Marie Fichera, fleuriste passionnément

Au cœur de Franconville, dans le Val-d’Oise, impossible de passer devant la boutique de Marie Fichera sans la remarquer tant elle déborde de coupes fleuries, de rosiers, d’anémones, et de dictons : « Il faut faire contre mauvaise fortune bon cœur », « Il y a des fleurs partout pour qui veut bien les voir. » À l’intérieur, ce n’est que senteurs, couleurs et harmonie...
« Les fleurs, c’est ma passion, confie d’emblée Marie Fichera. J’ai toujours aimé la nature. En classe de troisième, j’ai fait mon stage découverte chez un fleuriste. C’était cool. Ça pouvait être bien comme métier ! » La suite ? Marie ne l’aurait pas envisagée ailleurs qu’au lycée Nature et Services à Sannois. « On m’en avait dit le plus grand bien, se souvient-elle. Pour me présenter au CAP fleuriste en alternance après la troisième, je devais disposer d’un bon dossier scolaire, passer un entretien de motivation et avoir signé un contrat d’apprentissage chez un fleuriste. J’avais les trois cartes en main, aussi, j’ai foncé. »

Les moyens de réussir

L’adolescente s’inscrit au CAP en septembre 2011. Elle effectue son alternance dans une boutique tenue par deux sœurs fleuristes. « Sans mes professeurs du lycée, rien n’aurait été possible, ils m’ont tout appris, insiste-t-elle. En seulement deux ans, j’ai appris à la fois la théorie, le côté pratique du métier - noms des fleurs, coupe, composition, etc. – et le service aux clients. Pour moi qui ne voulais pas faire de longues études, c’était le rêve. »
Ses parents la soutiennent dans son choix de profession. Elle entre au lycée où elle découvre des jeunes avec qui la vie n’a pas été tendre, et qui débordent de qualités. « On appelle les jeunes d’Apprentis d’Auteuil : « les jeunes en difficultés sociales et familiales ». Mais ils ont plein de talents ! souligne-t-elle. Entre nous, au lycée, on ne se posait pas de questions sur la famille, mais on s’entraidait tout le temps. Les professeurs étaient attentifs à chacun d’entre nous, quelle que soit notre histoire. »

Une motivation à toute épreuve

Son CAP fleuriste en poche en juin 2013, Marie prépare un BEP fleuriste en alternance, hors Apprentis d'Auteuil. « J’ai fait ma pratique dans la boutique de madame Franco-Hessemans, ma professeure au lycée Nature et Services. C’est grâce à elle que j’ai obtenu mon brevet professionnel. »
La jeune diplômée apprend alors que les deux sœurs chez qui elle avait été accueillie et formée pour son CAP cèdent leur boutique de Franconville. « Je me suis demandé : pourquoi ne pas travailler à mon compte ? J’étais motivée. Toutes deux me disaient que j’en avais les capacités. J’ai foncé. À 20 ans, on ne réfléchit pas vraiment ! Les banques, elles, se sont montrées plus que réticentes. Heureusement, mes parents se sont portés caution. »
Le 3 novembre 2015, Marie Fichera ouvre officiellement comme artisan fleuriste et designer floral. « J’ai voulu apporter un vent de fraîcheur dans la décoration de ma boutique et dans mes compositions, s’enthousiasme-t-elle. Le bouche-à-oreille et la vitrine ont fait le reste. » Sa famille l’épaule activement. Sa mère, pour la comptabilité et l’administratif : « Ce n’est pas trop mon truc ». Son père l’accompagne dans les débuts tous les jeudis à Rungis. Très vite, la clientèle de Franconville et d’ailleurs sollicite Marie pour la décoration florale de mariages. « Les gens me font confiance pour le plus beau jour de leur vie. C’est magnifique ! »

Une entrepreneuse heureuse

En 2018, après trois années de travail non-stop du mardi au dimanche matin où elle ne peut ni se verser de salaire, ni s’accorder beaucoup de vacances, Marie ressent le besoin d’embaucher. Ce sera Claire en 2018, Mylène en 2020 et Charlotte en 2021. Elle donne aussi sa chance à une apprentie en 2022. « La fibre entrepreneuriale, on l’a ou pas, estime-t-elle. Aujourd’hui, à 28 ans, avec huit ans d’expérience, je me mets toujours la pression. Je veux être parfaite ! Travailler de sa passion n’a pas de prix. Cela procure un bonheur immense. »
Pour la Saint-Valentin, Pâques et la fête des mères, elle imagine des bouquets à offrir par milliers. Pour les années à venir, maman d’un petit Eliot de sept mois, Marie rêverait d’ouvrir une deuxième boutique et, pourquoi pas, « d’acheter un domaine pour organiser des mariages. Dans la vie, il faut avoir confiance en soi et se donner les moyens de réussir. Pourquoi Apprentis d’Auteuil n’organiserait pas un événement autour des jeunes qui, dans différents corps de métiers, se sont lancés dans l’entreprenariat ? Nous sommes quelques-uns heureux et fiers d’avoir osé ! »