Nicolas Raveneau, un bâtisseur d'Europe au service des jeunes

« À mon échelle, je construis des passerelles entre la France et le reste de l’Europe pour permettre aux jeunes de s’ouvrir à ces pays, de sortir de leur quotidien et d’aller vers l’autre.  Je suis une sorte de bâtisseur d’Europe ! confie Nicolas Raveneau, 52 ans, coordinateur national des stages Erasmus+ à Apprentis d’Auteuil. 
Au sein de la direction Internationale d’Apprentis d’Auteuil, Nicolas Raveneau est également référent des actions éducatives de solidarité internationale (AESI) pour les établissements Notre-Dame, situés au château des Vaux, près de Chartres, où il a son bureau. 

Une double casquette qui le conduit à décrocher des stages en entreprise, en Europe, d’une durée moyenne de trois semaines avec des hébergements collectifs ou en famille d’accueil pour 200 à 300 jeunes par an, qu’ils soient en formation professionnelle par voie scolaire ou par apprentissage. Il travaille en collaboration avec des centres européens de formation et des agences spécialisées. Il œuvre également dans le cadre des AESI en Afrique ou en Asie pour les jeunes et adultes des établissements Notre-Dame, puis dresse le bilan de tous ces séjours européens et internationaux. 
Ce gros travail, qui suppose un savant mélange de coordination, de contacts, de réseau, d’esprit de synthèse, est effectué en lien avec une équipe solide. « Je travaille avec une quinzaine de pilotes des stages Erasmus⁺, issus des différents établissements professionnels de la fondation. Nous nous faisons mutuellement confiance. Je les réunis une fois par an pour échanger sur les pratiques. Je suis là pour les aider à ce que tout se passe bien. Je donne le cadre et veille à ce qu’il soit respecté afin que les projets se déroulent au mieux », analyse Nicolas. 

Des stages en Europe pour gagner en autonomie 

Pour l’année scolaire 2023-2024, Nicolas coordonne les stages européens des jeunes dans six pays : Pologne, à Cracovie, dans les métiers du cheval et du paysage ; Italie, à Brescia, dans ceux du paysage, de l’horticulture et du service à la personne ; en Hongrie, à Budapest, pour les métiers de bouche. D’autres séjours ont eu lieu à Malte, en République Tchèque et en Espagne. « En 2025, je projette des stages en Allemagne en Irlande et en Albanie », précise Nicolas qu’aucun frein n’arrête, pas même celui de la barrière de la langue. Pour communiquer avec ses homologues, il utilise notamment la langue de Shakespeare. « Je parle un anglais décomplexé ! Je ne possède pas un bon accent, mais j’arrive à me faire comprendre et à échanger avec tous nos partenaires ». 
Face aux jeunes, qui peuvent être stressés par la barrière de la langue et craindre de ne pas pouvoir y arriver, Nicolas se montre confiant : « J’aborde ce point dans leur préparation au départ en stage Erasmus. Je les rassure. Ils sont toujours accompagnés par un enseignant durant leur séjour et se débrouillent très bien. Ils utilisent parfois sur leur smartphone des applications de traduction simultanée en anglais ou dans la langue du pays d’accueil, et utilisent aussi les gestes. Tous reviennent ravis de leurs stages qui leur offrent un formidable tremplin vers une meilleure insertion professionnelle. Ils gagnent aussi en maturité, en autonomie et en confiance en eux », s’enthousiasme-t-il. 

Toujours sur le pont

Jamais inactif, toujours volontaire, passionné et travailleur, ce quinquagénaire originaire de Saumur a acquis au fil du temps la réputation d’être très réactif. « Mon fils de douze ans parvient à me faire un peu lever le pied de mon travail à la fondation. » reconnaît-il. Une fondation qu’il connaît parfaitement puisqu’il a débuté aux établissements Notre-Dame à l’âge de 25 ans comme professeur d’histoire et de français. « Il y a deux ans, j’ai reçu la médaille du père Brottier qui récompense vingt-cinq années d’ancienneté », précise-t-il avec fierté. 

Au fil des ans, Nicolas Raveneau a progressivement abandonné l’enseignement pour se tourner vers la coordination de projets internationaux, en restant au contact des jeunes. « Je vais à leur rencontre, dans toute la France, notamment au cours de la préparation au départ des stages Erasmus. Je travaille avec eux sur leurs compétences. Ça me plaît énormément. Je suis parti récemment dans les lycées professionnels Val-de-Drôme (Montéléger, 26) et Jean-Marie Vianney (Côte Saint André, 38) où j’ai retrouvé les jeunes pour dresser avec eux le bilan de leurs stages. C’est important de garder le lien avec les jeunes, car ce sont eux qui me rappellent pourquoi je travaille au quotidien sur ces projets européens. »

Jeunes courageux, volontaires et solidaires

Son premier projet international de solidarité avec une douzaine de jeunes demeure son meilleur souvenir. « En 2006, les jeunes ont rénové le jardin de l'association Al Karam, un partenaire historique d’Apprentis d’Auteuil au Maroc, qui œuvre pour la protection de l'enfance en situation précaire à Safi et à Marrakech. Je suis toujours en contact avec un des jeunes, dont j’ai été le professeur et qui a participé à ce projet, Ludovic Fouasnon, dont le parcours est exceptionnel puisqu’il est aujourd’hui responsable des espaces verts au champ de Mars à Paris, » confie-t-il. 

Par la suite, Nicolas a mis en place d’autres projets internationaux à raison d’un par an, au Sénégal pour rénover une maison de quartier, à Madagascar, au Cameroun, au Liban, au Cambodge, en Moldavie... Les jeunes reviennent toujours ravis de leur séjour, souvent bouleversés. Une des dernières AESI en date, en avril-mai 2024, concerne une douzaine de jeunes partis en Tanzanie au Centre Dogodogo, partenaire d’Apprentis d’Auteuil depuis 2020, qui accueille les enfants en situation de rue et très vulnérables. « Ils aiment tisser des liens avec des jeunes locaux. Ils sont fiers de donner de leur temps, souvent l’été, et de prouver qu’ils sont courageux, motivés et capables de solidarité. Pour les jeunes, les séjours offrent une vraie rencontre interculturelle. Ils en reviennent transformés dans le bon sens du terme », conclut Nicolas.