Elèves jouant au basket dans un gymnase
Société
14 mars 2023

Faire bouger les ados, c’est urgent !

Les chiffres de l’Organisation mondiale de la santé sur le manque d’activité des ados est alarmant. Et pourtant, le sport permet de garder la forme physique, de prévenir des maladies et de prolonger l’espérance de vie. À l’adolescence, il construit aussi un individu confiant, motivé, sociable. Paroles de médecins et de chercheurs à l’appui. 

Afficher le résumé facile à lire et à comprendre
Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), un adolescent de 11 à 17 ans doit pratiquer chaque jour 60 minutes d’activité physique pour être en bonne santé. Mais ils ne le font pas ! Il y a donc urgence pour que les jeunes eux-mêmes, leurs parents, les adultes qui les entourent, retrouvent le goût de marcher, courir, jouer au football, au basket, etc. Il est important de faire du sport pour garder la forme physique, éviter de prendre du poids, se faire plaisir, apprendre à donner le meilleur de soi-même... A lire, ici, les explications de médecins et de chercheurs.

Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), un adolescent de 11 à 17 ans doit s’adonner chaque jour à 60 minutes d’activité physique d’intensité modérée pour être en bonne santé. Or, en France, seulement 34 % des garçons et 20% des filles âgés de 11 à 14 ans et 40% des garçons et 16% des filles de 15-17 ans atteignent cette recommandation (1). Un manque de pratique accentuée pendant la période du confinement, préjudiciable à leur santé actuelle et future, mais pas seulement. « L’adolescence se caractérise par un développement physique et psychologique du corps, rappelle Christophe Delong, médecin du sport, et auteur de Les bienfaits du sport. Physiquement, l’adolescent doit éviter un écueil : la prise de poids liée à sa croissance et à un besoin alimentaire supplémentaire. Les filles prennent de la masse grasse, qui peut être transitoirement excessive au niveau des hanches et des seins ; les garçons, au niveau du ventre. Le sport est alors un bon allié : il affermit et sculpte le corps, harmonise la silhouette. Psychologiquement, les filles découvrent leur corps sous une autre forme. Les garçons, eux, se rendent compte de leur force et de leur endurance. » 

Une stratégie gagnante pour le mental 

Les adolescents doivent apprendre à gérer ces évolutions du corps, alors que tout se joue dans le regard de l’autre et le regard sur soi, devenus omniprésents à cet âge charnière. C’est là que le sport peut aider à passer le cap. « Dans un sport individuel pratiqué en club ou un sport collectif, l’effet groupe peut aider l’adolescent(e) à passer plus facilement sous les fourches caudines de l’acné, de la mue, de la prise de poids, souligne Christophe Delong. L’ado fille ou garçon sera moins obnubilé par l’image qu’il renvoie. Il peut mieux accepter son corps, s’épanouir, révéler ses talents : endurance ou sprint, esprit d’équipe, technique, tactique, stratégie. Et trouver sa place dans un groupe. » 
À travers le sport, l’adolescent apprend l’effort, augmente sa fréquence cardiaque et développe sa masse musculaire. Pour parvenir à la performance, encouragé par son professeur ou un entraîneur, il doit allier réflexion, anticipation, concentration, et donner le meilleur de lui-même le jour J. Une stratégie, une habitude, qu’il peut mettre en œuvre au collège ou au lycée dans l’acquisition des connaissances et la préparation d’un examen. 

Jeune garçon jouant au foot
Le sport, un excellent allié pour garder la forme physique et le mental gagnant © iStockPhoto

Bâtir un futur en bonne santé


Les études internationales, qui reconnaissent les bienfaits physiques et psychologiques du sport, vont plus loin (2). « Elles nous apprennent que les adolescents qui ne pratiquent pas d’activité physique aujourd’hui décèderont avant la génération de leurs parents, alerte David Hupin, médecin de la commission médicale de la fédération française sport-santé (FFEPGV). Car être inactif à l’adolescence, c’est prendre le risque de maintenir l’inactivité et la sédentarité à l’âge adulte. Et risquer l’obésité, le diabète, les maladies cardiovasculaires, l’anxiété, la dépression... » Encourager son ado à pratiquer un sport, à essayer plusieurs sports selon son envie, est alors primordial. Aux parents et aux adultes proches des adolescents, le médecin recommande de mettre en avant les bénéfices santé, performance, ouverture à l’autre, au monde, qu’ils peuvent en retirer. Christophe Delong suggère aussi d’avoir recours à un tiers, le médecin par exemple, pour faire lever le pied en cas de douleur et éviter certains sports extrêmes, non encadrés par un adulte. Tout en étant conscient qu’à l’adolescence, les engouements sont parfois éphémères. « Les adolescents ont horreur de l’irrationnel ou de l’illogique. Il ne faut pas l’oublier, conclut le médecin du sport. Un échauffement trop long, l’absence prolongée d’un entraîneur, et tout peut s’arrêter ! »

(1)    Source OMS (2020)
(2)    Observatoire national de l'activité physique et de la sédentarité (ONAPS)

2 questions à Alicia Fillon, docteure en activités physiques adaptées et santé à l’Observatoire national de l’activité physique et de la sédentarité (ONAPS)
 

Quels sont les enseignements de l’état des lieux dressé par l’ONAPS en 2022, concernant l’enfant et l’adolescent ? 

Il en résulte que le confinement a amplifié la baisse des capacités cardiorespiratoires et neuromusculaires de l’enfant et de l’adolescent, leur motricité et leurs performances cognitives. Indirectement, la sédentarité les a incités à utiliser des écrans (smartphone, ordinateur, jeux vidéo...) et à consommer davantage d’aliments plus riches en sucre et en graisse. Ils ont développé du stress sur les réseaux sociaux et leur sommeil s’en est trouvé perturbé. 

Comment rallumer la flamme du sport en eux ? 

En rappelant les vertus du sport : confiance en soi, esprit de décision, autonomie, relations humaines, etc. En proposant aux jeunes filles, notamment, une pratique sportive non pas compétitive (qui pourrait ne pas correspondre à leurs attentes), mais de loisir, pour les emmener vers le plaisir du mouvement. Ce projet sportif, faire du vélo par exemple, s’appuie sur les goûts des adolescents eux-mêmes, sur leur entourage pour faire passer le message (famille, professeurs), sur le respect de l’environnement. En sachant que le niveau d’activité physique et de sédentarité de l’adolescent est déterminé par celui de l’enfant, lui-même déterminé par les capacités motrices du tout-petit. Il n’est jamais trop tard, mais chaque minute compte ! L’essentiel est de trouver un plaisir immédiat dans la pratique sportive. Avec des personnes que l’adolescent aime, qui ne le jugent pas, qui le stimulent, en musique pourquoi pas, pour lui donner envie de revenir au sport ! 

À Apprentis d’Auteuil

Dans son projet pédagogique et éducatif, la fondation met en avant les valeurs portées par le sport, qui constitue un levier efficace pour reprendre goût aux apprentissages en développant confiance et estime de soi, respect de soi et des autres, goût de l’effort, esprit d’équipe... Des établissements comme Saint-Jean à Sannois (95) ont développé des sections sportives (foot, rugby, boxe, hip-hop...) spécialement dédiés aux décrocheurs scolaires. Dans le cadre des jeux Olympiques Paris 2024, de nombreux établissements dont Saint-François-de-Sales à Marseille, ont répondu et remporté l’appel à projets Impact 2024, qui utilise le sport comme outil d’impact social à destination de publics fragiles, dont les jeunes. Le sport devient une nouvelle énergie pour construire leur vie.

Pour en savoir plus


-    Les bienfaits du sport de Christophe Delong – Éd. Flammarion
Pour en savoir plus 
-    Observatoire national de l’activité physique et de la sédentarité (ONAPS