L'éducation affective, relationnelle et sexuelle à Apprentis d'Auteuil

La relation au coeur du sujet

L’éducation affective relationnelle et sexuelle (EARS), aussi appelée éducation à la sexualité, a pour objectif de faire grandir et s’épanouir les jeunes dans leur vie affective, relationnelle et sexuelle, et de leur permettre de faire des choix éclairés, libres et responsables, en matière de relations et de sexualité. Elle est complémentaire à l’éducation affective et sexuelle que peuvent apporter les parents à leurs enfants.

Apprentis d’Auteuil emploie le terme EARS plutôt que de celui d’Education à la sexualité, car la fondation met l’accent sur la relation et l’importance de l’articulation entre dimensions affective et sexuelle de la personne.

Ces temps d’information et d’échanges sont menés par des professionnels. Ils permettent d’échanger autour des questions liées  :

• au corps et à la santé : anatomie, puberté, contraception, etc.
• aux relations : amoureuses, amicales, sexuelles, etc.
• à la construction de soi : estime de soi, identité, orientation sexuelle, etc.

mais aussi de réfléchir à ce qui peut encadrer, influencer notre sexualité et nos rapports aux autres : les lois, l’égalité fille-garçon, les normes sociales, culturelles, religieuses, les préjugés, les médias et réseaux sociaux, la pornographie.

Depuis 15 ans, un accompagnement global des jeunes

La fondation prend ce sujet éducatif au sérieux depuis près de 15 ans dans une démarche d’accompagnement global des jeunes.

Véritable levier d’éducation à la relation et au vivre-ensemble, l’EARS est un dispositif éducatif majeur qui permet aux jeunes de se construire, de connaitre leurs droits, et de considérer l’impact de leurs choix sur leur bien-être et celui des autres, pour ainsi prendre des décisions éclairées tout au long de leur vie affective, relationnelle et sexuelle. Elle s'inscrit dans une démarche de prévention des violences.

Le consentement

L’EARS peut être un temps privilégié pour ancrer les conditions du consentement. Pour cela, il faut prendre en compte plusieurs éléments : l’écoute de soi, le respect des limites de l’autre mais aussi, dans le cadre d'un consentement sexuel, les facteurs permettant qu'il soit libre et éclairé. Il faut aussi outiller les professionnels et les parents pour accompagner leurs enfants au fil de la vie, car l’éducation au consentement, au sens large du terme, commence dès le plus jeune âge. A Apprentis d’Auteuil, nous menons par exemple des actions de sensibilisation à l’EARS auprès des enfants de primaire sur diverses thématiques adaptées à l'âge de ce public, et nous allons commencer à sensibiliser également les parents de crèche.

Le rôle de la pornographie dans les représentations des jeunes

C’est un sujet éducatif majeur : nous essayons de travailler avec les jeunes pour les aider à prendre du recul par rapport à ces images. Mais pour cela, nous avons besoin de professionnels formés sur ce sujet, qui sont en capacité de comprendre ce qui se joue, de partir de ce que vivent les jeunes, de faire de la prévention sans moralisation…

C’est pourquoi Apprentis d'Auteuil investit depuis 2010 dans la formation et la professionnalisation de ses collaborateurs, depuis la sensibilisation (4 jours) jusqu’à la formation d’éducateurs à la vie (160h) pour ceux qui souhaitent s’investir plus.

Nous sommes également persuadés que l’EARS n’est efficace que si elle intègre un projet d’établissement avec une communauté éducative, sensibilisée, formée et mobilisée autour de l’accompagnement des jeunes sur ces questions.

Les violences sexistes et sexuelles

En 2023, 37% des jeunes déclarent avoir subi au moins une violence sexiste ou sexuelle ; 57% d’entre ces victimes n’en ont pas parlé ou ne se sont pas sentis soutenus : c’est énorme et inacceptable*. 

Un jeune qui subit des violences, qui va mal et n’a personne à qui en parler, est un jeune qui ne peut pas pleinement s’épanouir. Il aura une plus faible estime de lui-même, davantage de difficultés à se concentrer sur ses apprentissages. Le risque qu’il retourne la violence qu’il a vécue contre lui ou contre les autres est plus grand.

En tant qu’institution éducative, nous devons tout mettre en œuvre pour réduire et prévenir les phénomènes de violences. Pour cela, Apprentis d’Auteuil travaille à plusieurs niveaux l’éducation à la relation qui comprend l’EARS, pour mieux lutter contre toutes les formes de violences.

En cas de violence, notre rôle est également de repérer, protéger, signaler et accompagner les jeunes au niveau psychologique et judiciaire. La prise en charge des violences sexistes et sexuelles est essentielle car elle prévient le risque de re-victimisation.

Or, par expérience, nous savons que pour parler de choses intimes, il faut être en confiance et savoir que l’on va être écouté. Les séances EARS, en offrant des espaces de parole bienveillants, peuvent contribuer à soutenir les jeunes victimes. Ces temps peuvent leur permettre de parler à des professionnels formés capables d’accueillir leur parole mais aussi de les aider à réaliser et mettre des mots sur que ce qu’ils et elles ont vécu est bien de la violence. Les séances d’EARS permettent également de faire réfléchir les jeunes à ce qu’ils veulent construire dans leur vie amoureuse et sexuelle, afin de ne pas reproduire ce qu’ils ont subi ou fait subir.

Mais l’EARS ne se substitue pas à des temps d'accueil de la parole des victimes. Des projets dédiés à l’accompagnement des victimes de violences et de tous les élèves peuvent être mis en place, en complémentarité.

* Baromètre Opinion Way pour Apprentis d’Auteuil, octobre 2023