
Au centre parental de Saint-Herblain, logement et soutien parental pour familles en difficulté
Pour venir en aide aux personnes en très grande précarité, le centre parental La Parenthèse, situé à Saint-Herblain, en périphérie de Nantes, œuvre sur deux fronts à la fois : la recherche d’un logement et le soutien à la parentalité. Un dispositif qui vise à prévenir et à surmonter des difficultés sociales et familiales.
De l’extérieur, le centre parental La Parenthèse, situé au rez-de-chaussée d’un immeuble du quartier populaire Bellevue, à Saint-Herblain, passe presque inaperçu. À l’intérieur, il bruisse de vie. Chaque membre de l’équipe est à son poste, prêt à répondre à l’appel d’urgence d’une maman à la rue, à contacter un organisme partenaire, à relancer un bailleur public ou privé...
Du lundi au vendredi, le centre accueille, avec ou sans rendez-vous, tous ceux qui frappent à la porte : des pères, des mères, des couples avec au moins un enfant de moins de 3 ans, venus chercher un peu de chaleur, de réconfort et des solutions à tout ou presque.

Un chez-soi pour se ressourcer
Dans ce dispositif de la protection de l’enfance, l’équipe a à cœur de trouver un logement meublé de droit commun pour chaque famille qui lui est confiée et de l'aider dans ses démarches administratives. La plupart de ces familles sont en situation de précarité : sans domicile fixe, vivant en hôtel social ou dans un appartement trop exigu. Parallèlement, l'équipe travaille sur les questions de parentalité, renforce les compétences parentales et cherche à développer la qualité du lien parents-enfants, pour éviter toute rupture qui conduirait à un placement. « Le marché du logement est de plus en plus complexe, déplore Sophie Arnaud, la responsable. Nous cherchons des solutions auprès de bailleurs publics ou privés. C’est une étape essentielle dans l’accompagnement du parent, c’est le point de départ pour initier toute évolution au sein de la famille. »
La responsable évoque le temps d’adaptation nécessaire pour créer un lien de confiance avec les familles, l’énergie déployée pour qu’elles retrouvent une meilleure image d’elles-mêmes, elles qui ont été en butte aux dénigrements, et trouver des solutions adaptées à chacune.
« Une fois logées, poursuit-elle, les familles expriment plus facilement leurs besoins du quotidien. Elles peuvent entendre nos conseils pour éviter les situations de crise ou de conflit. Elles se considèrent moins comme de mauvais parents. Notre objectif est que chaque parent acquiert une plus grande autonomie et gagne en confiance et en estime de soi. Le but est qu’ils se remobilisent, sortent de leur isolement et recréent du lien social. »
Ouvrir des portes aux familles
Concrètement, le centre parental propose des entretiens individuels ou familiaux. Les thèmes débattus sont nombreux : le couple, le soin et l’alimentation des enfants, les pleurs et les colères, les relations frères et sœurs, l’utilisation des écrans, la prévention des maltraitances etc. Des rencontres à domicile sont également prévues. L’équipe organise aussi des repas ou des pique-niques conviviaux, des sorties durant les vacances scolaires, prépare des fêtes (Noël notamment). Autant d’occasions pour les enfants et les parents de jouer ensemble, de partager des savoirs et des expériences... « En leur ouvrant des portes, en les mettant en lien avec nos partenaires (associations, médecins, avocats, France Travail…), nous faisons en sorte que les familles se sentent de plus en plus à l’aise, relève Sophie Arnaud. Mais aucun d’entre nous n’a une baguette magique. Toute réussite passe d’abord par l’engagement et les efforts des parents. À nous de le leur faire comprendre et de nous adapter à chacun. »

Gagner en confiance et en autonomie
Chloé Cappelaere, maman de Farès, 3 ans, pousse doucement la porte de la grande pièce à vivre. « Le 28 mars 2023, madame Arnaud m’a appelée pour me dire qu’elle avait un logement de disponible, se souvient-elle, émue. C’était la première fois de ma vie que j’avais un logement seulement pour moi et mon fils. Aujourd’hui avec monsieur Sénéchal, moniteur-éducateur, et madame Voineau, conseillère en économie sociale et familiale, j’entreprends des démarches pour trouver une HLM. Même si mon objectif numéro un est d’avoir un chez-moi, puis de trouver un emploi comme vendeuse ou femme de ménage, j’aurai de la peine de quitter les personnes du centre parental. Je sais que je peux leur faire confiance. Jamais je n’ai vu autant de personnes prêtes à m’aider. »
Cette aide, Marietta Jollivet, éducatrice spécialisée, l’apporte pour redonner aux familles une bonne et belle image d’elles, à la fois en tant qu’individus et comme parents. « Lors du premier entretien, j’essaie de comprendre d’où viennent ces familles, quelles sont leurs histoires, précise-t-elle. J’écoute ce qu’elles sont prêtes à me dire et ce qu’elles souhaitent mettre en œuvre pour leur bien-être et celui de leurs enfants. »
L’éducatrice prend appui sur les moindres éléments pour initier un changement. « En triant ensemble des papiers, par exemple, au domicile des parents, je peux trouver un carnet de santé ou une ordonnance. Cela m’amène à aborder le suivi médical d’un enfant, à proposer un rendez-vous avec un médecin. Peu à peu, je crée du lien. J’instaure une relation de confiance pour que la maman ou le papa fasse spontanément appel à un membre de l’équipe dès que cela ne va pas bien. Nous donnons à chaque parent des armes pour qu’il puisse mieux se connaître, se comprendre, avancer sur son chemin de vie, et réponde au mieux aux besoins de ses enfants. »
Se (re)construire pas à pas
Et Marietta Jollivet d’évoquer tous ces petits "riens" qui font la différence et lui permettent de mettre en valeur les atouts. « Quand, un jour de pluie, une maman vient avec son enfant vêtu d’un imperméable, des bottes aux pieds, je lui signifie qu’elle a su le préparer aux intempéries. Elle prend conscience de ses compétences et se sent valorisée. C’est ainsi que les familles se construisent petit à petit. Ce n’est pas parce qu’un parent traverse une crise qu’on va le juger ou mettre en doute ses capacités. Tous les parents ont des ressources, des compétences. À nous de les aider à les révéler pour qu’ils surmontent leurs difficultés. »
« Nous mettons tout en œuvre pour que ça bouge dans le bon sens, conclut Jérôme Sénéchal, moniteur-éducateur. Pour que chaque maman, chaque papa, chaque couple se sente bien dans sa tête, en confiance, en sécurité et valorisé. En conséquence, qu’ils n’aient plus besoin de nous et que nous disparaissions au plus vite de leur vie. »
Centre parental La Parenthèse
• Démarrage en janvier 2023, à la suite du relais familial créé par Apprentis d’Auteuil en novembre 2018
• Dispositif de prévention financé par le conseil départemental de Loire-Atlantique
• Bénéficiaires orientés par les centres maternels, les Espaces des solidarités, des assistantes sociales, le CHU de Nantes ou le 115
• L’équipe : une responsable, une éducatrice spécialisée, deux conseillères en économie sociale et familiale, un moniteur-éducateur, une chargée de gestion locative et sociale et une psychologue
• 42 familles accompagnées depuis le début
• Toutes les familles quittent le dispositif avec un logement (HLM) à la clé ou des hébergements trouvés par des associations ou des tiers
• L'accès à l'emploi pour ces familles le plus souvent monoparentales reste compliqué, par manque de solutions de garde des enfants.
À lire dans la même thématique