Société

Cyril Dion, co-réalisateur de "Demain", sensibilise les jeunes générations à l'écologie

Co-réalisateur avec Mélanie Laurent du film "Demain", co-auteur avec Pierre Rabhi de "Demain entre tes mains", Cyril Dion veut donner l’exemple d’une société plus respectueuse. Pour sauver la planète et préserver l’être humain.

Pourquoi avez-vous écrit "Demain entre tes mains", un livre destiné aux enfants ?

Compte tenu des dangers qui menacent la planète, il me paraît essentiel de mettre un maximum d’outils entre les mains des enfants. Non seulement pour les préparer intellectuellement et émotionnellement à ce qui les attend, mais aussi pour les inviter à participer à la réorientation de la société

Tout les interpelle…

Certains enfants s’intéressent aux animaux domestiques ou sauvages, d’autres aux déchets à la cantine, en forêt ou au bord de la mer. Dans notre monde hyper-consumériste, les enfants à qui je demande : "Que veux-tu faire dans la vie ?" me répondent parfois : "Gagner de l’argent !". J’engage alors la conversation : travailler pour gagner de l’argent à tout prix n’est peut-être pas une fin en soi. Cela peut détourner d’une passion ou d’une vocation. Je les informe aussi sur les enfants qui, à l’autre bout de la planète, fabriquent les vêtements, les chaussures, les téléphones que nous achetons, dans des conditions de travail dramatiques. Cela les touche.  

Dans quel domaine les sensibilisez-vous en priorité ?

L’alimentation qui satisfait le besoin numéro 1 - se nourrir - et qui a le plus fort impact sur la nature. Manger des produits bio et locaux, c’est éviter que les agriculteurs ne répandent des pesticides dans la nature et sur ce que nous mangeons. C’est éviter que notre nourriture fasse des milliers de kilomètres avant d’arriver dans notre assiette. Manger moins de viande et de poisson, c’est ne plus raser les forêts pour faire pousser le soja et le maïs qui nourrissent les animaux. Composter les restes d’aliments, c’est nourrir la terre sans engrais, alléger les poubelles, réduire le nombre de bennes à ordures et de décharges… Une façon de maintenir l’être humain en bonne santé, d’épargner les ressources et la nature

Comment toucher les jeunes en difficulté sociale et familiale, parfois éloignés de ces problématiques ?

Les personnes qui vivent dans une situation économique, sociale ou culturelle difficile tentent, en priorité, de satisfaire leurs besoins les plus élémentaires. Par expérience, je sais qu’il est compliqué de convaincre les gens d’agir. Il est plus simple de leur montrer l’exemple. Cela peut les inspirer.
Avec Demain, notre film, Mélanie Laurent et moi-même avons voulu montrer des jeunes et des adultes qui réalisent des choses formidables à travers le monde, y compris dans des pays pauvres et des quartiers difficiles. "Le talent, c’est l’envie" estimait Jacques Brel. C’est bien souvent lorsque nous faisons les choses que nous aimons et pour lesquelles nous sommes doués, que nous réussissons. À nous d’inventer notre vie pour qu’elle nous rende plus heureux et rende ce monde plus beau. 

Vous recommandez les 4 R "réduire, réutiliser, réparer, recycler". Pouvez-vous les expliquer ?

Réduire : arrêter d’acheter à tort et à travers. Se poser la question de savoir si on a réellement besoin de quelque chose et différer l’achat d’un jour ou deux. En principe, cela dissuade.
Réutiliser : plutôt qu’acheter un objet neuf, ne peut-on pas le trouver d’occasion ou l’échanger avec quelqu’un qui ne s’en sert pas ?
Réparer : chercher à côté de chez soi un artisan, un repair café ou une ressourcerie, ne plus jeter l’abîmé ou le cassé.
Recycler : s’informer sur le tri des plastiques, papiers, métaux, tissus… pour que cela devienne une habitude.
Nous sommes 67 millions en France, 7 milliards sur la planète. Si chacun de nous agit un peu, nous pourrons tout changer ! 

Comment avez-vous pris conscience de la fragilité du vivant ?

À 22-23 ans, en étudiant la médecine naturelle. J’ai compris comment le corps fonctionnait, à quel point il était merveilleux. J’ai pris conscience de l’ingéniosité, de la complexité, de la beauté et en même temps, de la fragilité du vivant. En 2007, avec Pierre Rabhi, nous avons créé le mouvement citoyen Colibris pour inspirer, relier et soutenir tous ceux qui construisent une société respectueuse de la nature et des êtres humains. 

Face à l’urgence de changer pour ne pas disparaître, vous utilisez la manière douce pour faire bouger le monde…

Dans l’histoire de l’humanité, seuls deux gros moteurs ont fait changer les sociétés : les grands récits et les catastrophes. Les grands récits religieux, politiques, économiques, romanesques permettent à des millions d’êtres humains de se diriger vers une perspective commune. Les catastrophes naturelles, guerres mondiales ou génocides, interpellent fortement l’humanité et l’obligent à se remettre en question, à réagir. J’essaie de construire des récits suffisamment puissants pour sensibiliser suffisamment de gens afin, qu’ensemble, nous prenions un autre chemin.
 

Où puisez-vous l’envie et l’énergie de prendre Demain entre vos mains ?

Dans l’enthousiasme que me donne ce que je fais, dans mes relations personnelles qui me nourrissent, dans des rencontres professionnelles hyper-stimulantes... tout ce qui me remplit et me donne envie de faire circuler

Bio express

  • 1978 : naissance à Poissy
  • 2007 : création du mouvement Colibris avec Pierre Rabhi
  • 2015 : sortie du film Demain, César du meilleur film documentaire 2016
  • 2017 : publication de Demain entre tes mains (Éd. ACTES SUD junior + COSTUME 3 PIÈCES)