Témoignages
15 avril 2021

Julien Roeder, ancien d'Apprentis d'Auteuil, sacré champion de France de boxe

À 26 ans, Julien Roeder mène plusieurs vies de front. Artisan couvreur issu du Centre de formation professionnelle Sainte-Barbe (62), il est aussi jeune papa et boxeur professionnel. Trois vies entremêlées, rythmées par ses passions, pour lesquelles il a dû apprendre à grandir et à se dépasser. Portrait.

Julien Roeder avec son coach à l'entrainement. Photo :© Besnard / Apprentis d’Auteuil

19 décembre 2020. Salle Léo-Lagrange de Bruay-la-Buissière. Pas-de- Calais. Julien Roeder lève les bras en signe de victoire. Après trois rounds et un direct du gauche à la pointe du menton, son adversaire est KO. À cet instant, il sait qu’il est le nouveau champion de France de boxe, poids mouche. Une victoire pour ce jeune homme de 26 ans qui résonne comme un accomplissement : « J’étais heureux, mais aussi soulagé d’avoir atteint mon but après tant d’années d’efforts et de sacrifices. Je ne suis pas très technique, mais je suis déterminé, c’est ce qui fait ma force », explique-t-il d’une petite voix réservée. Sa ceinture de champion de France a depuis rejoint la vitrine où il conserve ses autres trophées. Il faut dire que chez les Roeder, la boxe est une passion familiale. « Mon père et mon grand-père étaient boxeurs. C’est un sport de fou, mais qui porte de belles valeurs : le respect, la persévérance, le dépassement de soi. La boxe m’a fait grandir.C’est un sport que j’adore ! »

"L’école, ce n’était pas mon truc ! "

Julien Roeder au CFP Sainte-Barbe Photo : © Apprentis d’Auteuil

Des valeurs que le jeune homme partage aussi au quotidien dans son métier de couvreur qu’il mène de front avec la boxe. « Parfois c’est dur d’aller s’entraîner après une journée de travail, mais ça me fait du bien, ça me vide la tête ! » C’est en 3e que le jeune Julien découvre le métier et monte pour la première fois sur un toit : « J’ai fait un stage dans un château et ça m’a plu tout de suite, se souvient-il. C’est un beau métier. Le fait d’être à l’extérieur, d’être libre, ça me plaît. Et je n’ai pas le vertige ! » Cette découverte est un soulagement pour l’adolescent fâché avec les études : « L’école, ce n’était pas mon truc ! Dès l’école primaire, j’ai su que ce n’était pas fait pour moi. J’avais des diffcultés. Je m’ennuyais. Je faisais un peu le bazar avec mes copains en classe. Comme un ado de mon âge quoi! »
Pour sa formation, il se dirige vers le Centre de formation professionnelle (CFC) Sainte-Barbe (62) où il alterne formation théorique in situ et pratique professionnelle en entreprise. « J’en garde un très bon souvenir, car la formation était concrète. Nous avions de très bons professeurs d’atelier. Nous étions également très suivis dans nos apprentissages, grâce à un carnet où notre progression était notée chaque semaine. Pas question de décrocher ! » Au cours de ces années-là, l’adolescent fait aussi de « bonnes rencontres ». « M. Cattez (chargé de l’accompagnement éducatif et social de l’établissement, ndlr) a toujours été là pour moi, même quand ça n’allait pas. Il m’a même aidé à trouver un sponsor pour la boxe ! » « C’était un jeune très réservé qui déployait beaucoup d’énergie et de discipline pour apprendre son métier de couvreur, tout en poursuivant sa passion pour la boxe, se souvient Yves Cattez. Nous sommes très fiers pour son titre et qu’il ait pu poursuivre les deux à travers les années. »

Une nouvelle vie

Une autre date est à marquer d’une pierre blanche dans le parcours de Julien Roeder : 2017. C’est l’année de naissance de sa fille Éléonore. À 22 ans, Julien devient donc un jeune papa. « Ça m’a fait grandir encore plus vite. Devenir père, ça change beaucoup de choses dans une vie. Il faut le vivre pour comprendre! » Une nouvelle vie que le jeune homme doit apprendre à mener en parallèle avec ses deux autres (déjà bien remplies) de couvreur et de boxeur professionnel. « Même si je suis séparé de la maman, j’arrive à faire face. Avec mon métier et mes entraînements, je ne peux pas être en garde alternée, mais je vois ma fille un week-end sur deux. » De là à imaginer sa fille de trois ans enfiler les gants plus tard, il y a un pas... qu’il ne franchit pas : «C’est un sport mixte où les filles réussissent très bien. Mais je ne voudrais pas qu’Éléonore fasse de la boxe. J’aurais trop peur pour elle, car c’est un sport vraiment dur où l’on prend des coups ! » Aujourd’hui, un autre projet lui tient à cœur : revenir au Centre de formation de Loos-en-Gohelle accompagné de sa fille et de sa ceinture de champion de France. « Je dois y retourner pour voir les professeurs, témoigner auprès des jeunes aussi. Je veux leur montrer que je suis toujours dans le métier et que j’ai réussi à faire quelque chose de ma vie.» Sans rien lâcher.

Julien Roeder en quatre dates

  • 1995 Naissance à Béthune

  • 2013 Entre au CFC Sainte-Barbe
  • 2017 Naissance de sa fille Éléonore
  • 2020 Devient champion de France, poids mouche 
(entre 48 et 50,802 kilos)