivent une autre vie. Grâce, entre autres, à la Maison des familles de Montdidier dans la Somme : elle a soufflé l’idée d’un nouvel avenir à la jeune maman. Plus battante que jamais.

« Par rapport au premier confinement où j’étais la maman, la professeure des écoles et l’orthophoniste, mon quotidien n’est plus du tout le même, confie Émilie. Depuis le 2 novembre, Ryan, Kylian et Noëline, mes enfants ont repris le chemin de l’école. Moi, j’y suis retournée le 5 octobre ! » 
Mère au foyer, Émilie cherchait quelque chose sans vraiment savoir quoi. Jusqu’au jour où une responsable de l’AFEC - un organisme de formation pour l’insertion et la réinsertion professionnelle - est venue à la Maison des familles de Montdidier, présenter la « Dynamique vers l’emploi ». « Avec cette formation de six mois, on se remet à niveau en français, en mathématiques, on apprend à rédiger un cv, à se présenter devant un patron, résume Émilie. On fait aussi des stages pour découvrir différents métiers, on prépare le Certificat socle de connaissances et de compétences professionnelles (CléA) avant de suivre une formation qualifiante. J’ai passé quelques tests pour savoir si je pouvais en bénéficier. Et j’ai été acceptée le 5 octobre. Sans le savoir, c’est tout ce que j’attendais ! J’ai déjà appris à travailler sur un ordinateur, à connaître ses multiples composants, à me former via une plateforme, à échanger, par mail, avec les formatrices. Je sais que si j’ai un souci, je peux aller les voir pour leur demander des conseils ou simplement leur faire un petit coucou. »

La Maison des familles : un havre pour se connaître, s'ouvrir aux autres © Apprentis d'Auteuil

« Mes enfants sont fiers de moi »

Avec cette formation, Émilie ne se rend plus aussi souvent qu’elle le souhaiterait à la Maison des familles. « Nous devons nous inscrire pour ne pas être trop nombreux en même temps et nous protéger les uns, les autres, surtout les personnes à risques, souligne-t-elle. Des groupes de parole sur « Vivre et grandir ensemble » sont toujours organisés, et des ateliers de bricolage. On peut aussi discuter en petit groupe dans la grande salle. J’ai besoin de parler. Pour nous donner des nouvelles et rester en contact, j’ai proposé l’idée d’échanger nos numéros de téléphone et de nous retrouver sur un compte Facebook. On ne sait jamais ce qui peut arriver ! » 

Et ses enfants réalisent-ils ce qu’il arrive à leur maman ? « Ils sont fiers de moi, se réjouit Émilie. Je les avais préparés à ce changement de vie en leur disant : « Maman a besoin de reprendre une activité. Maman voudrait retravailler ou trouver une formation ». Au début, je pensais que cela allait être dur pour eux car j’étais une vraie mère-poule. Mais, ils n’ont jamais été désagréables. Ils m’ont toujours aidée comme ils le pouvaient, en mettant le couvert par exemple. Ils ont vu que j’avais des devoirs à faire… comme eux ! »

Émilie souhaite reprendre, au plus vite, toutes les activités de la Maison des familles © Apprentis d'Auteuil

« Je suis sur le bon chemin »

Quels souvenirs Émilie garde-t-elle de cette année particulière ? « Pendant le premier confinement, aucun de mes enfants n’a abandonné l’école, note-t-elle. Même si Ryan ne comprenait pas tout, il a toujours fait et envoyé ses devoirs. Pour Kylian ça été plus compliqué car il a beaucoup de difficultés. Aujourd’hui en 6e Segpa, il les accepte et se comporte bien mieux. Noëline, elle, a fait une petite déprime, trop malheureuse de ne plus voir ses camarades et sa professeure. Tous les trois n’avaient qu’une envie : retourner à l’école. Et même si le protocole sanitaire est renforcé, ils n’en souffrent pas trop. Je suis fière d’eux pour le premier confinement où, du jour au lendemain, on leur a dit - comme à tous les enfants et adolescents - vous restez chez vous et vous faites vos devoirs à la maison, et pour ce deuxième confinement qu’ils respectent. »
Tout irait donc au mieux pour Émilie ? « Grâce à la Maison des familles, j’étais épanouie. Maintenant, je suis sur le bon chemin. Avec ma formation rémunérée, je contribue à la marche de notre foyer. Avec son salaire, mon mari n’est plus seul à nous faire vivre. Plus tard, j'aimerais trouver un emploi dans le social.
Le virus m’a fait prendre conscience qu’un jour c'est ça et le lendemain autre chose. Je fais tout pour me rapprocher de mes enfants et de ma famille. La vie est tellement fragile et courte que j’essaie d’en profiter au maximum. Et, je sais que la Maison des familles ne me lâchera jamais. J’irai jusqu’au bout ! »