Vie de la fondation

1940-1990 : les mutations d'Apprentis d'Auteuil

Le père Brottier disparait en 1936. La fondation entre dans une période de turbulences sociales, puis doit traverser six ans de guerre. De nombreux défis à relever pour les directeurs qui se succèdent à la tête des Orphelins-Apprentis d'Auteuil. 3e volet de notre série sur l'histoire d'Apprentis d'Auteuil.

L’expansion des années 40-60

Les jardins de Saint-Philippe (Meudon, 92) (c) Archives historiques Apprentis d'Auteuil

Les années qui suivent sont, pour les successeurs du père Brottier  - le père Le Retraite puis le père Duval -  marquées par des crises, des tensions sociales et la montée des extrémismes. Malgré la guerre, de nouveaux centres sont créés, comme, en région parisienne, ceux de Marcoussis, Sannois et Thiais. Des enfants de 6 à 12 ans sont accueillis rue de Vaugirard à Paris.
D’autres établissements voient le jour, mais trop peu, en 1945, pour héberger tous les nouveaux orphelins. Le père Duval, le directeur, lance un appel : « Le bilan est là. En 1945, il a fallu refuser l’entrée à 10 000 enfants, parce que « pas de place ! » Durant sa direction, 16 nouvelles Maisons sont créées. Quand elle s’achève en 1962, l’œuvre accueille 3500 enfants.
Pendant la période des Trente Glorieuses, surgissent de nouvelles aspirations dans la société française, mais aussi de nouvelles pauvretés. Le temps de la scolarisation s’étend : en 1959, l’ordonnance Berthouin en fait l’obligation jusqu’à 16 ans. Phénomène en expansion, celui des bandes de jeunes. Une politique de prévention se met en place en France, avec la création de clubs et d’équipes d’éducateurs de rue. Pour la fondation, c’est un tournant.

De nouveaux publics

Jean Gosselin, au milieu des jeunes de Saint-Jean (c) Archives historiques Apprentis d'Auteuil

En 1973, le premier directeur laïc est nommé à la tête des Orphelins Apprentis d’Auteuil : Jean Gosselin, ancien éducateur, connait bien les jeunes. Le public accueilli a changé, comme l’explique dans À l’écoute, son adjoint, le père Gabriel David : «  S’il y a moins d’orphelins qu’autrefois, dans un contexte social différent, il y a par contre beaucoup plus de jeunes aux familles désunies. Auteuil cherche donc à leur offrir des lieux de paix ou, malgré une affectivité blessée, ils pourront devenir des hommes armés pour la vie. »
Jean Gosselin transforme en profondeur l’institution, la modernise, offre de meilleures conditions d’accueil et d’hébergement. Les orphelinats deviennent des Maisons. Les immenses dortoirs sont abandonnés au profit d’« unités de vie » à taille humaine. Le directeur met l’accent sur la formation des adultes, ouvre à la Martinique, à la Réunion.
En 1975, le projet éducatif voit le jour. C’est un document de référence qui donne un cadre au travail auprès des jeunes, dans la fidélité aux fondateurs, avec cinq priorités : le passage des internats aux Maisons d’enfants à caractère social, l’adaptation de l’enseignement à l’enfant, l’effort sur l’éducation scolaire et les loisirs, l’ouverture vers des structures extérieures, la constitution de communautés chrétiennes d’adultes au sein des Maisons. Un nouveau service est créé en 1988 : « Aide et formation des jeunes du monde » devenu six ans plus tard Auteuil International. Aujourd’hui, c’est un des axes majeurs d’Apprentis d’Auteuil, permettant, outre les chantiers de solidarité qui impliquent les jeunes, des échanges de pratiques entre professionnels de différents pays.