Apprentis d'Auteuil aux Rencontres méditerranéennes avec le pape François

« Je suis toujours frappé par les paroles du pape François », confie Nicolas Truelle, directeur d’Apprentis d’Auteuil, à la sortie de la session de clôture des Rencontres Méditerranéennes à Marseille, en présence du souverain pontife. La fondation y était invitée pour l’action qu’elle mène chaque année auprès de 40 000 jeunes et 8 000 familles fragilisés en France, et en particulier dans le Sud-Est. « Œuvre d’Église reconnue d’utilité publique, la fondation se retrouve profondément dans son idée d’une Église port de ravitaillement, au service des personnes qui souffrent, poursuit Nicolas Truelle. Cette image définit bien notre projet et les actions que nous menons. Ses paroles d’appel à la fraternité sont très encourageantes. Nous nous sentons rejoints dans notre dessein d’éduquer à la relation à l’autre et au dialogue, en privilégiant la qualité de cette relation. »

Organisées du 17 au 24 septembre et marquées, les vendredi et samedi, par la venue exceptionnelle du souverain pontife, les Rencontres méditerranéennes, baptisées « Mosaïque d’espérance », proposaient différents rendez-vous et événements. Parmi ceux-ci, un festival culturel et œcuménique, ouvert à tous, mais aussi l’assemblée des évêques et la session des jeunes, 70 jeunes professionnels de tous horizons, pays et confessions. Ils ont partagé le fruit de leurs réflexions au pape François, samedi matin au palais du Pharo, qui leur a livré un message d’espérance. « Le pape François a rappelé que Marseille est la capitale de l’intégration des peuples, souligne Pierre Burello, directeur régional Sud-Est d’Apprentis d’Auteuil. Il nous a donné comme feuille de route d’accompagner, de promouvoir et d’intégrer les migrants. Un sujet sur lequel la fondation est très impliquée, notamment pour l’accueil des mineurs non accompagnés, mais aussi de mères isolées, issues en majorité d’Afrique, que nous hébergeons à la résidence sociale Élisabeth Reinaud à Marseille et que nous aidons à s’intégrer. »

Un grand banquet œcuménique et solidaire

Vendredi, en fin d’après-midi, au moment même où le souverain pontife dénonçait le drame des naufrages de migrants et appelait à venir en aide aux exilés, face au monument aux héros et victimes de la mer, le village des Rencontres méditerranéennes ouvrait ses portes sur le parvis de la cathédrale La Major. Apprentis d’Auteuil et d’autres acteurs engagés dans le domaine de la solidarité y présentaient leurs actions.

La fondation participait également au grand banquet solidaire préparé par et pour les personnes en situation de fragilité et les associations qui les accompagnent. Parmi celles-ci, La Halte des parents, une Maison des familles d’Apprentis d’Auteuil. La veille, une vingtaine de mamans bénéficiaires avait préparé des gâteaux dans l’enceinte du Cloître, un pôle d’entrepreneuriat solidaire de la fondation situé au nord de la ville.

« Ce repas représente un moment de partage et de solidarité qui me touche beaucoup », confie Marie-Blandine, 55 ans, originaire de Madagascar, venue avec son fils Archimède. Manal, 35 ans, était venue accompagnée de ses trois enfants : « Je viens d’Algérie et je suis musulmane. Mais j’aimerais partager la spiritualité chrétienne, découvrir cette religion et échanger avec des mamans chrétiennes. Demain, j’irai à la messe célébrée par le pape, car c’est un grand évènement. » Des propos que partage Fatiha, 46 ans, originaire du Maroc et maman de trois enfants : « Le pape parle de fraternité et c’est important. »  

Audience privée avec le pape

Samedi matin, cinquante personnes en situation de fragilité, dont trois mamans fréquentant la Halte des parents et/ou la résidence sociale Élisabeth Reinaud, ont été reçues en audience privée et à sa demande par le pape François. La rencontre s'est déroulée à la maison des Missionnaires de la Charité à Saint-Mauront, l'un des quartiers les plus pauvres d'Europe, dans le 3^e arrondissement.

Les trois mamans, auxquelles le Saint-Père a offert une médaille à son effigie, sont ressorties de l’entrevue des étoiles dans les yeux. Béatrice, 32 ans, originaire du Sénégal et maman de trois enfants, a été touchée par l’humanisme du pape. « Je me suis agenouillée devant lui, mais il m’a relevée. Je lui ai serré la main. J’étais trop impressionnée pour pouvoir lui parler. » Kaïna a ressenti la même émotion. Originaire d’Algérie, maman de deux enfants, elle confiait avoir eu « la joie au cœur » en présence du pape. « Il veut la paix pour le monde et un avenir meilleur. Ça me touche beaucoup. Même si je ne suis pas catholique, c’était important pour moi d’être présente à cette rencontre. Le pape ne veut pas qu’il y ait de différence entre les religions. Nous avons un seul Dieu. » Sandra, 34 ans, maman d’un enfant, sait que le moment qu’elle vient de vivre est unique. « Le pape prône la solidarité et la fraternité. C’est grâce à elles que l’humanité peut progresser. Il faut mettre de l’amour sur Terre. Moi, je suis catholique et croyante, mais ma plus grande croyance, c’est la vie. »
 

Très émue Sylvie Davieau, directrice de la résidence sociale Élisabeth Reinaud et de la Halte des parents, accompagnait le groupe de mamans : « Nous avons été accueillies par les sœurs de mère Teresa. Le pape François a évoqué la fraternité, quelles que soient les appartenances culturelles, religieuses ou politiques. C’était un moment très fort, qui montre que l’Église est accessible et qu’elle porte de l’attention aux personnes les plus vulnérables. »

Messe historique

Dans l’après-midi, les trois mamans se sont rendues au stade Vélodrome pour la messe papale célébrée en présence d’environ 60 000 fidèles. Une tribune de 200 places était réservée à la fondation, permettant aux collaborateurs, aux jeunes et aux familles accompagnés par Apprentis d’Auteuil de participer à cette célébration historique.

À 16 heures, l’arrivée du pape François dans l’enceinte du stade soulève une immense clameur. Dans les travées, l’émotion est à son comble lorsque le Saint-Père a prononcé en français les premiers mots de la célébration : « Que la paix soit avec vous ! ».