Protection de l'enfance

Cyndi, Basile et Espérance, un trio gagnant

À 4, 8 et 10 ans, Cyndi, Basile et Espérance arrivent en urgence dans une Maison d’enfants d’Apprentis d’Auteuil. Leur maman est réfugiée, sans-papiers, sans emploi et sans logement. Histoire d’une renaissance.

Octobre 2012. Ils arrivent tous les trois, cette année-là, en même temps. D’un autre continent, avec leur maman. L’aînée, Cyndi, a 10 ans, le second, Basile, 8 ans, la dernière, Espérance, 4 ans. Pour pouvoir changer de vie, ils ont pris des risques énormes, avec un passeur. La seule issue pour envisager un futur digne de ce nom. À leur arrivée sur le territoire français, les services sociaux du département appellent la Maison d’enfants en urgence. De leur passé, on ne saura rien. La maman est sans papiers et sans logement. Et elle ne connaît pas le français.  "D’emblée, l’accueil de ces trois enfants, différent des placements habituels, nous a obligés à faire autrement, souligne la responsable du foyer. En équipe éducative, nous avons mis en place tout un travail à la fois de mise en confiance et de réassurance. Et pour atténuer la souffrance de la séparation de cette famille, nous avons invité la maman à venir le plus souvent possible dans l’établissement." Les premiers mois, la mère de famille, sans-papiers ni emploi et hébergée en centre d’hébergement et de réinsertion sociale (CHRS), est présente à presque tous les repas sur le groupe de vie. Les enfants reprennent des forces, notamment la dernière encore très jeune et un peu plus en difficulté scolaire, s’intègrent à l’école, apprennent le français et obtiennent des premiers résultats très encourageants. La maman, reconnaissante, participe à tous les événements proposés par la Maison d’enfants. Elle est par ailleurs accompagnée par les services de l’Aide sociale à l’enfance qui l’aident à avancer dans la régularisation de sa situation administrative. Une vie nouvelle se met en place, les craintes et les douleurs s’amenuisent. À tel point que quatre mois plus tard, ayant obtenu un titre de séjour et un logement, la maman récupère ses enfants.

Dix-huit mois plus tard, pourtant, les trois enfants sont à nouveau confiés à l’établissement. Le droit d’asile de la mère de famille toujours pas obtenu et son titre de séjour non renouvelé, elle est à nouveau confrontée à des problèmes de logement. "Nous avons ré-accueilli la fratrie, raconte la directrice. Il se trouve qu’au moment de cette nouvelle demande, il y avait justement de la place dans l’établissement." Un nouveau processus d’accompagnement s’enclenche, toujours empreint de signes très positifs. Les enfants, de plus en plus brillants scolairement, s’épanouissent dans le sport et retrouvent leur maman une fois par mois, le temps d’un week-end, dans un appartement de la Maison d’enfants. Tous font l’admiration de l’équipe éducative. "C’est une mère aimante, dotée d’une énergie et d’un sens du service incroyables, souligne encore la directrice. Ses enfants vont bien. Ils sont intelligents, curieux et très attachants. Elle vient à nouveau d’obtenir un titre de séjour. Et du coup du travail et un (petit) logement. Nous allons expliquer cela au juge, et tout faire pour qu’elle puisse rapidement aménager dans un lieu de vie plus spacieux, lui permettant d’accueillir à nouveau ses enfants !"