Plaidoyer

Proposition #2 : plus de crèches dans les quartiers défavorisés

Pour mieux accompagner les parents et les soutenir dans leur quotidien, Apprentis d’Auteuil propose, dans son livre blanc, de développer des crèches dans les quartiers défavorisés, en y intégrant un espace dédié aux familles. Explications.

Si la France a la chance de disposer d'un nombre de crèches important et en croissance, celles-ci restent peu ouvertes aux enfants des familles dites pauvres : parmi les 20% d’enfants les plus défavorisés, seuls 8% bénéficient d’une place en crèche (1), soit 20 000  enfants vivant sous le seuil de pauvreté.  Il manque 30 000 places pour que la part d’enfants pauvres accueillis en crèche soit la même que dans la population française. L’État l’a bien compris et tente depuis longtemps d’augmenter le taux d’enfants défavorisés dans les structures d’accueil collectives : le plan pluriannuel de lutte contre la pauvreté a fixé pour la fin du quinquennat un objectif de 10% d’enfants issus de milieux défavorisés dans les crèches.  Malgré la progression de l’offre d’accueil, ce mode de garde reste le moins accessible. L'offre de places est de plus très inégalement répartie sur le territoire (de un à trois selon les départements). Elle passe par exemple de 30% pour la Seine-Saint-Denis à 85,6% pour la Haute-Loire. A l'intérieur d'une même région, les départements les plus pauvres sont souvent les moins bien dotés. De même, entre les différentes communes, l'avantage va aux plus riches. (2) 

Un impératif pour pouvoir se former ou travailler

Pour obtenir une  place en crèche, il faut par ailleurs souvent avoir un emploi et trop d’établissements avantagent les familles dont les deux parents travaillent. Or, un parent qui cherche du travail a tout autant besoin d’une place en crèche ! Ce qui exclut de nombreuses familles qui pourraient disposer de temps libre en ayant leurs enfants gardés en collectivité pour initier une démarche d’insertion ou de réinsertion sociale et professionnelle… Autre écueil, les horaires d’ouverture des crèches, encore mal adaptés aux personnes exerçant plusieurs emplois ou travaillant à des horaires atypiques. De nombreuses familles précaires font ainsi le choix de garder leur enfant à la maison, souvent parce que l’arbitrage financier entre le salaire de la mère (dans la majorité des cas ouvrière ou employée) et le coût de la garde ne joue pas en faveur d’une poursuite de l’activité.  L’ensemble de ces constats fait écho à une nouvelle mission qui se dessine dans les modes d’accueil du jeune enfant : contribuer à réduire les inégalités qui se creusent très tôt, en prenant en charge les enfants des familles les plus démunies, qu’elles soient en activité ou pas…

Des crèches intégrant un espace familles

Parmi les 20 mesures mises en avant dans « Prendre le parti des jeunes », son manifeste, Apprentis d’Auteuil propose ainsi de « développer des crèches dans les quartiers défavorisés, en y intégrant un espace dédié aux familles. »   «Il est nécessaire de penser ces crèches comme des lieux où la mixité sociale se vit naturellement autour de l’enfant, permettant aux petits et grands de vivre ensemble. Un accompagnement des parents qui entreprennent un parcours d’insertion ou de formation peut être également proposé, ainsi que des temps de rencontres et de partage autour de la parentalité.» Côté parents, fréquenter ces lieux, c’est pouvoir, s’ils le désirent, profiter des compétences des autres parents ou les rencontrer lors de cafés organisés ou de temps de rencontre autour de la santé ou de l’éducation. C’est aussi se conseiller, se lier d’amitié ou vivre aussi, pourquoi pas, des temps forts ensemble, en dehors du quotidien, lors de sorties organisées. 

Une proposition née d’expériences à Apprentis d’Auteuil

- À La maison de Nany (13), dans les quartiers Nord de Marseille, des séjours avec les familles sont organisés chaque année avec le financement de l'ANCV (Association nationale des chèques de vacances); de nombreux spectacles et temps festifs où chacun contribue rythment les fêtes et temps forts de l'année; et les 12 et 13 mai prochains, des familles de la crèche, associées à la démarche Penser et agir ensemble, se rendront  au Mans, au forum organisé par Apprentis d'Auteuil sur ce thème, un moment de partage entre jeunes, familles et professionnels. - À Perpignan (66), la crèche Les Petits anges et  la halte-garderie des Petits princes, qui accueillent en complémentarité des familles dans une vraie mixité sociale, développent de nombreux projets pour associer les parents à la vie des crèches, comme à la vie de la ville - café des parents, café santé, visites de musées, spectacles pour enfant,etc.  - Le multiaccueil Le Phare à Toulouse (31) propose vingt places en journée continue et en demi-journée. Cela permet d'accueillir de nombreux enfants selon des modalités adaptées aux besoins de chaque famille. La structure a développé par ailleurs des propositions autour du livre et de la lecture ou encore un projet intergénérationnel avec une maison de retraite. - Le multiaccueil des Premiers pas à Nantes (44), qui a ouvert à l’été 2016, est déjà dans une dynamique très engagée autour de l'insertion mais aussi de la parentalité, avec des parents déjà impliqués dans la vie de la crèche...  (1) Cnaf, baromètre de l’accueil du jeune enfant, novembre 2013
(2) Rapport du think tank de Terra Nova, janvier 2014, « la lutte contre les inégalités commence dans les crèches »