Un accompagnement sur mesure : enfant placé à la maison et parent soutenu

Un pavillon dans un village du Saumurois. Ce midi-là, Nadège (1) a invité chez elle Catherine Raynaud, éducatrice spécialisée au service Placement éducatif à domicile (PEAD) de Saumur, pour faire un point le temps d’un déjeuner, en présence de son fils Noah, 17 ans. Réservée, elle répond aux questions de la travailleuse sociale, soucieuse des progrès à accomplir dans son quotidien et dans sa relation avec son fils unique. « La responsable protection de l’enfance du Maine-et-Loire nous a proposé cette modalité de placement, explique-t-elle. Je voulais que Noah vive avec moi, chez moi. Mon travail de maraîchère, mes problèmes de santé et mes soucis avec l’alcool m’en avaient jusque-là empêchée. Noah a passé son enfance et son adolescence dans trois familles d’accueil. J’ai aussi besoin d’aide dans mon quotidien et de compagnie pour me remonter le moral. » Et Noah de poursuivre : « Ma mère et moi avons des efforts à faire pour nous entendre. C’est compliqué de se retrouver après plus de treize ans d’éloignement. Je dois aussi me motiver pour aller au lycée et chez l’électricien-plombier-chauffagiste où je prépare le CAP électricien en alternance. »

Le jeune et ses parents accompagnés

Le PEAD est une alternative au placement traditionnel des jeunes mineurs en Maisons d’enfants à caractère social (Mecs) ou en familles d’accueil. Prononcée par le juge des enfants ou les services de l’Aide sociale à l’enfance, cette mesure permet à un enfant de bénéficier d’un accompagnement éducatif tout en restant chez ses parents. Ces derniers étant en parallèle soutenus dans leur rôle parental (2). 
C’est ce dont bénéficient Noah et sa maman. En aparté, Catherine Raynaud souligne leur belle évolution. « Lorsque le service a été mis en place en avril 2022, je venais les voir cinq fois par semaine tant les relations étaient tendues. Je leur ai fait comprendre que chacun devait reprendre sa place dans la famille, Noah, comme adolescent, et Nadège, comme maman. Puis, je les ai aidés à exprimer leurs souffrances, leurs exaspérations, leurs besoins. Nous avons cherché ce que nous pouvions mettre en œuvre ensemble : que Nadège prenne davantage soin d’elle et se fasse suivre au niveau médical. Que Noah s’investisse dans ses études. Nous nous sommes fait confiance. Noah et sa maman ont pu entendre tout ce que j’avais à leur dire, idem venant de l’assistante sociale, du médecin traitant, etc. » 

Des réponses adaptées et évolutives 

Les situations et difficultés familiales sont diverses : santé physique ou psychologique fragile, divorce douloureux, perte d’emploi, isolement social... Autour des familles, l’équipe (éducatrices spécialisées, technicienne de l’intervention sociale et familiale, conseillère en économie sociale et familiale) met en place un soutien et des contacts réguliers avec les partenaires. « Nous restaurons les liens parents-enfants par le dialogue et des activités (jeux, randonnée, etc.), explique Adeline Guibert, chef de service. Nous épaulons les familles pour qu’elles créent un cadre sécurisant et des conditions favorables à l’éducation des enfants. Que le parent prenne ses responsabilités dans ses dépenses quotidiennes, ses démarches administratives, le suivi éducatif de son enfant... Que le jeune se lève pour aller en cours, apprenne à se préparer un repas. Et qu’ainsi chacun découvre ses ressources et développent ses compétences. Cela demande savoir-faire, humilité et patience. »
Le PEAD s’inscrit dans l’éventail de services des établissements Saint-Nicolas qui développent différentes modalités d’accompagnement, à l’instar d’autres établissements d’Apprentis d’Auteuil. « Nous souhaitons apporter une réponse adaptée à chaque situation : mise en danger du jeune, carences éducatives, décrochage scolaire, souligne Emmanuel Picavet, le directeur. Ce travail de fond, mené sur plusieurs années parfois, nous permet de développer un réseau avec la famille élargie, les enseignants, les associations, les partenaires... Ni le jeune, ni le parent ne doit se sentir seul, découragé ou incompétent. »
Aujourd’hui, si la situation reste encore fragile pour Nadège et Noah, d’immenses pas ont été franchis. Nadège souhaiterait « renouveler le PEAD pour un an et avoir encore du soutien à la maison. » Noah aimerait, un jour, « aider à son tour les gens ». 

(1)    Le prénom a été changé
(2)    Si la situation au domicile se dégrade (crise du couple, danger pour l’enfant), un repli dans une maison d’enfants ou une famille d’accueil peut être décidé en urgence pour éviter une rupture familiale.