Vie de la fondation
11 mars 2016

Nicolas Truelle, directeur général d'Apprentis d'Auteuil : "rien n'est joué d'avance !"

À l’occasion des 150 ans d’Apprentis d’Auteuil, Nicolas Truelle, directeur général d’Apprentis d’Auteuil, livre sa vision sur la fondation et les défis à relever.

Apprentis d’Auteuil fête ses 150 ans. Que signifie pour vous cet anniversaire ?

Quand on fête un tel anniversaire, on s’interroge. De quoi est fait le cœur du cœur de notre institution ? Ce qui caractérise Apprentis d’Auteuil, c’est d’abord ce regard bienveillant sur chaque jeune et sur chaque famille, et la conviction profondément ancrée en nous que rien n’est joué d’avance. Cela paraît simple, et pourtant, l’essentiel est là ! C’était en germe dès l’abbé Roussel, un précurseur, qui non seulement, visait l’épanouissement personnel, spirituel des jeunes, leur formation intellectuelle, manuelle et sportive, et déjà, leur insertion dans la société. Cette approche globale est plus que jamais la nôtre.
 

Quelles sont, en 2016, les priorités ?

Il nous faut croiser les regards et les expériences pour pouvoir anticiper, innover, expérimenter, trouver les meilleures réponses face aux nouvelles fragilités. L’enjeu actuel pour Apprentis d’Auteuil est d’associer davantage les jeunes et les familles aux réponses qui doivent être apportées. Ils ont plein d’idées qui ne demandent qu’à s’exprimer ! Il est également impératif pour nous de porter plus haut leur cause pour sensibiliser le grand public et influer sur les choix politiques.
 

Face aux financements publics qui se réduisent, que peut-on faire ?

Tout en maintenant le cap et en continuant d’expérimenter, ces évolutions nous conduisent à une réflexion accrue sur nos dispositifs et sur leur efficacité. Nous y arriverons en gardant l’esprit de nos fondateurs, et au centre de nos décisions, l’intérêt des jeunes et des familles. C’est en grande partie grâce au soutien des donateurs que nous pouvons tester de nouveaux dispositifs pour améliorer la prise en compte de chacun et réagir face aux à-coups budgétaires. Nous développons le volet prévention, si crucial pour éviter que des situations familiales ne se dégradent… Par ailleurs, nous travaillons le plus souvent en bonne intelligence avec les pouvoirs publics à l’amélioration à moindre coût de nos dispositifs.
 

Apprentis d’Auteuil développe ses partenariats à l’international. Pourquoi ?

Nicolas Truelle et des jeunes à Don Bosco (08) © Besnard/Apprentis d'Auteuil

Il y a des années, la fondation lançait pour ses adolescents, en particulier ceux des Maisons d’enfants à caractère social, des chantiers de solidarité internationale. À l’heure où les défis à relever pour la famille et la jeunesse se mondialisent, il est impératif de tisser entre associations et fondations des liens pour échanger sur nos pratiques, partager notre expérience, découvrir de nouveaux horizons.

Quel est votre défi pour demain ?

Notre défi principal concerne les multiples exclusions générées par l’évolution de la société. Elles se développent paradoxalement dans une société qui promeut des valeurs d’ouverture et d’égalité. Notre défi, c’est d’être sensibles à ces exclusions, qui, si on n’y prend pas garde, vont produire de nouveaux « orphelins », des personnes isolées dont les familles fragilisées sont elles-mêmes l’objet d’exclusions. Notre objectif, c’est qu’enfants comme parents puissent relever la tête. Nous avons un rôle à jouer dans ces temps troublés pour que l’éducation, la formation, la culture, créent des liens entre les jeunes et contribuent à bâtir une société qui se respecte.