Témoignages
08 mars 2022

Sébastien Perrocheau, un écoutant au service des familles

PORTRAIT. Ancien professionnel de l’animation, Sébastien Perrocheau, 41 ans, est écoutant à Écoute info familles, le service d’écoute téléphonique d’Apprentis d’Auteuil. 

Établissements Saint Philippe, Meudon, Hauts-de-Seine.  En cet après-midi de janvier, casque sur les oreilles, Sébastien Perrocheau indique la marche à suivre à une mère de famille sans nouvelles de son ado, disparue depuis deux jours. « N’hésitez pas à nous recontacter si besoin. Nous sommes à votre disposition. » lui propose-t-il. Une heure plus tôt, il rassurait le père d’une bachelière en recherche d’orientation. Et juste avant, un éducateur en quête d'hébergement. Nous sommes à  Ecoute info familles, le service d'écoute téléphonique d'Apprentis d'Auteuil.

En ligne avec les familles

Les écoutants du service bénéficient depuis septembre dernier d'une nouvelle installation. (c) Igor Lubinetsky/Apprentis d'Auteuil
Les écoutants du service bénéficient depuis septembre dernier d'une nouvelle installation. (c) Igor Lubinetsky/Apprentis d'Auteuil

« Définir mon métier n’est pas chose aisée, lance l’écoutant. Notre profession est mal connue du grand public. Pourtant, avec le nombre de lignes nées pendant la pandémie, notre utilité n’est plus à démontrer ! »

La plateforme Ecoute info familles a ouvert en 2001, pour répondre à une demande grandissante des familles. Elle rejoint fin 2021 Écoute parentalités, un réseau de lignes spécialisées dans le soutien parental. Son principe ? Permettre aux parents - et aux professionnels - qui le souhaitent d'appeler le service de manière anonyme, sûrs de pouvoir parler sans être jugés, par rapport à des difficultés rencontrées par un enfant : mal-être, rupture, décrochage scolaire, tensions familiales, etc.  

Questions d'orientation

Attentifs aux besoins exprimés, les écoutants proposent des pistes vers des partenaires extérieurs :  services sociaux, associations, structures d’écoute spécialisées, dispositifs de l'Éducation nationale, etc. Ceci en fonction du profil du jeune, de son âge, de son lieu d'habitation et surtout de ses aspirations.

Ils répondent également aux interrogations des appelants sur Apprentis d'Auteuil : , filières de formation, projet éducatif, établissements, adresses de collèges avec internats, processus d’admission, etc.  « L'objectif est de les aider à cheminer dans leurs questionnements et de leur apporter les informations les plus adaptées. Nous sommes tous formés à l'écoute. », précise Sébastien Perrocheau. 

Se remettre en marche

« Les familles qui appellent, continue-t-il, sont essentiellement des parents – surtout des mères – de collégiens n’arrivant pas à se projeter dans l’avenir. De nombreux coup de fil tournent aussi autour de la problématique des écrans, de mauvais choix d'orientation ou de solutions à trouver pour de jeunes adultes déscolarisés. En déchargeant leur stress, les parents trouvent en eux des ressources qu'ils ne voyaient plus, ils se remettent en marche » .

La ligne fonctionne du lundi au vendredi de 9 heures à 18 heures, sauf le mardi matin. Elle reçoit environ 3000 appels par an. Le nombre de coups de fil varie d'un jour à l'autre et les situations les plus difficiles sont évoquées en équipe.

Animateur en banlieue 

L'équipe se réunit tous les mardis matins. (c) Igor Lubinetsky/Apprentis d'Auteuil
L'équipe se réunit tous les mardis matins. (c) Igor Lubinetsky/Apprentis d'Auteuil

Sa vocation à l’écoute, Sébastien Perrocheau la découvre à son entrée dans la vie adulte, lorsqu’il se lance comme animateur en banlieue, en parallèle de ses études d'histoire, son bac pro commerce obtenu après une scolarité compliquée.

Chemin faisant, il bifurque vers les sciences de l’éducation (master) tout en persévérant dans sa mission auprès des adolescents. Il les ouvre à l'art - la musique en particulier - leur fait découvrir la montagne, s'envole en séjours humanitaires avec eux. Les jeunes se confient, les parents aussi. 

Cultiver l'optimisme

Lorsqu’il apprend qu’Apprentis d’Auteuil cherche à agrandir son équipe d’écoutants en téléphonie sociale, il pose sa candidature, attiré par la possibilité de travailler avec des familles. Une nouvelle vie démarre. 

«  On ne s'improvise pas écoutant, explique le professionnel. C'est une posture exigeante, qui se peaufine au fil du temps. Et des expériences de la vie. On n'en a jamais fini. Il faut savoir poser un cadre, être ferme ou délicat selon les cas, apprendre à rebondir, abréger des conversations, accueillir ses émotions, etc. » 

Comme ses collègues, Sébastien Perrocheau bénéficie de séances d'analyse de pratiques régulières en équipe, dispensées par un psychologue.

Après dix années à exercer son métier, il est aussi enthousiaste qu’au premier jour. « Même si certaines situations sont parfois lourdes à gérer, écouter les personnes est un vrai bonheur. On dédramatise, on réconforte, on se  sent utile. D'autant plus qu'à l'ère des réseaux sociaux, le métier de parent est devenu difficile. Sans compter la violence grandissante. Ou plus récemment, le confinement. »

 

 

Téléphonie sociale, une réponse fiable et rapide

La crise sanitaire a mis un coup de projecteur sur la téléphonie sociale. Les dispositifs existants ont été pris d’assaut et d’autres ont vu le jour, mettant en évidence l’importance du contact humain et du lien social.

Pourtant, la téléphonie sociale n’est pas une nouveauté. Elle s’est développée en France à l’initiative des associations. Ligne pionnière, SOS Amitié est créée en 1960, suivie par les Inter service parents, ligne d’écoute des EPE (Ecoles des parents et des éducateurs) au début des années 70. 

Sans se substituer aux acteurs de terrain, cette forme d’aide constitue un service complémentaire. Elle apporte une réponse fiable et rapide.