Protection de l'enfance
12 janvier 2022

Le film "Placés" veut changer le regard sur la protection de l’enfance

En salle ce mercredi 12 janvier, le film "Placés" ambitionne de changer le regard du grand public sur les enfants pris en charge par la protection de l’enfance et sur le métier d’éducateur. « Un univers encore trop souvent victime de préjugés », selon Nessim Chikhaoui, ancien éducateur, qui signe ici son premier film. Interview.

Quelle est l’histoire de votre film « Placés » ?

Le réalisateur Nessim Chikhaoui. Photo : © Michaël Crotto

C’est l’histoire d’Elias qui, après avoir oublié sa carte d’identité, ne peut pas passer le concours de Sciences Po. En attendant, il intègre une Maison d’enfants à caractère social où il va passer un an. Grâce à lui, le spectateur va découvrir l’univers de la protection de l’enfance qui est encore peu connu du grand public.

Pourquoi avoir choisi ce thème pour votre premier film ?

J’ai été éducateur spécialisé pendant dix ans. Je voulais parler du métier d’éducateur qui est également très mal connu. Mon but était aussi de changer le regard sur les enfants placés. On pense encore trop souvent qu’un enfant placé = délinquant. Alors que n’importe quel enfant peut devenir un enfant placé. Il suffit malheureusement d’être confronté à un accident de la vie.

Quels sont les autres préjugés que vous vouliez dénoncer ?

L'affiche du film "Placés". Photo © Michaël Crotto

Les gens pensent que les éducateurs passent leur temps à gérer des bagarres ! Alors qu’une grande partie du métier consiste à créer du lien avec des jeunes confrontés aux aléas de la vie. Les gens ne savent pas que ce métier est d’abord fait d’humanité et que beaucoup de liens se créent entre les professionnels et les jeunes. Je voulais aussi dénoncer les "sorties sèches" de la protection de l’enfance. Lorsque les jeunes placés ne bénéficient pas de "contrats jeunes majeurs", ils se retrouvent sans rien le jour de leur 18 ans. Cette incertitude dans laquelle ces jeunes se trouvent est particulièrement violente.

Comment êtes-vous passé du métier d’éducateur à celui de réalisateur ?

Je suis passé d’un monde à l’autre grâce à Philippe Mechelen qui a été auteur aux Guignols, à Burger Quiz et qui a été scénariste des Tuche. Il m’a conseillé de prendre un stylo, une feuille et de raconter ce qui me tenait à coeur. Quand il a vu mon premier scénario, il m’a pris sous son aile et m’a formé. La belle histoire a commencé à ce moment-là. Ensuite, je suis tombé sur un super producteur, Matthieu Tarot, qui a cru tout de suite à cette histoire. Cela n’a pas été facile de monter ce premier film. Mais OCS et France 3 m’ont soutenu. Ensuite, tout a été question de travail !

Comment est née votre vocation pour le métier d’éducateur ?

Julie Depardieu et Shaïn Boumedine. Photo © Gaël Rapon.

J’ai toujours voulu travailler dans social. Ma mère était « Aide à la personne ». J’ai d’abord tenté d’être prof de sport, mais j’étais trop nul en biologie ! Et j’avais seulement un BEP en informatique ! Je suis devenu surveillant, puis j’ai fait un stage de trois mois avec des éducateurs pour découvrir le métier. Séduit par ce que j’avais découvert, je me suis lancé dans la préparation du diplôme d’éducateur spécialisé.

Quels sont les retours des premiers spectateurs ?

J’ai de très bons retours des éducateurs qui se retrouvent bien dans le film et qu’ils trouvent juste. J’étais plus inquiet de la réaction des enfants placés, mais finalement ils aiment le film aussi. Hier, un jeune m’a dit : « Il faudrait projeter le film aux enfants qui vont être placés pour leur montrer que ce n’est pas si horrible ! ». Les jeunes et les adultes s’identifient bien aux personnages.

Votre film va-t-il changer l’image de la protection de l’enfance auprès du grand public ?

Je ne voulais pas faire un "petit" film d’auteur, mais un film grand public pour pouvoir toucher le plus grand nombre et changer cette vision un peu misérabiliste des enfants placés et éloignée de la réalité pour le métier d’éducateur. J’espère pouvoir susciter des vocations pour un métier qui peine à recruter. De mon côté, ce métier a changé ma vie...en bien !
 

Voir la bande-annonce

Cliquez ici pour voir la bande-annonce du film "Placés" en salle le 12 janvier.