Jeune, de dos, avec un sac à dos face à une route de campagne
Société
14 mai 2025, modifié le 02 juin 2025

La vie intérieure... c'est faire silence

Continuons d’explorer les multiples facettes de l’intériorité en évoquant le silence. Pour se connecter à soi, prendre un temps de pause et de réflexion, comment laisser entrer un calme fécond qui ouvre à la réflexion et à sa vie intérieure ? 

Vivien, 18 ans, 2e année CAP de métallerie au campus Saint-Lubin, Caussade (82)

« Pour moi, faire silence, c’est écouter ce qui se passe au fond de moi, à un niveau profond. J’aime beaucoup le silence, quand c’est calme et qu’il n’y a aucun bruit. Je trouve que ça permet d’être plus disponible, de mieux entendre les autres. Par exemple quand il faut écouter les profs en cours, quand j’ai besoin de me poser pour prendre du recul, faire des projets ou prendre des décisions. Quand je suis dans la nature, que je me pose et que j’écoute le chant des oiseaux. Comme une respiration ! Je me vide de tout, c’est apaisant. Avant je ne goûtais pas vraiment au silence. J’ai appris à le pratiquer et à l’aimer depuis que je fréquente l’aumônerie. 
Avec notre animatrice en pastorale et des éducateurs, on s’y exerce en vivant régulièrement des quarts d’heure de silence ensemble dans la nature, quand on part en week-end pasto ou qu’on va faire des pélés à vélo, comme c’est à nouveau prévu en fin d’année. Sans oublier des retraites dans des monastères, comme à Lérins, pendant quatre jours, avec des moines qui vivent sur une île au large de Cannes. Une expérience magnifique. Le silence et la prière, je trouve que ça se ressemble un peu. Je voudrais aussi dire que pour moi qui suis croyant, faire silence, c’est aussi écouter Dieu présent au fond de mon cœur. »

Le regard du père Marc Whelan, délégué général de la Tutelle et à la Pastorale d’Apprentis d’Auteuil

« À Apprentis d’Auteuil, nous avons créé une belle affiche appelée Arborescence éducative pour nous aider à vivre notre projet éducatif. Elle représente un arbre dont les racines puisent dans l’esprit de nos fondateurs. Chaque feuille évoque une manière de porter le fruit de ce beau projet. L’une d’elles nous invite à « goûter le silence », comme si le silence était un plat délicieux que nous savourons en même temps qu’il nous nourrit. Mais comme beaucoup de goûts, il nous faut l’acquérir...

Vivien le dit bien : « Avant, je ne goûtais pas au silence ». Il a appris à l’apprécier grâce à ses éducateurs.

Aujourd’hui, dans un monde trop saturé de sons et d’images, faire silence est bon pour nos oreilles et nos yeux !

Un verset du psaume 131 me vient à l’esprit : « Je tiens mon âme en paix et silence... Mets ton espoir dans le Seigneur, dès maintenant et à jamais ! » Il me rappelle la confiance à laquelle le père Daniel Brottier nous invitait. 

Il est difficile pour la confiance de trouver place dans nos vies, tant elles sont agitées et bruyantes. L’Évangile de Marc (Mc 4,39) nous le rappelle : les disciples sont effrayés par la tempête qui menace leur barque. Jésus appelle le silence « et il se fit un grand calme ». Pendant les moments de difficultés et de crises, nous aussi avons besoin de trouver ce calme, non pas pour oublier nos soucis, mais pour les traverser ou les vivre, confiants que Dieu ne nous abandonne pas. 

Dans ce monde, nous avons parfois l’impression que celui qui parle le plus fort a le plus d’autorité. C’est oublier que Dieu n’est ni dans les ouragans ni dans les tremblements de terre. Il est dans le murmure d’un silence subtil (1 Rois 19,12). À goûter sans modération.

 

« Le silence, ce n’est pas l’absence de bruit,

c’est la présence de l’essentiel.

Le silence n’est pas un vide, mais une plénitude.

Il est la condition de toute rencontre véritable,

car il permet à l’autre d’exister,

Il lui fait place, il l’accueille.

Dans le silence, nous découvrons que la vie ne se réduit pas à ce que nous disons ou faisons.

Nous apprenons à écouter, à recevoir, à nous laisser transformer.

Le silence est la porte de l’intériorité,

là où Dieu se donne à nous dans le secret du cœur. »

 

Maurice Zundel
Prêtre et théologien catholique né en Suisse en 1897, Maurice Zundel est aussi un écrivain, un poète et un conférencier. Sa réflexion, à la fois mystique et éthique, en fait l’une des plus grandes figures spirituelles du XXe siècle. Son message est celui d’un Dieu de relation. Toujours ancré dans la réalité du quotidien et la simplicité, il n’a cessé de développer sa théorie d’une libération de l’être humain par un don total de lui-même, en rupture avec l’obligation du devoir. Il meurt à Lausanne en 1975.