Témoignages

Madeleine : « Handicapés ou pas, nous pouvons faire des choses ensemble. »

Ancienne du lycée Sainte-Thérèse à Paris, Madeleine travaille comme serveuse au restaurant La Belle Étincelle. En cette Semaine européenne pour l’emploi des personnes handicapées, elle partage quelques instants de sa vie. Avec l’envie d’ouvrir nos regards vers les plus fragiles.

« Quoi dire aux gens pendant cette Semaine européenne pour l’emploi des personnes handicapées ? Tout simplement que les personnes qui comme moi ont un handicap, ne sont pas méchantes. Il faut seulement nous donner le temps d’apprendre à nous connaître. Handicapés ou pas, nous pouvons faire des choses ensemble. En nous acceptant tels que nous sommes. » 

Avec ses mots, Madeleine, 23 ans, résume parfaitement l’objectif de la Semaine : informer et sensibiliser sur l’accès à l’emploi et le travail des personnes handicapées. De son handicap, la jeune femme ne veut rien dire juste confier que, parfois, il ne lui permet pas de suivre le rythme. « Mais j’ai toujours essayé de faire de mon mieux à l’école comme au travail. » souligne-t-elle. 

Un beau bout de chemin avec les profs

L’école en l’occurence le lycée Sainte-Thérèse et l’Unité localisée pour l’inclusion scolaire (ULIS), Madeleine l’a fréquentée quatre ans. « Je ne me souviens plus quand et comment j’y suis entrée. Avant dans un ÉSAT (Établissement et service d’aide par le travail, ndlr) en Normandie, j’avais loupé mon CAP cuisine. Mes parents me manquaient. Je leur ai demandé de me trouver un autre établissement à Paris pour me rapprocher d’eux. Durant un stage d’observation à ULIS, je me suis fait pas mal d’amis. Même si j’étais un peu timide et perdue, ça m’a beaucoup plu. » La suite ? Madeleine en parlerait des heures tant elle a aimé les cours d’enseignement général (français, mathématiques, anglais, informatique… ), le sport (badminton, piscine, endurance), le jardinage et, plus que tout, les stages en entreprise. « Les professeurs nous en proposaient plein pour explorer tous les domaines et trouver celui qui nous plairait. Ils nous apprenaient aussi à faire un cv, à écrire une lettre de motivation ou de remerciements après un stage. Jamais je n’oublierai leur bienveillance. Ils ont toujours fait attention à moi. Ils ont toujours écouté ce que j’avais à dire, ce que je ressentais. Moi qui étais encore un peu dans le monde insouciant de l’enfance et de l’adolescence, ils m’ont fait découvrir le monde du travail. » 

En équipe au restaurant

Après deux autres années d’apprentissages et de stages au Groupe scolaire Saint-Vincent-de-Paul, Madeleine présente sa candidature comme serveuse au restaurant La Belle Étincelle à Paris. « Grâce à une personne de l’association Acces (une association d’accompagnement personnalisé des jeunes en situation de handicap, ndlr), indique-t-elle. Mon entretien d’embauche avec le patron et un de mes encadrants s’est très bien passé. Mais le confinement est arrivé. Les deux semaines de formation que je devais suivre ont été reportées fin août. Là, j’ai donné tout mon savoir-faire du métier : bien recevoir les gens et leur sourire pour qu’ils soient contents. Le patron et mes encadrants m’ont gardée. » Dans ce restaurant de cuisine traditionnelle qui emploie majoritairement des personnes en situation de handicap, Madeleine retrouve, avec grand plaisir, trois autres équipiers et deux encadrants. « Les clients sont parfois un peu exigeants. Mais ils sont satisfaits de mon travail et de l’ambiance que l’on met. Ils me font des compliments. Je sens qu’ils me veulent du bien. » 

Tout irait donc pour le mieux pour Madeleine… à ceci près que, depuis le re-confinement, elle est en chômage partiel. « Je dois apprendre à accepter des situations comme celle-ci. Et à vivre au jour le jour car je ne sais pas quand le restaurant va rouvrir. Je ne peux pas me projeter. » Et rêver ? « J’ai des rêves, oui, comme toutes les filles de mon âge mais je préfère ne pas les partager de peur qu’ils ne se réalisent pas. » Dans son foyer de L’Arche, Madeleine écrit encore et toujours. « Écrire est une passion qui m’aide à me détendre quand je ne vais pas bien. Et me permet de m’évader dans un monde, entre imaginaire et réalité. J’aime bien prolonger les histoires que je lis dans les livres ou les films et les séries que je regarde sur mon ordinateur. Je viens d’en commencer une inspirée d’une série des années 70 : Quentin Durward. En l’an 1468, Quentin Durward, un jeune archer, fuit l’Écosse et gagne la France du roi Louis XI auprès de qui Isabelle de Croye, une jeune et jolie comtesse bourguignonne, a trouvé refuge. J’écris une belle histoire d’amour. »